D’un M qui veut dire Marvin

Publié le 6 juin 2011 - Bruno Colombari

Une heure pour rien, une boulette et un dernier quart d’heure en feu, les coiffeurs de Laurent Blanc se sont bien amusés à Donetsk contre l’Ukraine (4-1). De quoi pimenter le tout dernier match de la saison jeudi à Varsovie.

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Après chaque match de l’équipe de France, et avant de publier les tableaux de bord, une petite liste des enseignements à en tirer, en cinq questions.

Le résultat était-il prévisible ?

Contre l’Ukraine, généralement ce n’est pas carnaval, même si les descendants de Blokhine n’ont jamais battu les Bleus. De là à imaginer un petit carton comme on n’en avait pas vu depuis des lustres, il y a un pas. Même s’il faut relativiser le résultat d’un match amical contre une équipe (et un public) très moyennement concerné par l’enjeu, un 4-1 chez le pays organisateur un an avant l’Euro est toujours bon à prendre.

L’équipe est-elle en progrès ?

Il faudrait d’abord savoir de quelle équipe on parle, et de quelle partie du match. Avec dix nouveaux joueurs au coup d’envoi plus Sakho, toute comparaison avec les matches précédents devient forcément hasardeuse. En tout cas, jusqu’à l’heure de jeu, les Bleus n’ont pas fait grand chose de bon, excepté un premier quart d’heure intéressant. Très vite, les travers du match contre la Biélorussie sont revenus, avec une circulation du ballon très basse, une prise de risque minimale et trop peu de vitesse dans le jeu. Résultat, deux tirs en une mi-temps, dont un seul cadré. L’égalisation rapide de Gameiro a sonné le rappel, même si c’est après le deuxième triple changement (Martin, Abidal et Diaby) à tout juste un quart d’heure de la fin que les Ukrainiens ont bu la tasse. Ribéry et Benzema ont allumé les premières mèches, avant que Martin ne fasse sauter la banque avec un culot phénoménal.

Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?

Finalement, le Pologne-France de jeudi soir aura au moins un intérêt, au-delà de la probable première sélection de Carrasso : celui de revoir, si possible sur 90 minutes, l’étonnant Marvin Martin. Avec ses initiales doubles et ses allitérations à la Zinédine Zidane, le Sochalien a fait des débuts en bleu aussi fracassants que son aîné (en août 1994 contre la République tchèque). Mieux même, puisque à son doublé il a ajouté une passe décisive (corner repris de la tête par Kaboul) et une activité incessante dans l’entrejeu. Vu son gabarit, ce n’est pas à Zidane qu’il fait penser mais plutôt à Giresse. En tout cas, à la place de Nasri, on mettrait les bouchées doubles à l’entraînement.

Titularisé d’entrée, Kevin Gameiro n’a pas eu beaucoup d’occasions de briller, mais sur la première il récupère un ballon dévié en corner par le gardien ukrainien (45e) et sur la deuxième il égalise d’un extérieur du droit précis. Bons débuts donc, on aimerait maintenant le voir aux côtés de Benzema.

Un peu plus bas, Jérémy Ménez a beaucoup tenté et permuté avec Loïc Rémy. Après des débuts hésitants, il commence à prendre sa place dans le groupe, et pourrait postuler plus fréquemment dans un rôle de milieu droit.

Titularisé à la place d’Adil Rami, Younès Kaboul a fait un match correct derrière, même s’il n’a pas pu s’appuyer sur un Sakho en perdition, et même s’il n’a pris guère d’initiatives dans la relance. Auteur d’un but sur un très beau coup de tête en fin de match, lui aussi peut prétendre à une place de remplaçant derrière le duo Rami-Mexès.

Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?

Steve Mandanda n’a pas beaucoup d’occasions de se montrer chez les Bleus depuis la prise de pouvoir de Hugo Lloris. Raison de plus pour ne pas passer au travers. C’est raté : le but de Timoshchuk est pour lui, et risque de lui coller aux doigts pendant un moment. Décidément, l’Ukraine est maudite pour les gardiens remplaçants : en 2007, Sébastien Frey avait connu pareille mésaventure sur un ballon en cloche de Chevchenko à Kiev. Il l’avait payée très cher.

Qu’est-ce qui arrive à Mamadou Sakho ? Le Parisien avait été médiocre contre la Biélorussie, il a été mauvais à Donetsk. Brouillon derrière, complètement tétanisé au moment de faire une passe, incapable de faire remonter sa défense alors que les Ukrainiens ne pressaient pas : une fois Koscielny revenu de blessure, et compte tenu des bons débuts de Kaboul, il n’est pas certain de rester dans le groupe à l’automne. Celui qu’on présentait comme un futur très grand va-t-il faire une carrière à la Christanval ?

Déjà pas brillant contre le Luxembourg en mars, Patrice Evra n’a encore rien montré face à un adversaire pourtant pas particulièrement pressant. Souvent pris de vitesse, perdant beaucoup de ballons dans la relance et inexistant en attaque, le Mancunien a perdu du terrain face à Abidal, qui a fait une rentrée très propre dans un rôle axial qui n’est pourtant plus le sien.

Quelles sont les attentes pour la prochaine rencontre ?

Sur la lancée de l’étonnant dernier quart d’heure de Donetsk, les Bleus vont devoir montrer à Varsovie qu’ils sont capables d’emballer un match rapidement. En combinant, pourquoi pas, les quatre meilleurs joueurs offensifs contre l’Ukraine (Martin dans l’axe, Ménez à droite, Ribéry à gauche, Benzema dans l’axe) et en associant Kaboul et Rami en défense centrale, il y a moyen de rendre le dernier match de la saison intéressant à voir. On pourrait même imaginer, soyons fous, une équipe en 4-4-2 avec Gameiro et Benzema associés en attaque, Ménez et Ribéry sur les côtés et Martin en relayeur axial. Attention toutefois, la Pologne sera probablement un adversaire plus coriace que l’Ukraine.

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