Dataviz Hidalgo : part des joueurs qu’il a lancés dans ses compositions

Publié le 4 juillet 2022 - Bruno Colombari

Analyser les compositions d’équipes d’un sélectionneur en fonction de celui qui a lancé les titulaires : voilà l’objet de cette nouvelle dataviz. On commence par Michel Hidalgo, et les influences respectives de Stefan Kovacs, Georges Boulogne et Louis Dugauguez.

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Dans l’absolu, on pourrait imaginer qu’un nouveau sélectionneur compose ses premières équipes avec une très large majorité de joueurs ayant débuté avec l’un de ses prédécesseurs, voire plusieurs d’entre eux (surtout s’ils ne sont pas restés longtemps en poste). Et que, plus le temps passe, plus le sélectionneur personnalise son équipe avec les joueurs qu’il a lui même lancés. On peut aussi miser sur le fait que plus les années passent, plus ces derniers sont nombreux dans les compositions de départ, jusqu’à évincer complètement les joueurs qui ont débuté avec d’autres sélectionneurs. C’est ce que cette série de dataviz, qui commence par Michel Hidalgo, va essayer de démontrer.

Tout d’abord, une précision : les visualisations de points ci-dessous ne représentent que les onze titulaires de chaque match. Les remplaçants ne sont pas pris en compte, car leur nombre est variable et leur importance, en temps de jeu, moindre évidemment que ceux qui débutent et qui représentent, a priori, la meilleure équipe possible (hormis quelques exceptions lors de matchs amicaux).

Michel Hidalgo a dirigé 75 fois l’équipe de France entre mars 1976 et juin 1984. S’il a fait jouer 89 joueurs différents (dont 64 nouveaux), 85 d’entre eux ont été au moins une fois titulaires. Les quatre cas particuliers sont Farès Bousdira (une sélection en avril 1976), François Brisson (une en novembre 1982), Philippe Vercruysse (une en mai 1983) et Daniel Xuereb (deux en février 1981 et novembre 1983).

Ces 85 joueurs ont été lancés par quatre sélectionneurs différents : Michel Hidalgo lui-même, évidemment (60), Stefan Kovacs, qui l’a précédé de 1973 à 1975 (19), Georges Boulogne (1969-1973, 5 joueurs) et Louis Dugauguez (1967-1969, un seul).

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Si on regarde maintenant le poids, en nombre de titularisations, de chaque sélectionneur, la répartition bouge à l’avantage de Kovacs : sa part passe de 22 à 28%, alors que celle d’Hidalgo baisse en proportion, de 70 à 64%. Et c’est normal, car les Bleus qui ont débuté avec Kovacs ont eu de l’importance dans l’ère Hidalgo. Les plus utilisés sont ansi Gérard Janvion (38 fois), Bernard Lacombe (33), Christian Lopez (32), Alain Giresse (30) et Dominique Rocheteau (28). Autant dire des cadres qui ont accompagné l’équipe sur les huit années pour Lacombe et Rocheteau, lors des trois dernières pour Giresse et durant les six premières pour Janvion et Lopez. Si Bernard Lacombe termine sa carrière internationale en finale de l’Euro 1984, en même temps que Michel Hidalgo, Alain Giresse la prolongera de deux ans, jusqu’en juin 1986.

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En revanche, et c’est logique, Hidalgo s’est vite émancipé de Georges Boulogne, pourtant sélectionneur jusqu’en 1973. C’est Marius Trésor qu’il a le plus souvent titularisé (39 fois), alors que Dominique Baratelli (8), Raymond Domenech (4), Jean-Michel Larqué (3) et Jean-Pierre Adams (1) n’ont fait que passer. Marius Trésor est d’ailleurs le tout dernier joueur de Boulogne aligné en sélection, en novembre 1983.

Quant à la trace de Louis Dugauguez, elle se résume à un seul joueur, Henri Michel. Le capitaine du FC Nantes a été titularisé onze fois par Michel Hidalgo, qui en fera son successeur. Il quittera les Bleus en tant que joueur en octobre 1980 à Chypre.

Voyons maintenant la dataviz de ses 75 compositions d’équipes. Au survol de chaque point, vous pouvez voir le nom du joueur, quel sélectionneur l’a lancé, ainsi que la date et le score du match.

Ce qui est frappant, c’est que Michel Hidalgo, dès le début, a toujours placé au moins trois joueurs qu’il a lancés dans ses titulaires. Et même beaucoup plus, puisqu’ils étaient cinq contre la Tchécoslovaquie et la Pologne au printemps 1976 et encore quatre en Hongrie. En septembre 1976, ils étaient trois (Maxime Bossis, Michel Platini et Didier Six) au Danemark et en Bulgarie, pour le premier match de compétition.

Il ne lui a fallu que sept matchs pour qu’il aligne une majorité de titulaires à lui. C’était en février 1977 contre la RFA au Parc des Princes : Patrice Rio, Michel Platini et Olivier Rouyer accompagnaient les trois débutants André Rey, Patrick Battiston et Loïc Amisse. Un pari risqué mais gagnant, puisque les champions du monde s’inclinent (1-0). Lors des 54 matchs suivants, il a eu quasiment toujours la majorité de titulaires, sauf à quatre reprises : contre la Belgique en avril 1981 (Dropsy, Bossis, Tigana, Genghini et Six), les Pays-Bas en novembre 1981 (Castaneda, Bossis, Genghini, Platini et Six), Chypre en décembre 1981 (Castaneda, Bossis, Genghini, Tigana et Six) et l’Italie en février 1982 (Amoros, Tigana, Platini et Six). Son 45e match est donc le dernier, sur 75, où il aligne moins de la moitié de ses joueurs.

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Il atteint les 10 sur 11 en novembre 1982 contre les Pays-Bas, mais Trésor (lancé par Boulogne) est le seul élément extérieur, comme Giresse (Portugal et URSS début 1983), Rocheteau (Yougoslavie et Danemark 1983) et Soler (Belgique 1983). En 1984, il aura à nouveau deux compositions à 10 joueurs à lui, contre l’Angleterre en février (plus Giresse) et l’Allemagne en avril (plus Rocheteau). Mais à l’Euro, avec Lacombe (ou Rocheteau contre la Yougoslavie) et Giresse, il finit avec 9 titulaires à lui.

Autrement dit, il n’a jamais aligné onze titulaires qu’il a lancés. On le verra par la suite, il est loin d’être le seul dans ce cas.

pour finir...

Merci à Gilles Colombari pour l’adaptation de la base de données.

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