Irrésistibles Français : « quand on hurle à 5000 dans le virage, ça s’entend sacrément bien ! »

Publié le 16 avril 2019 - Bruno Colombari

Nés sous le bon augure d’un triple 10 (le 10 octobre 2010), les Irrésistibles Français animent un virage à chaque match des Bleus et ne manquent aucun déplacement. Comment ont-ils fait du Stade de France un vrai stade de foot ? Hervé Mougin (président) et Fabien Bonnel (responsable de la communication) racontent.

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Quel est le premier match des Bleus que vous avez vu au stade, et quel âge aviez-vous ?
FABIEN BONNEL : J’ai pu approcher pour la première fois l’équipe de France au stade en 2001, pour France-Japon, au Stade de France. J’avais 17 ans. Auparavant je ne loupais pas un match à la télé mais je n’avais jamais fait la démarche de me rendre au stade.

Deux choses m’ont marqué ce soir-là. D’abord la grandeur du Stade de France. J’étais en tribune Sud et la tribune Nord me paraissait être loin à l’horizon, les personnes présentes en face étaient minuscules. Je repense souvent à cette première impression quand j’entre au Stade de France.


 

« Bernard Genghini a créé ma première émotion en Bleu dans un stade »

Ensuite, le manque d’ambiance. Je savais qu’un club de supporters existait, le Club des Supporters de l’équipe de France, géré par Havas et sponsorisé par Carrefour, mais je n’en ai perçu aucun son et aucune ambiance. Ce constat a marqué mes premiers matchs des Bleus à Saint Denis avant que je n’entre en contact avec les responsables du Club des Supporters pour les prémices de ce qu’il se passe aujourd’hui.

HERVÉ MOUGIN : Quant à moi c’était un France-RFA à Strasbourg en avril 1984, j’avais 10 ans. Mon club de foot, près de Montbéliard dans le Doubs, avait organisé un car pour aller voir cette première confrontation entre ces deux équipes depuis la demi-finale cruelle de Séville 1982. Il y avait encore Harald Schumacher dans les buts allemands. Pour moi, le stade était immense et je me rappelle surtout du but de Bernard Genghini dans le dernier quart d’heure qui nous a tous fait hurler de joie. J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’en parler avec lui il y a peu pour lui exprimer qu’il avait créé ma première émotion en Bleu dans un stade.


 

Qu’est-ce qui a changé depuis 2010 dans la relation entre les supporters et l’équipe de France ?
HERVÉ MOUGIN : 2010, c’est une année charnière pour l’équipe de France et ses supporters, autant sur le terrain, dans les tribunes et dans l’image populaire. Il y a eu deux événements importants. Il y en a tout d’abord un majeur, bien connu : le triste épisode de Knysna dans une Coupe du monde en Afrique du Sud à oublier. Nous y étions et c’est une de mes pires expériences en Bleu, entre incompréhension, sidération et honte. Cela a créé un déchirement entre les Bleus et beaucoup de leurs supporters. Des sommets de 1998-2000, entretenus par les espoirs de 2006, nous étions retombés plus bas que terre et même dans un climat de défiance et de honte nationale.

« En 2010, on était si peu nombreux qu’on connaissait les prénoms de tous ceux qu’on croisait à l’extérieur »

Et puis il y a eu un événement moins médiatique forcément mais porteur d’espoir, le 10/10/10, la création de l’association « Irrésistibles Français ». Dans ce moment où on était si peu de supporters que l’on connaissait les prénoms de tous ceux que l’on croisait en matches à l’extérieur, c’était un vrai défi de vouloir non seulement relever l’organisation de la tribune française mais surtout de vouloir en faire un poumon du stade, un support actif et audible pour nos joueurs, un véritable Kop qui n’avait jamais existé dans l’histoire de la sélection.

Et c’est ce qui a été fait, non sans difficultés, surtout au début où l’on nous a perçu comme des agitateurs qui voulaient amener une culture Ultra au sein d’un stade qui était devenu la deuxième basilique de Saint-Denis. Mais nous avons bénéficié d’un contexte favorable à la FFF quand Noël Le Graët a pris la présidence et a chargé enfin une personne de la relation supporters qui justement avait cette culture et la même volonté de faire évoluer la tribune bleue.

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Crédit photo : Irrésistibles Français

« Le contexte favorable, c’est l’avènement de Deschamps, très pro-supporters, et l’éclosion d’une génération de jeunes talents »

C’est ainsi qu’en septembre 2012 nous avons pour la première fois obtenu le droit de rester debout dans un secteur dédié et de déployer des drapeaux et étendards. Ensuite nous avons eu une sono, un perchoir, la possibilité de faire des animations, des tifos... Et pour voir ce qui a changé, comparez les ambiances entre les deux époques !

Et puis, nous avons aussi un énorme autre contexte favorable, c’est la combinaison de l’avènement de Didier Deschamps, très pro-supporters, à la tête des Bleus et de l’éclosion d’une génération de jeunes talents qui a enchaîné des performances de haut niveau jusqu’à un titre mondial historique. Forcément, cela aide grandement à l’image et à l’engouement autour des Bleus.

De par sa taille et sa forme avec des virages éloignés des cages, le Stade de France est-il facile à animer ?
FABIEN BONNEL : Le Stade de France n’est pas un stade pensé pour le football et encore moins pour l’ambiance. Avant que notre association prenne la dimension qu’elle a aujourd’hui et se soucie de la coordination de milliers de supporters, j’ai d’abord été confronté au problème d’acoustique du stade lors de finales de Coupe. Les supporters présents, coordonnés avec de simples mégaphones ne couvrant pas beaucoup de rangs, se retrouvaient rapidement noyés dans un canon cacophonique qui faisait d’une belle ferveur un gros brouhaha.

Pour le reste de sa structure, le Stade de France a deux défauts pour l’ambiance. Le premier, que tu as identifié, c’est sa piste d’athlétisme et l’autre c’est son toit très haut avec ses prises d’air juste en dessous. Tout ça ne permet pas d’en faire une grosse caisse de résonance.

« J’ai eu un pincement au cœur à l’idée de lâcher le mégaphone et son aspect authentique »

Malgré ce constat peu reluisant, on s’y est accoutumé et on a un réel plaisir à y aller maintenant. Lorsqu’on a commencé à se compter en centaines de supporters avec les IF, la FFF nous a proposé de nous aider en nous mettant à disposition une sono. J’ai eu un pincement au cœur à l’idée de lâcher le mégaphone et son aspect authentique mais force est de constater que la synchronisation permise par une sono est parfaite sur un virage et a levé pas mal de la problématique du large.


 

Et depuis que l’ambiance prend forme, les vidéos qu’on peut en voir prises partout dans le stade et les retours des joueurs et du staff nous font dire que si la résonance n’est pas parfaite, quand on hurle à 5000 dans le virage ça s’entend sacrément bien quand même.

Entre les ultras en club et le public qui ne se déplace que pour voir les Bleus à domicile, où vous situez-vous et comment faites-vous le lien ?
FABIEN BONNEL : On se situe partout, sur le créneau très large du terme Supporter. Quand j’ai commencé à m’investir en 2002 pour le Club des Supporters, déjà une année noire pour l’équipe de France avec le fiasco en Asie, j’avais la volonté d’y apporter un modèle ultra que je suivais en club. Mais les rencontres de tous types de supporters, des plus familiaux aux plus fanatiques, qui sont vite devenus des amis avec qui on aimait se rassembler, ont rapidement modifié cette idée de base. On a voulu faire s’amuser tout le monde. En plus, vu le faible nombre qu’on a été pendant près de 10 ans, on ne pouvait pas se permettre de mettre de côté une catégorie de supporter.

« On voulait que les Ultras qui nous rejoignaient mettent leurs rivalités de côté »

En 2010, lorsque l’association Irrésistibles Français a vu officiellement le jour, nous avons exclusivement communiqué sur notre activité en tribune. On ne montrait que des photos et des vidéos de l’ambiance afin de n’attirer que des personnes voulant entrer dans ce mouvement. On a utilisé le fanatisme de nos adhérents issus du mouvement ultra dans le but d’assurer l’ambiance pendant 90 minutes et on l’a adapté aux supporters de tous types.

Enfin, on voulait que les ultras qui nous rejoignaient mettent leurs rivalités de côté et s’inscrivent uniquement dans le soutien au maillot bleu. Que chacun accepte de chanter des chants connotés à tel ou tel club juste pour encourager l’équipe de France. Que deux rivaux puissent se tenir par les épaules et chanter ensemble le temps d’une soirée ou d’une compétition parce que leurs couleurs de maillot du week-end sont mises de côté le temps d’être unis pour le bleu de France.

Aujourd’hui, on se rend compte que ce positionnement et notre choix de communication ont porté leurs fruits. Les personnes nous rejoignent en sachant où et pourquoi elles viennent : être des acteurs de l’ambiance et s’amuser ensemble pendant tout le match.

D’où viennent les membres des IF ? Région parisienne, province, étranger ? Quelles tranches d’âge sont les plus représentées ? Quelle répartition hommes/femmes ?
FABIEN BONNEL : L’IF moyen est un homme de 33 ans vivant en Île de France. Les filles représentent environ 20% des adhérents. Toutefois, leur taux s’élève lors des rassemblements ou des actions de l’association. Elles sont très investies dans les soirées, les préparations de tifo ou d’animation. Je crois également qu’elles entraînent leurs compagnons au stade plus qu’elles ne les suivent.

Pour la localisation, on ne peut pas éviter d’attirer une majorité de Franciliens avec le développement que nous avons au Stade de France. Concernant l’âge, le plus jeune adhérent venant régulièrement au stade doit avoir 3 ans, le plus ancien 75 ans.


 

« Des étrangers devenus fans de l’équipe de France, encore plus fanatiques que nous »

HERVÉ MOUGIN : Pour autant, près de la moitié des adhérents viennent de province avec trois quarts des départements français représentés ce qui fait vraiment de nous une association complètement nationale et même internationale car nous avons aussi des adhérents dans 23 pays, parfois des français expatriés (Etats-Unis, Finlande, Hong-Kong, Suisse, Nouvelle-Zélande, Australie…) mais aussi beaucoup d’étrangers devenus fans de l’équipe de France qui pour la plupart ne parlent pas français mais sont encore plus fanatiques que nous. Ils sont de nationalité biélorusse, vénézuélienne, libanaise, tunisienne, russe, albanaise, suisse, moldave, belge... et nous les avons intégrés au fur et à mesure de nos voyages à travers l’Europe et le Monde. Tous sont très impliqués et se déplacent autant que possible à nos côtés.

Quelles relations les IF ont-ils avec le staff et les joueurs ?
FABIEN BONNEL : Nous avons d’abord la chance que trois responsables de l’association, dont Hervé et moi, puissent rencontrer une délégation de quatre ou cinq joueurs et Didier Deschamps, une fois par an pour parler des supporters. Nous échangeons sur nos attentes, sur leurs attentes et nous leur faisons un retour sur l’année passée.

Nous avons accès à ces rencontres informelles, sans micro ni caméra, sur la mise en place d’un cercle vertueux de respect mutuel. On les encourage, ils nous saluent en fin de match, donc un lien se crée et on les encourage encore plus même dans la défaite, donc ils nous saluent même en cas de défaite... On leur a aussi signifié tout dernièrement notre soutien aux joueurs, quels que soient leurs clubs, et que lorsque l’un d’eux se ferait siffler à cause d’une rivalité inutile, nous l’encouragerons encore plus fort.

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Crédit photo : Anantha KANAGALINGAM

« On voyait avant une frontière au niveau de la surface de réparation que les joueurs ne franchissaient jamais »

En plus de ces réunions, il y a eu deux moments magiques de proximité extrêmes : lorsqu’ils sont venus se jeter dans nos bras après l’inoubliable France - Ukraine et lorsque Lloris est venu à nos côtés, Coupe du monde à la main, pour fêter le titre et faire un clap avec toute notre tribune et tout le stade.

En dehors de ces moments privilégiés, tout n’a pas toujours été rose. On a souvent fait passer nos messages de mécontentement en coulisses pour améliorer la situation. En novembre 2015, au Danemark, ils sont sortis du terrain en passant devant nous, sans le moindre geste d’attention. On voyait avant une frontière au niveau de la surface de réparation qu’ils ne franchissaient jamais pour s’approcher de nous.

Mais depuis, les réunions et notre travail ont payé. Ils s’approchent de plus en plus et font presque tout le temps le geste qu’il faut. On ne leur demande pas de venir à chaque fin de match nous taper dans la main, mais les supporters attendent vraiment ce salut mutuel à une distance humaine.

HERVÉ MOUGIN : La relation dépend aussi beaucoup du sélectionneur. Raymond Domenech a été celui qui a ouvert des entraînements au public et cela a déjà permis un rapprochement entre joueurs et supporters. Laurent Blanc était moins ouvert à cela. Mais Didier Deschamps a toujours été très pro-supporters et nous sommes dans une relation de confiance où il sait que l’on ne dépassera pas les limites qu’il impose. Il nous a juste demandé de chanter moins fort sur un entraînement parce que l’on perturbait ses consignes aux joueurs. C’était plus amusant qu’une véritable réprimande… mais on a obtempéré.


 

« Didier Deschamps a insisté pour qu’on fasse notre réunion annuelle juste avant leur départ en Russie en juin 2018 »


Il a accepté de faire des rencontres joueurs-supporters à Clairefontaine, il y a toujours un entraînement ouvert en début de chaque regroupement des Bleus… et c’est même lui qui a insisté pour que l’on fasse notre traditionnelle réunion annuelle juste avant leur départ en Russie en juin 2018. Même dans un moment comme celui-là, il a provoqué la réunion alors que l’on n’osait pas déranger pour fixer la date. On scande toujours son nom avant et après le match et il nous salue systématiquement.

Il n’est vraiment pas pour rien dans cette alchimie avec les supporters des Bleus.
Et son staff est toujours très attentif également jusqu’au responsable de la sécurité des Bleus qui est notre correspondant depuis des années et avec qui nous traitons de nombreuses problématiques, en particulier en déplacement.

FABIEN BONNEL : Quand il faut gagner, Deschamps veut mettre tous les atouts de son côté. Nous sommes fiers d’avoir travaillé pour en être désormais un, alors que le public a plutôt été un boulet par le passé.

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Crédit photo : Irrésistibles Français

Comment se passent les déplacements à l’étranger ? Avec quel soutien de la FFF ?
FABIEN BONNEL : Les déplacements sont, pour la majorité de nos adhérents, l’occasion de satisfaire leur passion du football et leur envie d’en profiter pour visiter une nouvelle ville, un nouveau pays. Surtout quand ce sont des déplacements de longue distance dans des endroits qui ne seraient pas forcément une priorité pour passer un week-end. Chacun adapte donc son déplacement à ses envies et ses moyens. Pour ces déplacements, nous assurons la billetterie, nous proposons de nous occuper d’un lieu d’hébergement commun à moindre coût, souvent des auberges de jeunesse, pour ceux qui le souhaitent et nous informons des vols les plus intéressants.

HERVÉ MOUGIN : On prépare un petit guide de déplacement avec plein d’informations utiles et on facilite la relation entre nos adhérents pour les covoiturages aéroports, des rendez-vous pour boire un verre ou dîner… et puis la FFF met en place une « Casa Bleue ». C’est justement un lieu de rassemblement ouvert à tous les supporters français à proximité du stade où l’on se retrouve avant et parfois après le match. C’est un endroit sécurisé pour distribuer les billets de match, se regrouper et parfois se chauffer la voix avant de rejoindre le stade en cortège sous l’encadrement de la police locale.


 

« Côté sécurité, la FFF prépare le terrain pour les déplacements à l’étranger »

La première expérience avait été faite sur Ukraine-France à Kiev en novembre 2013 puis s’est confirmée sur la Coupe du monde 2014 au Brésil où le nom a été institué et conservé depuis. La FFF y a toujours au moins un correspondant pour répondre à nos questions ou problématiques, ce qui est très pratique.

Ensuite, côté sécurité, la FFF prépare le terrain avec le responsable du staff dédié à cette problématique. On n’a plus à contacter nous-même l’Ambassade de France dans le pays ou à faire les réunions de sécurité avec la police locale. On transmet un document détaillé avec tous les matériels d’animation que l’on désire apporter et on nous fait un retour sur ce qui est accepté. Et depuis peu, la FFF nous fait accompagner de stadiers qui nous encadrent déjà au Stade de France.

FABIEN BONNEL : Pour les déplacements plus courts, ceux qui peuvent se faire en car, nous organisons l’aller/retour.

Quel stade à l’étranger vous a le plus impressionné niveau ambiance et architecture ?
FABIEN : Au niveau de l’ambiance ça a été le déplacement en Ecosse en octobre 2006 [1]. Nous en avons pris plein les oreilles. L’ambiance était très bon enfant, nous avions ramené une banderole promouvant la « old alliance » entre l’Ecosse et la France, les Ecossais se sont occupé de faire le spectacle. Au niveau de l’architecture c’est San Siro. Ses accès dans les pylônes sont mythiques, l’architecture du stade respire le football.

« A Belgrade, en 2009, c’était trop chaud, mais pas forcément dans le bon sens »

HERVÉ MOUGIN : Pour l’ambiance, effectivement, l’Ecosse en 2006, c’était génial. C’est un des pays où il y a une grande ferveur dans les rencontres de l’équipe nationale, ce qui n’est pas le cas dans beaucoup de pays. J’attends de voir la Turquie en juin. A Belgrade en Serbie en 2009, c’était très, trop, chaud, mais pas forcément dans le bon sens. Pour San Siro, je n’en ai pas un bon souvenir car je me suis retrouvé malgré moi en milieu de tribune italienne contre la France en 2007 [2] et les copieux sifflets sur notre hymne ou les cris de singe en direction de nos joueurs m’ont dégoûté.


 

Dans mes souvenirs, outre le stade de Munich dont j’apprécie l’architecture, j’ai été impressionné par la qualité du stade et du terrain à Donetsk en Ukraine. Lors de l’Euro 2012, sur Ukraine-France, il y a eu un déluge apocalyptique qui a failli remettre le match au lendemain et l’eau a été évacuée de la pelouse sans qu’elle ne soit impraticable, les tribunes étaient proches du terrain et le stade tout neuf et bien distribué. Malheureusement, ce stade a subi les affres de la guerre dans cette région du Donbass depuis.

Pourquoi les Français ont-ils été si peu nombreux dans les stades en Russie ?
HERVÉ MOUGIN : Les causes sont multiples et une partie dépend de raisons personnelles sur lesquelles on ne peut pas intervenir : les disponibilités familiales, les obligations professionnelles, les efforts économiques surtout… Mais pour ce qui est des problèmes de fond, nous n’avons pas encore une base de supporters suffisamment large pour l’équipe nationale dans un pays où la culture des clubs est privilégiée.

Trop peu se posent la question de savoir s’ils ont envie ou peuvent se déplacer pour les Bleus, tellement on a l’habitude peut-être de suivre les Coupes du monde lointaines en famille ou entre amis mais devant la télé. Ensuite, les média n’ont que très peu parlé de la billetterie de la Coupe du monde au moment opportun et la Russie n’a pas bénéficié d’une très bonne communication non plus, à tort ou à raison.

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Crédit photo : Kin-Wai YUEN

La configuration de l’Euro 2020, avec des matchs éparpillés dans toute l’Europe, sera-t-elle un casse-tête logistique et financier ou une opportunité de découvrir plus de pays, de villes et de stades ?
HERVÉ MOUGIN : Pour le côté touristique, ça reste quand même accessoire à notre action et notre motivation. Et puis on ne sait encore pas du tout où on ira. C’est plus l’impact logistique qui sera compliqué car on aura des déplacements tous les 4 jours dans des pays distincts parfois éloignés. Ce n’est clairement pas un format de compétition pensé pour les supporters actifs. On verra en fonction des destinations et du calendrier mais on travaillera probablement avec la FFF et ses partenaires voyagistes pour organiser des transhumances groupées et moins onéreuses si possible.

« Casse-tête en vue pour organiser de la logistique groupée à l’Euro 2020 »

Mais ce n’est jamais simple car il y a ceux qui suivent toute la compétition, ceux qui font un match puis rentrent travailler puis nous rejoignent à un autre moment… Chacun fait comme il le peut avec ses propres obligations personnelles alors organiser des avions aller-retour vers un match est pratique pour certains et inadapté pour ceux qui veulent prendre un peu de temps sur place sans vouloir rentrer entre deux matchs. Bref, casse-tête en vue pour organiser de la logistique groupée et ce sera cher quoiqu’il arrive.

Y a-t-il des exemples de supporters de sélections étrangères qui vous inspirent ? Les Néerlandais, les Danois, les Croates ?
FABIEN BONNEL : Non. Nous avons longtemps regardé avec envie toutes les autres nations. Nous avons longtemps été tout en bas du classement des supporters de sélections nationales. Aujourd’hui nous travaillons à concilier nos spécificités bien françaises et nous pensons avoir atteint la première partie de ce classement. On y prend un vrai plaisir et on ne regarde plus les autres ambiances avec envie, on a maintenant surtout envie de nous retrouver rapidement pour repasser une soirée à chanter et nous amuser.

« On est ravi de lire qu’aux Pays-Bas ou en Allemagne, on entend plus les supporters français »

S’il y a un aspect qu’on pourrait envier encore c’est le nombre de supporters en déplacement. Malgré ça, dès qu’un bon nombre de supporters français en général, et d’IF en particulier, est présent, nous n’avons pas à rougir de notre nombre limité qui a une ferveur importante. Nous sommes souvent ravis d’entendre et de lire qu’en Moldavie, aux Pays-Bas, en Allemagne, « on entend plus les supporters français ».

HERVÉ MOUGIN : Je le remarque dans mes réunions européennes avec des représentants de supporters d’autres pays. Nous avons vraiment gagné des galons et une respectabilité sur le sujet. La mutation de notre tribune a été remarquée. On n’atteint pas les sommets des ambiances de certains clubs avec une antériorité, une organisation huilée et un afflux de membres habitués, mais pour une équipe nationale, quand on voit ce qu’il se passe dans la grande majorité des stades européens, nous sommes aujourd’hui plutôt un des exemples à suivre. Il nous manque surtout le nombre. Alors on attend que les supporters motivés rejoignent la famille Irrésistibles Français. Plaisir garanti !

Si vous voulez les rejoindre, rendez vous sur le site des Irrésistibles Français

[1A Hampden Park, Glasgow, en qualification pour l’Euro 2008, défaite 0-1.

[2le 8 septembre, Italie-France en qualification pour l’Euro 2008. Match nul 0-0.

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