Pas du luxe

Publié le 26 mars 2011 - Bruno Colombari

Copie conforme du match aller, ce Luxembourg-France (0-2) aussi palpitant qu’un direct de Public Sénat ne vaut que pour son petit butin de trois points à mettre à l’abri pour l’automne. A oublier, donc.

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Après chaque match de l’équipe de France, et avant de publier les tableaux de bord, je fais une petite liste des enseignements à en tirer, en cinq questions.

Le résultat était-il prévisible ?

Cinq mois après le piteux match aller à Metz, l’effet de surprise ne pouvait plus jouer. Oui, on s’attendait à une nouvelle purge, et de ce côté-là on n’a pas été déçus. Confrontés au même problème qu’en octobre, butant contre une équipe construite en deux lignes de cinq, pas maladroite derrière et jouant intelligemment le hors-jeu, les Bleus ont assuré le minimum vital. Pas grave dans la mesure où ce genre de rencontre ne reste jamais dans les mémoires (ou alors pour de mauvaises raisons, comme le Chypre-France de 1988), mais il convient de rappeler qu’il y a 26 ans, en 1984-85, l’équipe de Platini avait mis un 10-0 en deux matches aux amateurs du Grand-Duché.

L’équipe est-elle en progrès ?

Quel que soit le point de comparaison qu’on adopte, non. Par rapport aux deux derniers matches contre l’Angleterre et le Brésil, le jeu collectif s’est dégradé, la liaison entre les lignes a été défaillante, l’occupation du terrain mauvaise, le nombre d’occasions de but famélique et la maîtrise du match peu satisfaisante. Et si on compare cette rencontre avec celle d’octobre dernier contre le même adversaire, aucun progrès notable n’est à relever, alors même que les retours de Ribéry et dans une moindre mesure d’Evra auraient dû renforcer les Bleus. Les résultats sont là, c’est indiscutable (sixième victoire consécutive, dont quatre en compétition), mais ils sont bien seuls. Le projet de reconstruction n’avance pas, et ça, ce n’est pas rassurant.

Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?

La plupart des Bleus ont évolué largement en dessous de leur niveau de jeu. Deux noms sont à ressortir du lot toutefois : Philippe Mexès qui a inscrit son premier but et qui a tenté de soigner ses relances après plusieurs fautes initiales, et Yann Mvila qui a beaucoup couru au milieu dans son rôle de récupérateur unique. Que face au Luxembourg, les deux seuls joueurs vraiment au niveau soient un défenseur central et un récupérateur n’est pas le moindre paradoxe de ce tout petit match.

Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?

Si on était méchants, on dirait tous les autres, mais on peut difficilement reprocher à Lloris de n’avoir rien eu à faire, à part dégager une passe en retrait dangereuse en début de match. Sagna ne s’est pas beaucoup impliqué offensivement, tout comme Evra qui en plus a manqué des contrôles faciles. Rami a essayé de marquer mais son coup de tête était sans danger.

Du côté des grosses déceptions, on mettra Samir Nasri, nommé capitaine pour la première fois, mais qui a fait son plus mauvais match en Bleu depuis longtemps. Gourcuff a marqué, mais pour le reste son apport a été quasi nul, ses mauvais choix et son déchet technique trahissant un manque de confiance flagrant. Même chose pour Franck Ribéry, qui n’a servi à rien en première mi-temps sinon à être baladé par les défenseurs luxembourgeois, avant de se montrer un peu plus côté gauche à la place d’un Malouda qui ne justifie plus depuis longtemps la confiance du sélectionneur.

Enfin, Karim Benzema avait largement la place de faire tourner le compteur, mais ce n’était pas le bon soir : difficile de se souvenir de ne serait-ce une seule frappe cadrée. Les quelques décalages obtenus balle au pied ont été systématiquement gâchés par un excès d’individualisme dans le dernier geste.

Quelles sont les attentes pour la prochaine rencontre ?

Jouer un amical quatre jours après un match de compétition n’a pas beaucoup de sens, mais il va falloir faire avec. Au-delà du résultat, on attend des Bleus qu’ils montrent à nouveau des séquences de jeu intéressantes comme celles de Sarajevo ou de Wembley et qu’ils se créent des occasions franches, quitte à ce qu’il y ait du gâchis. Le chantier principal de Laurent Blanc reste l’animation offensive avec la liaison entre un milieu où Diarra pourrait faire son retour (à la place de Gourcuff ?) et une attaque où l’on aimerait bien voir un peu Kevin Gameiro.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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