Socrates, le chevalier errant d’une équipe de légende

Publié le 4 décembre 2011 - Bruno Colombari

Ainsi donc, l’immense Socrates est mort à 57 ans, prématurément comme il se doit. Capitaine d’une des plus belles équipes de tous les temps, jamais titré en sélection, il restera pour toujours un des plus grands adversaires que les Bleus aient jamais croisé.

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Il y a ceux qui collectionnent les titres, les coupes et les distinctions comme d’autres le font avec les timbres : Diego Maradona, Franz Beckenbauer, Michel Platini, Lionel Messi ou encore Ronaldo. Et d’autres dont le nom n’apparait jamais dans les palmarès mais qui laissent dans les mémoires des traces indélébiles : des arpenteurs d’imaginaire, des inventeurs de trajectoires, des joueurs de balle qui par leur talent ont fait du football bien plus qu’un sport : un jeu.

Sócrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira, surnommé le Docteur, est mort un dimanche de décembre, à 57 ans à peine. De lui, comme de la fabuleuse équipe montée par Tele Santana au début des années 80, on retiendra son élégance, sa classe naturelle, la précision et la fluidité de son jeu, la façon inégalable qu’il avait de caresser le ballon puis de le fouetter, comme lors de son fameux but à Séville contre l’URSS de Dassaev en 1982.

 


 

Socrates, l’équipe de France l’a rencontré deux fois. La première, c’était en mai 1981 au Parc des Princes, à l’occasion de la remise à Pelé du trophée du sportif du siècle décerné par l’Equipe. Les Brésiliens se baladent ce soir-là et Socrates inscrit le troisième but, tout en vitesse et en touché de balle à la réception d’une passe lobée de Zico. Le grand Brésil est là, et on ne peut s’empêcher de penser qu’il ferait un magnifique champion du monde.

 


 

La deuxième fois, c’était bien entendu cinq ans plus tard à Guadalajara lors du quart de finale mythique du Mundial 1986, une sorte de finale rêvée de l’édition précédente. Le Brésil est bien plus solide défensivement, la France aussi, mais le spectacle est dantesque et les Bleus ont une chance monstrueuse. Socrates se crée tout d’abord une énorme occasion, puis vient le but de Careca, un but d’école en décalage, comme au rugby. En prolongations, il a encore deux balles de match, mais Bats bloque sa frappe de la tête et le centre de Careca le prend à contre-pied alors qu’il était seul au second poteau. Et quand arrivent les tirs au but, Bats sort la tentative de Socrates. Pour lui la coupe du monde s’arrête définitivement cet après-midi là, et sa carrière internationale avec, après 60 sélections et 22 buts.

 


 

C’est la fin de la magnifique équipe de Tele Santana. Sortie au second tour du Mundial 1982 par l’Italie, battue en quarts en 1986 par la France, elle n’a plus qu’à rejoindre l’Autriche des années 30, la Hongrie des années 50 et les Pays-Bas des années 70 au panthéon des vaincus de légende. Mi-Jésus Christ, mi-Don Quichotte, Socrates restera dans les mémoires tel un rêve brisé, incarnation d’une utopie de jeu tellement ambitieuse qu’elle ne pouvait décemment pas l’emporter.

Mais l’histoire de Socrates ne s’arrête pas là : en club, avec les Conrinthans de Sao Paulo, il participe entre 1981 et 1984 à ce qu’on appellera la démocratie conrinthiane, telle que la raconte Jérôme Latta dans un article des Cahiers du football. Une sorte de projet de football autogéré qui n’a pas eu de suite, pour l’instant du moins. Car qui sait ? Peut-être un jour quelqu’un reprendra le flambeau. Un très grand joueur, un citoyen engagé, c’était Socrates qui jamais n’usurpa son nom.

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