Histoire d’un score : les 3-1 et 1-3 de l’équipe de France

Publié le 8 septembre 2024 - Bruno Colombari

Fréquent dans l’histoire des Bleus, le 3-1 concerne peu de matchs décisifs en grands tournois, excepté le quart de finale de Coupe du monde face à l’Italie en 1938 et les huitièmes contre l’Espagne en 2006 et la Pologne en 2022. Mais il a eu ses heures de gloire...

4 minutes de lecture

C’est le sixième score le plus fréquent dans l’histoire de l’équipe de France, avec 41 victoires et 20 défaites.

Les chiffres clés

 41 victoires 3-1 depuis 1920 (18 en amical, 23 en compétition dont 7 en phase finale)
 23 victoires 3-1 à domicile, 18 à l’extérieur
 4 victoires 3-1 contre l’Italie
 le dernier 3-1 date du 4 décembre 2022 contre la Pologne à Doha

 20 défaites 1-3 depuis 1904 (15 en amical, 5 en compétition dont 2 en phase finale)
 14 défaites 1-3 à domicile, 6 à l’extérieur
 4 défaites 1-3 contre l’Italie
 le dernier 1-3 date du 6 septembre 2024 contre l’Italie au Parc des Princes.

Le tout premier : France-Italie le 29 août 1920

Aux Jeux olympiques d’Anvers, la France affronte l’Italie pour la première fois en compétition. Et elle l’emporte joliment 3-1 grâce à deux buts dans le premier quart d’heure signés Boyer (10e) et Paul Nicolas (14e). Brezzi réduit le score peu après (33e) mais Bard assure la qualification à la 55e et la première victoire française en compétition. Il lui faudra attendre 62 ans pour gagner à nouveau contre la Squadra Azzurra.

Le plus historique : France-Belgique le 5 juin 1938

C’est le premiers des dix matchs des Bleus à domicile en Coupe du monde. Face au rival historique belge, alors en déclin, les Français menés par Mattler s’imposent facilement et rapidement grâce à un but d’entrée de jeu de Veinante (1ère) et un autre peu après de Jean Nicolas (11e). Isemborghs calme un moment les ardeurs françaises (19e), mais Jean Nicolas signe un doublé à la 69e et qualifie la France, pour la première fois en quart de finale.

Le plus larmoyant : France-Bulgarie le 16 novembre 1977

Un nul, une victoire, une défaite : le bilan des Bleus avant leur quatrième et dernier match de qualification pour la Coupe du monde 1978 est insuffisant. Il faut battre la Bulgarie au Parc, et compte tenu du passé entre les deux équipes, ce n’est pas une mince affaire. Après un début crispant, Rocheteau marque un but de renard des surfaces avant la mi-temps, et Platini assure le coup après l’heure de jeu d’une frappe lourde. C’est gagné, même si Cvetkov inquiète le public du Parc à cinq minutes de la fin, avant que Dalger libère tout un peuple. Hidalgo, dans son K-Way bleu, est porté en triomphe, en larmes.


 

Le plus important : Roumanie-France le 11 octobre 1995

Face à une excellente équipe roumaine, les Bleus de Jacquet, Zidane et Djorkaeff doivent l’emporter à Bucarest dans une ambiance volcanique pour se qualifier pour l’Euro en Angleterre et préparer au mieux la Coupe du monde 1998 à domicile. Le match est féroce, mais les Bleus ne sont pas les derniers à envoyer les pieds, comme Karembeu qui ouvre le score d’un tacle sauvage sur le gardien roumain. Djorkaeff fait le break avant la mi-temps, et si Lacatus donne un espoir au public roumain, Zidane se charge de le doucher d’une frappe magistrale à la 72e. Avec ce succès décisif, la page Cantona-Papin-Ginola est définitivement tournée. Et dans la cage, Fabien Barthez a marqué des points pour sa deuxième sélection.

Le plus réforme des retraites : France-Espagne le 27 juin 2006

Après un premier tour léthargique, les Bleus se présentent à Hanovre sans aucune garantie, face à une équipe espagnole qui va dominer le monde pendant les six années à venir. C’est d’ailleurs la Roja qui marque en premier par David Villa sur pénalty (27e), mais sur une ouverture d’un Vieira de gala, Franck Ribéry contourne Casillas et marque son premier but en sélection (41e). Le match est très serré jusqu’au bout, mais les Bleus, qui jouent tout en blanc, l’emportent sur une tête de Vieira (83e) et un contre d’escrimeur de Zidane (90e+1) qui peut narguer les supporters espagnols qui lui souhaitaient un bon départ en retraite...


 

Le plus inattendu : Allemagne-France le 16 octobre 1954

Quatre mois après le miracle de Berne où la RFA a gagné son premier titre mondial devant l’invincible Hongrie de Puskas, dans des conditions douteuses (dopage), les Tricolores sont loin d’être favoris à Hanovre. Ils jouent en plus avec Larbi Ben Barek, 37 ans, rappelé en sélection six ans après à la suite d’un match brillant avec une sélection d’Afrique du Nord. Mais le vétéran ne tient pas une demi-heure, et c’est son remplaçant, Jacques Foix, qui brille en signant un doublé (33e, 55e), ce qui fait 3-0 pour la France avec le but de Vincent (35e). L’Allemagne réduit le score par Sturmer (75e), mais pour la première fois de leur histoire, les Français battent le champion du monde en titre.

Le plus frustrant : France-Italie le 6 septembre 2006

Deux mois après la défaite de Berlin, sans Barthez et Zidane, les Bleus prennent une revanche presque facile en battant sèchement les champions du monde grâce à un but de Henry et surtout un doublé improbable de Sidney Govou, qui était sur le banc lors de la finale... Govou qui sera KO sur son deuxième but après avoir percuté de la tête Cannavaro.

Le plus rayé : France-Hongrie le 10 juin 1978

Déjà éliminés de la Coupe du monde, Hongrois et Français se présentent à Mar del Plata avec leurs maillots blancs, leur deuxième couleur, chacun croyant que l’adversaire allait jouer dans sa tenue habituelle. Les Français, qui auraient dû jouer en bleu mais n’avaient que leur maillot blanc, finissent par entrer sur le terrain avec celui du club amateur de Kimberly, rayé vert et blanc et avec une numérotation de 1 à 16, différente donc de celle de la feuille de match (et des shorts). Du grand n’importe quoi...

Le plus rapide : France-Russie le 28 juillet 1993

Dans ce genre de match parfaitement inutile au milieu de l’été qui a heureusement disparu, les Bleus reçoivent la Russie à Caen devant 18.500 spectateurs. Et même s’ils ont encore du sable dans les chaussettes, les Français ne traînent pas puisqu’ils mènent déjà 2-0 à la vingtième minute de jeu (Sauzée 16e, Cantona 19e). Laurent Blanc réduit le score contre son camp juste après (23e) mais Papin redonne de l’avance aux Bleus à la 35e en reprenant un pénalty repoussé par le gardien. Ce sera tout.


 

Le plus tardif : Grèce-France le 2 septembre 1972

Pour cet amical joué au Pirée avec les tout nouveaux maillots Adidas ornés d’une triple bande tricolore de l’aisselle à la taille, il ne se passe pas grand chose pendant plus d’une heure, jusqu’à l’ouverture du score par Henri Michel (67e). Ça se réveille enfin dans les cinq dernières minutes avec l’égalisation de Sarafis (85e), mais Hervé Revelli (86e) et Jean-Michel Larqué (90e), qui marque son premier but en sélection, règlent l’affaire dans le money-time.

Et côté adverse...

Le 1-3 est le quatrième score perdant le plus fréquent, loin tout de même des trois premiers. On en retrouve sept avant 1940, encore sept jusqu’en 1968, puis trois pendant le mandat de Michel Hidalgo (dont deux amicaux contre le Brésil en 1981 et le Danemark en 1983 pour les débuts de Joël Bats). Le 1-3 disparaît pendant 25 ans et se fait rare au 21e siècle, puisqu’on n’en compte que trois, face à l’Autriche en septembre 2008, en amical contre le Brésil (encore !) en mars 2015 et donc face à l’Italie (le quatrième du genre) en septembre 2024.

A noter que les Bleus perdent très rarement en compétition sur ce score : cinq fois seulement, dont deux en phase finale de Coupe du monde, contre l’Italie à Colombes en juin 1938 et face à l’Angleterre à Bilbao en juin 1982. Les trois autres ont eu lieu en 1964 face à la Hongrie, en 2008 en Autriche et en 2024 contre l’Italie.


 

Dataviz : les 3-1 et les 1-3 depuis 1904

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal