2016, un bilan en bleu (3/6) : la défense

Publié le 10 décembre 2016 - Bruno Colombari

Trois gardiens et quatorze défenseurs : jamais Didier Deschamps n’aura utilisé autant de monde derrière (treize défenseurs en 2013, douze en 2014, onze en 2015). La succession d’Evra et de Sagna est engagée.

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Lloris loin devant, Aréola attendra

Commençons par le plus simple, avec les gardiens. Hugo Lloris n’a manqué que quatre matches en 2016, dont un seul en compétition (contre la Biélorussie en septembre). Comme d’habitude, il n’a laissé que des miettes à Stève Mandanda, qui aura participé à deux victoires de prestige (aux Pays-Bas et en Italie) et, chose plutôt rare pour lui, terminé un match sans but encaissé (en Biélorussie). La nouveauté, c’est la première sélection de Benoît Costil contre la Côte d’Ivoire en novembre, alors qu’il semblait qu’Alphonse Aréola avait gagné le statut de troisième gardien des Bleus.

2016 aura été une bonne année pour Lloris, et il s’en est fallu d’un rien, de quelques centimètres au bout de sa main droite sur la frappe d’Eder le 10 juillet, pour qu’elle soit parfaite. Plusieurs fois il a été décisif, notamment contre la Roumanie, l’Irlande ou l’Allemagne à l’Euro, même s’il a encaissé beaucoup de buts (onze). Même s’il est toujours aussi peu convaincant comme capitaine, on voit mal comment son statut de titulaire pourrait être remis en cause d’ici la coupe du monde. Après, Aréola sera un postulant évident pour la relève.

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Le temps de jeu (en minutes) des titulaires est indiqué en blanc sur fond bleu (victoire), gris (nul) ou rouge (défaite). Celui des remplaçants est indiqué sur fond blanc selon le même code couleur. Le temps de jeu cumulé sur l’année est reporté en bout de ligne à droite. Les joueurs sont listés par ordre d’apparition (en haut, les titulaires lors du premier match de l’année, en bas les joueurs appelés en fin d’année).

A droite, la percée de Sidibé

On aurait aimé que Didier Deschamps soit moins frileux à ce poste, mais comme personne ne semblait vouloir du couloir droit, Bacary Sagna a tenu sa place plutôt bien, avec ses qualités et ses limites. A l’Euro, il a fait le job, avec sérieux et professionnalisme. Depuis, on ne l’a revu qu’une petite demi-heure contre la Bulgarie où il a eu le temps de provoquer un pénalty. Cette 65e sélection sera-t-elle sa dernière ?

Djibril Sidibé, auteur d’une très bonne saison avec Lille et d’un début canon avec Monaco, semblait légitime pour lui succéder. 492 minutes et cinq titularisations plus tard, le doute n’est pas levé. Si certains sont sublimés quand ils jouent en équipe de France, d’autres semblent en difficulté, comme s’ils n’arrivaient pas à franchir un cap. Il faudra attendre un peu pour savoir si le Monégasque est de ceux-là. Il aura toujours été plus convaincant que Sébastien Corchia, qui a disputé les 21 dernières minutes contre la Côte d’Ivoire. Pour l’instant, ce dernier ne peut espérer mieux qu’un statut de remplaçant.

A gauche, le retour de Kurzawa

Soutien inconditionnel d’Evra, le sélectionneur a fini par tourner la page en septembre dernier. Le Turinois n’a pas tiré un trait sur l’équipe de France, et d’ailleurs il a été rappelé en novembre contre la Suède. Mais il devrait passer en troisième position derrière Layvin Kurzawa, de retour après deux ans d’absence, et Lucas Digne qui s’est fait à nouveau passer devant. Là aussi, au risque de se répéter, on ne voit toujours pas émerger le successeur de Bossis ou Lizarazu. Le côté gauche est riche en bons contre-attaquants mais souffre toujours de rigueur défensive, obligeant Blaise Matuidi ou un défenseur central de venir compenser le long de la touche.

Dans l’axe, Koscielny est indispensable

Au Brésil en 2014 il n’était que le remplaçant de Mamadou Sakho. Désormais, personne n’aurait l’idée de remettre en cause la place de Laurent Koscielny dans l’axe. En 2016, il n’a manqué qu’un match, contre la Russie en mars, et a remplacé Varane à la mi-temps face à la Côte d’Ivoire en novembre. Son Euro aura été quasi-irréprochable, alors même qu’il avait dû composer avec deux partenaires inhabituels et dissemblables, Adil Rami et Samuel Umtiti. Et ses performances de l’automne ont confirmé son nouveau statut de taulier. Raphël Varane aura manqué neuf matches, dont tous ceux de l’Euro, et nul ne sait ce qui se serait passé avec lui dans l’axe. En tout cas, il aura apporté sa sérénité et sa qualité de relance lors du dernier trimestre de l’année, où les Bleus n’ont encaissé de trois buts en six matches, dont un sur pénalty (et un autre face à l’Italie où sa responsabilité est engagée).

Si Eliaquim Mangala n’est là que pour faire le nombre (18 minutes de jeu contre l’Islande), et si Aymeric Laporte et Presnel Kimpenbé n’ont fait que passer à l’automne, la bonne surprise de 2016 est certainement Samuel Umtiti. Cas unique d’un joueur débutant en sélection lors d’une phase finale (gardien excepté), le néo-Barcelonais en a suffisamment montré en juillet contre l’Islande, l’Allemagne et le Portugal pour qu’on souhaite le revoir au plus vite. S’il est barré par le duo Varane-Koscielny, il fait un prétendant évident au statut de premier remplaçant dans l’axe.

Enfin, un mot pour Adil Rami. Revenu de très loin (et notamment de sa piètre tournée sud-américaine en juin 2013), le Sévillan a fait un intérim plutôt correct, hormis sa première mi-temps à l’envers contre l’Irlande. Passé devant Mangala et Umtiti, il n’a rien revendiqué après avoir perdu sa place pour suspension contre l’Islande. Didier Deschamps lui fait toujours confiance puisqu’il a rappelé en novembre.

Conclusion : ça bouge enfin sur les côtés

Si le trio Lloris-Varane-Koscielny semble indéboulonnable, le jeu est ouvert sur les côtés. Kurzawa à gauche et Sidibé à droite ont pris de l’avance, mais aucun ne s’est vraiment imposé, sachant que ni Evra ni Sagna ne se sont retirés et qu’on peut les revoir en sélection en 2017. Un minimum de concurrence ne ferait pas de mal, mais pour l’instant ni Corchia ni Digne ne semblent capable de perturber le jeu. C’est pourtant le secteur où les Bleus manquent le plus de joueurs capables de faire la différence.

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