[892] France-Pologne (3-1) : les recordmen

Publié le 4 décembre 2022 - Bruno Colombari

Difficile de faire mieux pour fêter la 142e sélection de Lloris : une belle victoire, le 52e but de Giroud qui efface le record de Henry, Mbappé supersonique qui s’offre encore un doublé en Coupe du monde… L’aventure continue, contre l’Angleterre samedi.

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Le résultat était-il prévisible ?

Ils étaient très nombreux dans la presse à affirmer, avant le match, que la Pologne était certainement le protagoniste le plus faible de ces huitièmes de finale. Ce qui est sans doute vrai (le boycott des matchs ne concernant pas l’équipe de France ne me permettant pas de me faire un avis), mais on se souvient de la jurisprudence Grèce 2004 et Suisse 2021, pour ne parler que des matchs couperet. Il est rare que ce type de rencontre soit une partie de plaisir, en particulier à ce stade de la compétition. En Coupe du monde, sur les sept précédents huitièmes de finale, les Bleus en ont remporté six, mais jamais avec plus de deux buts d’écart, et un au but en or, contre un clone sud-américain de la Pologne, le Paraguay 1998.

Autant dire qu’on aurait signé volontiers par une victoire minimale, même obtenue dans la douleur, et si possible avant les prolongations, puisque les deux disputées dans l’ère Deschamps avaient été vaines (Portugal 2016, Suisse 2021). Mais il n’y en a pas eu besoin, malgré quelques sérieux coups de chaleur en première mi-temps. Le but de Giroud juste avant la pause a plié le match, avant que Mbappé ne fasse des trous dans la défense polonaise en forme de wagon blindé.

L’équipe est-elle en progrès ?

Celle-là, oui : il n’y a évidemment pas photo avec le fantôme d’équipe vu contre la Tunisie, et l’équilibre est trouvé avec ce onze-là, même si les deux latéraux ne sont pas ceux qui étaient envisagés au départ. Mais le fait que Deschamps aligne enfin une compo non inédite, une première depuis mars 2019, n’est pas anodin. Désormais il y a bien onze titulaires, et quatre ou cinq remplaçants amenés à entrer en jeu. C’est comme ça que les Bleus avaient été champions du monde en 1998 et en 2018, et qu’ils étaient allés en finale en 2006.

La défense a semblé toutefois fébrile en première mi-temps, avec un Lloris visiblement nerveux et toujours aussi stressant avec le ballon dans les pieds sous pression adverse, et le côté Koundé-Varane a laissé beaucoup d’espaces dans lesquels les Polonais se sont engouffrés. Mais la deuxième mi-temps a été bien meilleure, et le score aurait pu être plus ample. Mais l’essentiel était dans la maîtrise, le pénalty concédé au bout du temps additionnel (et tiré très douteusement par Lewandowski, visiblement adepte de Neymar) n’ayant aucune importance.

Quels sont les joueurs en vue ?

On ne sera pas original en citant évidemment Mbappé, auteur d’un doublé tout en puissance et d’une passe décisive sur le but de Giroud. Le Parisien a semblé en plus avoir de la marge en n’ayant pas toujours fait les bons choix, notamment en première période où il a été un peu brouillon. Mais il a martyrisé la défense polonaise qui ne savait plus comment le prendre.

Il ne faut pas oublier Olivier Giroud dans les éloges. Le Milanais est bien plus fort en 2022 qu’en 2018, alors qu’il a, certes comme tout le monde, quatre ans et demi de plus. Son but est très précieux parce qu’il enlève de la pression aux Bleus et qu’il sape le moral de la Pologne au meilleur moment. Mais il n’a pas fait que ça. Il a aussi marqué d’un sublime ciseau un but qui aurait pu être accordé puisqu’il n’y avait pas faute sur Szcesny. Et sur le premier but de Mbappé, alors qu’il s’apprêtait à sortir en se tenant la cuisse, il lance le contre pour Dembélé et ouvre la défense polonaise par un appel croisé, ce qui libère l’espace pour le Parisien.

Malgré une main sur la dernière action du match qui entraîne un pénalty, Dayot Upamecano a encore été impressionnant en défense centrale, dans un registre desaillesque qui a bien soulagé Raphaël Varane, auteur d’un sauvetage sur la ligne alors qu’il y avait encore 0-0. Adrien Rabiot a lui aussi touché beaucoup de ballons au milieu et en a fait bon usage : ses progrès en sélection, depuis son retour il y a deux ans, concrétisent enfin les espoirs mis en lui à ses débuts au PSG.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Ousmane Dembélé a parfois rappelé Jacques Zimako par ses arabesques et ses changements de direction à virages serrés, mais aussi par sa maladresse au moment de conclure. Il lui reste un palier à franchir. Le fera-t-il dans les prochains jours ?

Aurélien Tchouaméni est beaucoup moins rayonnant qu’en début d’année, quand il dominait l’entrejeu français et faisait presque oublier Paul Pogba. Il semble un peu court physiquement, comme s’il n’avait pas vraiment digéré son transfert au Real et son statut de titulaire.

Antoine Griezmann a été un peu en dessous de ses performances lors des deux premiers matchs du tournoi. Il ne s’est pas créé d’occasions et n’est pas impliqué dans les buts français. Ses coups de pieds arrêtés (coups francs et corners) n’ont pas toujours été bien dosés.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

L’obstacle polonais passé, voici donc l’Angleterre en quart de finale, samedi à 20h. Ce sera évidemment un cran au-dessus face au vice-champion d’Europe et qui aura été constant depuis, malgré un petit coup de mou contre les Etats-Unis au premier tour (0-0). Contrairement au Brésil, au Portugal ou à la France, l’Angleterre n’a pas pu faire tourner lors du troisième match, ce qui peut avoir son importance en terme de fraîcheur des titulaires. Ce France-Angleterre sera en tout cas le tout premier en match à élimination directe : les précédentes confrontations en phase finale avaient toujours eu lieu au premier tour (1966 et 1982 en Coupe du monde, 1992, 2004 et 2012 à l’Euro). La France n’en avait gagné qu’une seule, avec un incroyable doublé zidanesque coup franc + pénalty dans le temps additionnel. Un scénario qu’on prendrait volontiers, même s’il est déconseillé aux cardiaques.

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