Bleu de presse #9

Publié le 2 septembre 2020 - Bruno Colombari

Il n’y a pas que l’équipe de France qui fait sa rentrée à Clairefontaine. La revue de presse est elle aussi de retour, avec son cartable un masque, du gel et deux petits nouveaux dont un qui a l’âge de passer le bac.

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En annonçant sa liste des 23, le 27 août dernier, Didier Deschamps a créé la surprise moins par ses trois nouveaux convoqués (Aouar et Upamecano étaient prévisibles, Camavinga pas très loin) que par le retour d’Adrien Rabiot. Sur le site de France Football, Théo Troude dresse la chronologie d’un rabibochage inattendu en sur cinq dates qui résument l’affaire, depuis la lettre ouverte du 25 mai 2018 à sa convocation du 27 août 2020 en passant par l’intervention de sa mère sur le plateau de la chaîne L’Equipe en janvier dernier.

Le rappel de Rabiot a été l’occasion, encore une fois, de reparler de Karim Benzema sur le mode « deux poids, deux mesures », un registre où l’on n’attendait pas vraiment Nicolas Ksiss-Martov sur le site de SoFoot. « Personne n’est puni à vie » sauf Benzema. « Si les situations ne se comparent évidemment pas, point par point, la différence de traitement que subit par contre-coup Karim Benzema laisse sceptique, jusque dans le comportement du sélectionneur et de la fédération. »

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Plus classiquement, France Football du 1er septembre consacre sa Une et son interview long format (8 pages) à Didier Deschamps, qui l’affirme : « tous les compteurs sont remis à zéro ». Interrogé par Patrick Urbini, le sélectionneur réaffirme sa sérénité (« je ne suis pas inquiet de nature »), fait le constat que « aujourd’hui, tous les compteurs sont remis à zéro », regrette que « le huis clos, ce n’est pas du vrai football », mais rappelle qu’ « il y a pire quand même que d’être champion du monde ».

Concernant l’évolution tactique à venir, « l’idée c’est d’être à la fois moins prévisible pour l’adversaire tout en conservant nos points forts. » Et toujours s’adapter, encore plus dans le contexte actuel : Deschamps révèle ainsi qu’il a appris le test positif de Pogba une heure avant d’officialiser sa liste jeudi dernier. Il évoque aussi le positionnement de Rabiot, les atouts des nouveaux (Upamecano et Camavinga) et les objectifs à court terme (« se qualifier pour le Final Four de la Ligue des Nations, et régénérer le groupe. »)

La chaîne YouTube de la FFF lui consacre une vidéo de 7 minutes enregistrée quelques heures après l’annonce de la liste. Il dit notamment quelques mots sur Eduardo Camavinga : « C’est peut-être trop tôt, mais je suis convaincu que c’est un joueur qui a le potentiel pour venir en équipe de France. »


 

Le quotidien Ouest France, qui suit le gamin depuis longtemps, n’avait pas attendu cet exploit pour publier un article titré « Camavinga chez les Bleus, une formidable expérience mais le début d’un long chemin ». Julien Stéphan, l’entraîneur du Stade Rennais, répond quand on lui demande si cette convocation n’arrive pas un peu tôt, à 17 ans et 9 mois. « J’avais dit la même chose quand il avait débuté à seize ans et demi en Ligue 1. C’est tôt mais est-ce que c’est trop tôt ? On ne le sait que quand on met les joueurs en situation. En l’occurrence, ce n’était pas trop tôt. Il a tout de suite réussi à s’imposer et à confirmer dans la durée. » Sur les qualités de son milieu relayeur, « quand Eduardo a de l’espace, il est capable de mettre ses jambes en route, il lit bien ces espaces-là, il est percutant, il est déstabilisant, il est déroutant… ».

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Après la prestation remarquée du jeune milieu rennais contre Montpellier, le samedi, la presse s’est littéralement enflammée. Dans L’Equipe du 30 août, l’article de Johan Rigaud est joliment titré « Eduardo, pieds d’argent » en hommage au film de Tim Burton et son but en championnat est disséqué en photo, avec un appel en Une (« le show Camavinga »).

Alors que RMC Sports annonce le 30 août que « Nzonzi va épauler Camavinga pour sa première », le champion du monde s’est exprimé à l’issue de la victoire contre Montpellier en Ligue 1 : « Je pense que c’est bien aussi pour lui que je sois là, a estimé Nzonzi en conférence de presse. On sera deux à représenter Rennes. C’est une bonne chose. »

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Sa jeune réputation a déjà franchi les frontières, et notamment en Angleterre The Guardian, qui le qualifie, excusez du peu, de « l’ado le plus excitant du football mondial » sous le clavier de Eric Devin et Adam White qui n’y vont pas avec le dos de la cuillère à thé. « He has the talent to ensconce himself at the top of the European game for the next 20 years. » (Il a le talent pour se hisser au sommet du jeu européen pour les vingt prochaines années).

Enfin, pour finir en images, Guillaume Bigot a filmé pour la FFF lundi l’habituelle arrivée des Bleus au Château. Ils avaient tous le masque, au sens propre du terme. L’habituel défilé des joueurs au premier jour du rassemblement à Clairefontaine portait moins sur les excentricités vestimentaires que sur le petit jeu du qui est qui : pas toujours évident de distinguer un joueur ayant les trois quarts du visage recouvert par un masque chirurgical et la tête coiffée d’une casquette, sans parler des lunettes noires. On notera qu’Eduardo Camavinga est arrivé à pieds (de Rennes, la route est longue, même si Clairefontaine est au sud-ouest de Paris) et que Lucas Hernandez, dont les excentricités vont d’un slow langoureux avec un sapin un lendemain embrumé de titre mondial à s’enfoncer la tête dans la Coupe aux grandes oreilles, s’est contenté d’un masque sous le nez. Peut mieux faire.


 

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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