Champions du monde, et après ?

Publié le 29 août 2018 - Bruno Colombari

Comment les Bleus vont-ils gérer leur deuxième titre mondial ? Avant la rentrée contre l’Allemagne et les Pays-Bas, flash-back sur les quatre matchs d’août à octobre 1998 face à l’Autriche, l’Islande, la Russie et Andorre. Fastoche ? Pas vraiment...

4 minutes de lecture

En août 1998, les Bleus ont encore la tête dans les étoiles, même s’il n’en ont pas encore sur le maillot. Il leur faut digérer le choc énorme du 12 juillet, le chaos médiatique, l’immense vague de popularité et un changement de sélectionneur, même si Roger Lemerre faisait partie des meubles depuis sept mois.

A Vienne qui pourra

Trente-huit jours seulement ont passé depuis la finale de la Coupe du monde quand l’équipe de France retrouve le terrain sur le stade Ernst-Happel de Vienne, en Autriche. Il leur manque Marcel Desailly et Laurent Blanc (suspendus pour le prochain match de compétition à Moscou suite à leurs expulsions en juillet), Fabien Barthez et Christophe Dugarry (forfaits), alors que Patrick Vieira, Emmanuel Petit et David Trezeguet n’ont pas été retenus. Cinq joueurs qui n’étaient pas à la Coupe du monde sont présents sur la pelouse : les Lensois Tony Vairelles (ailier droit) et Frédéric Déhu (milieu), tous deux débutants, l’attaquant auxerrois Lilian Laslandes, le défenseur parisien Alain Goma et l’attaquant marseillais Florian Maurice. Le sixième est le gardien Lionel Letizi. Six sur dix-huit, le brassage est important mais classique pour un match de rentrée.

Dans les compositions ci-dessous, les champions du monde 1998 ayant joué la finale sont en jaune, les autres sont en gris. Ceux qui n’étaient pas à la Coupe du monde sont en bleu. En bleu clair, les débutants. Encadrés de noir, les remplacés et les remplaçants.
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Avec une défense centrale expérimentale composée de Lilian Thuram et Frank Leboeuf, les Bleus vont souffrir après avoir ouvert le score par Laslandes (16e). Les Autrichiens s’enhardissent, égalisent par Haas (41e) puis prennent l’avantage par Vastic (76e). Comme une défaite inaugurale ferait désordre, Boghossian arrache le 2-2 de la tête (83e). Mais ce fut laborieux.


 

Des vendanges en Islande

Le 5 septembre à Reykjavik, les choses sérieuses commencent. L’étoile orne désormais le maillot (blanc) de l’équipe de France, mais la phase qualificative pour l’Euro 2000 commence mal : contre une équipe d’Islande accrocheuse mais alors loin de son niveau actuel, les Bleus patinent, même si Roger Lemerre a aligné une sorte de 4-1-3-2 très offensif, avec Zidane, Djorkaeff et Pirès alignés derrière Dugarry et Laslandes. Ce dernier est le seul non-champion du monde titulaire, alors que Letizi, Goma et Vairelles restent sur le banc, tout comme Candela, Boghossian et Vieira. Thierry Henry, qui disparaîtra ensuite de la circulation pour huit mois, entre à la 68e à la place de Dugarry.

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Alors que les Islandais sont massés devant leur surface, c’est le dénommé Rikhardur Dadason qui ouvre le score (33e) de la tête devant Barthez sorti à l’aventure, sur un coup franc tiré depuis la ligne médiane. Voilà qui fait désordre, même si Dugarry égalise de près après un tir de Pirès repoussé par le poteau (36e). Une tentative de lob de Djorkaeff finit sur la barre en deuxième période, mais voilà encore un nul qui pose question, et surtout deux points précieux semés en route.


 

Gagner à Moscou, déjà

La pression est forte le 10 octobre à Moscou, au stade Loujniki (celui qui accueillera la finale de la Coupe du monde vingt ans plus tard). Une défaite compromettrait gravement les chances de qualification à l’Euro. Roger Lemerre fait du Jacquet avec la défense classique (Lama remplaçant Barthez, forfait). Il n’y a encore une fois qu’un seul non-champion du monde titulaire, l’attaquant d’Arsenal Nicolas Anelka, alors qu’Emmanuel Petit retrouve sa place au milieu. Tony Vairelles ne rentrera qu’à une minute de la fin, alors que Letizi est sur le banc (avec Leboeuf, Candela et Dugarry).

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La première mi-temps est parfaite avec deux buts en moins d’une demi-heure inscrits par Anelka (13e) et Pirès (29e) de l’intérieur de la surface russe. Igor Yanovsky réduit le score juste avant la mi-temps (45e) et Mostovoï égalise à la 56e sur coup franc. Tout est à refaire, mais plutôt que d’enchaîner un troisième nul consécutif, les Bleus se dépouillent et, comme à Vienne, c’est Boghossian qui clôture le score à la 81e. Blanc mettra un pénalty sur la barre en toute fin de match, mais la victoire est déjà acquise (3-2).


 

Et un, et deux, et puis c’est tout

Quatre jours plus tard, les Bleus retrouvent pour la première fois le Stade de France. Il est rare qu’une sélection joue devant plus de public qu’il n’y a d’habitants dans son pays. C’est pourtant le cas d’Andorre (65 800 âmes à l’époque) qui évolue ce soir-là devant 75 428 spectateurs qui attendent le carton.

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A la mi-temps, ils l’attendent encore, puisqu’il y a 0-0 et que les Bleus, sans Henry mais avec Trezeguet, se cassent les dents sur le 4-6-0 andorran qui ne passe presque jamais la ligne médiane. Les Français ne cadrent presque rien, Zidane aurait pu prendre un rouge pour un coup de coude en pleine tête, et il faut attendre la 53e pour voir Candela ouvrir enfin le score de près. Djorkaeff double la mise six minutes plus tard, et c’est terminé. Le public chante « Et un, et deux, et trois zéro » mais Andorre finira la rencontre à 0-2, faisant mieux que le Brésil. Il y a des jours comme ça.


 

Bilan : rien ne sera facile

Les Auxerrois Lionel Charbonnier, Bernard Diomède et Stéphane Guivarc’h n’ont pas été rappelés par Roger Lemerre, qui a lancé deux nouveaux joueurs, les Lensois Vairelles et Déhu. Il a également rappelé Goma, Laslandes, Anelka, Maurice et Letizi, même si ce dernier n’a pas joué. Il a toutefois gardé une ossature de champions du monde, puisque hormis l’amical contre l’Autriche où il n’en avait aligné que neuf, il en a titularisé dix lors des trois matchs qualificatifs pour l’Euro.

Pourtant, le bilan comptable de cet automne 1998 est moyen : deux nuls et deux victoires contre des adversaires, Russie exceptée, largement prenables. Le paradoxe, c’est que les Bleus ont été les plus convaincants lors du match le plus relevé de la séquence, celui de Moscou.

La suite confirmera la tendance, avec les deux nuls (0-0) contre l’Ukraine, deux victoires (2-0 et 3-2) contre l’Arménie, une défaite à domicile face à la Russie (2-3), une victoire arrachée à dix contre onze et à quatre minutes de la fin à Barcelone contre Andorre (1-0) et un succès compliqué face à l’Islande (3-2) pour décrocher la qualification de justesse.

Autrement dit, si les trois mois qui ont suivi le titre n’ont pas été facile, l’année suivante s’est jouée au forceps, avec tout de même une superbe victoire à Wembley contre l’Angleterre (2-0), mais c’était pour du beurre. Les champions du monde 2018 sont prévenus : rien ne sera facile. Mais ils le savent sûrement déjà.

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