Didier Deschamps, saison 12

Publié le 16 août 2024 - Bruno Colombari

L’Euro 2024 est un demi-échec, Giroud est parti, Kanté est revenu, le record de score a été explosé et Warren Zaïre-Emery a fait des débuts météoriques non confirmés.

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Après trois saisons perturbées par le Covid, le report de l’Euro et le décalage de la Coupe du monde en décembre, 2023-2024 aura marqué un certain retour à la normale : l’automne a été consacré à la deuxième partie des qualifications pour l’Euro, le printemps aux matchs amicaux et juin-juillet au championnat d’Europe, lequel se déroulait dans un grand pays de foot, suivez mon regard.


 

Grâce à un début de phase qualificative parfait (quatre victoires en quatre matchs, aucun but encaissé), il n’y avait guère de doutes sur l’issue des éliminatoires. Les deux victoires face à la République d’Irlande en septembre et aux Pays-Bas en octobre avaient plié l’affaire sans encombre, et le méga-carton infligé à Gibraltar n’avait comme objectif, outre de faire tourner les compteurs statistiques, que d’assurer la première place du groupe.

A l’automne, un avertissement sans frais

Mais dans cette mer d’huile apparaissait quelques clapotis : une défaite pas très rassurante en Allemagne en septembre (la première outre-Rhin depuis 1987 !), une défense moins étanche qu’au premier semestre (six buts encaissés en six matchs) et un nul plutôt mal négocié à Athènes en novembre (2-2). Rien de franchement inquiétant, mais une sorte d’avertissement sans frais.

En mars, les deux amicaux face à l’Allemagne et au Chili devaient lancer l’année de l’Euro de la meilleure des manières. Il n’en fut rien. Avec un groupe peu mobilisé en pleine période de Ligue des Champions et de course aux titres nationaux, et privé de Griezmann pour la première fois depuis plus de six ans, les Bleus prenaient l’eau une nouvelle fois contre l’Allemagne (0-2), avec un but encaissé après sept secondes de jeu, record battu, et avaient toutes les peines du monde à contenir le Chili à Marseille (3-2).


 

Le retour inattendu de N’Golo Kanté

Il fallait réagir, et le sélectionneur le faisait en rappelant N’Golo Kanté en mai, lors de l’annonce de la liste des 25 pour l’Euro. Pari audacieux pour un joueur de 33 ans qui sortait d’une année blanche à Chelsea et d’une autre en forme de préretraite de luxe en Arabie saoudite. Mais l’idée était de mettre de la maturité et de l’expérience au cœur d’un groupe fortement rajeuni depuis trois ans, avec notamment l’arrivée de Bradley Barola et la convocation de Warren Zaïre-Emery.

Les deux matchs préparatoires de juin, montés face à des adversaires inattendus et choisis par défaut (Luxembourg et Canada), allaient confirmer les doutes de mars, tout en donnant le ton de l’Euro à venir : pas d’efficacité offensive et une défense solide, quoi que peu sollicitée. Une défense où William Saliba, jusque là peu utilisé (et peu convaincant) en sélection, prenait la place de Konaté.

L’autre surprise tactique, c’était le positionnement haut de Griezmann, juste derrière Giroud. Un choix tactique encore chamboulé en ouverture de l’Euro contre l’Autriche, où le Colchonero se retrouvait côté droit dans un milieu à trois, puis deuxième attaquant aux côtés de Marcus Thuram face aux Pays-Bas, avant de se retrouver sur le banc contre la Pologne.


 

Mais les déplacements incessants de celui qui avait stabilisé l’entrejeu des Bleus au Qatar étaient relégués au second plan par la blessure au nez de Kylian Mbappé en fin de match contre l’Autriche. Même très en dessous de ses standards en sélection, le capitaine des Bleus allait traverser le tournoi en pointillés, absent contre les Pays-Bas, buteur sur pénalty face à la Pologne, sorti en prolongations (à sa demande) contre le Portugal et passeur décisif pour Kolo Muani face à l’Espagne.

Si on ajoute à ça l’inefficacité offensive d’Olivier Giroud, Ousmane Dembélé et Randal Kolo Muani, et les prestations décevantes de Tchouaméni au milieu, il y avait clairement trop de choses qui n’allaient pas dans cette équipe pour espérer faire mieux qu’une place dans le dernier carré. Au passage, les Bleus auront exorcisé face au Portugal leur phoobie des séances de tirs au but, en la remportant sans les trois spécialistes du genre (Griezmann et Mbappé, déjà sortis, et Giroud, pas entré). Il faudra s’en contenter.

L’objectif fixé avant la compétition par Philippe Diallo, président de la FFF, étant atteint, et le contrat de Didier Deschamps allant jusqu’à la Coupe du monde 2026, le débat sur une éventuelle succession a vite été éteint. Le sélectionneur s’étonnant, lors de la dernière conférence de presse de l’Euro, que la question lui soit posée.

Côté chiffres, une saison décevante

Avec ses 50% de victoires (8 sur 16 matchs joués), 2023-2024 est en dessous des standards de l’ère Deschamps (64% depuis 2012), de même que le ratio des défaites (19% contre 16% sur l’ensemble de la période). C’est statistiquement la troisième moins bonne saison parmi les 12 qu’il a vécues, après 2012-2013 (4 victoires et 5 défaites en 11 matchs) et 2014-2015 (5 victoires et 3 défaites en 10 matchs). Elle pointe à une assez peu flatteuse 46e place (sur les 99 saisons comptant au moins 5 matchs joués). Et si on peut rétorquer que deux des trois défaites concernaient des matchs amicaux, à l’inverse on peut répondre que deux des huit victoires ont été acquises face à des adversaires comme Gibraltar et le Luxembourg.

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Cinq nouveaux joueurs qui totalisent 12 sélections

Après plusieurs saisons riches en nouveaux Bleus, 2023-2024 a marqué un net coup d’arrêt, ce qui est logique. Les débutants se comptent sur les doigts d’une main, et aucun d’eux ne s’est imposé depuis. Castello Lukeba et Malo Gusto n’ont fait que passer à l’automne (une sélection chacune, pour une poignée de minutes en fin de match), Jean-Clair Todibo a eu droit à deux matchs pleins comme titulaire (face à l’Allemagne et Gibraltar) mais on ne l’a plus revu depuis.

Warren Zaïre-Emery était parti sur des bases élevées (titulaire et buteur à 17 ans contre Gibraltar), mais il n’a pas confirmé depuis (3 sélections) et s’il a été retenu pour l’Euro, il n’a pas joué la moindre minute. Le seul débutant qui semble avoir percé est Bradley Barcola. Le Parisien n’avait pas la moindre sélection en A avant la liste de mai, et il n’a joué que 5 fois depuis, dont une seule comme titulaire (face à la Pologne). On devrait le revoir à la rentrée, mais probablement comme remplaçant.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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