Les démarrages droit dans le mur

Publié le 31 octobre 2016 - Bruno Colombari

En 2016, Hugo Lloris aura encaissé deux pénalties précoces contre l’Irlande et la Bulgarie. Combien de fois l’équipe de France s’est déchirée lors du premier quart d’heure, en encaissant deux buts ou plus ?

3 minutes de lecture

Les Bleus ont encaissé 137 fois au moins un but dans le premier quart d’heure, dont deux cette année avec les pénalties de l’Irlandais Brady en juin à l’Euro (2e) et du Bulgare Alexandrov en octobre (6e). On se souvient aussi du but de Mats Hummels (13e) au Maracana en juillet 2014, qui avait barré la route d’une demi-finale mondiale. Pour autant, il est assez rare de voir l’adversaire de l’équipe de France fêter un but dans le premier quart d’heure. C’est arrivé seulement treize fois lors des dix dernières années.

On pourrait définir un départ droit dans le mur selon les mêmes critères, mais en les inversant, que pour les départs pied au plancher [1]. A savoir deux buts encaissés entre la première et la quinzième minute. Depuis 1904, c’est arrivé 19 fois seulement, et, comme on peut s’en douter, la plupart du temps c’était avant la deuxième guerre (12 fois). On en dénombre encore quatre dans les années 50, et seulement trois lors des cinquante dernières années.

Les couleurs indiquent le minutage du premier, deuxième et troisième but encaissé dans le premier quart d’heure. Le score final est indiqué à droite.

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La dernière fois que les Bleus ont encaissé deux buts dans le premier quart d’heure, c’était le 26 avril 2000 contre la Slovénie à Saint-Denis. Ce soir-là, les champions du monde en titre avaient encaissé un but de Milinovic à la 3e, puis un autre de Udovic à la 9e, avec Barthez dans les cages. Il avait fallu attendre l’heure de jeu pour voir Trezeguet réduire le score, Blanc égalisant à la 77e et Trezeguet donnant la victoire à la 95e (3-2).
 


 
La fois d’avant date du 12 août 1987 à Berlin. Rudi Völler, qui avait déjà inscrit à Bats le deuxième but allemand à Guadalajara un an plus tôt, lui en plante deux en cinq minutes (4e et 9e). Score final 1-2, Cantona ayant marqué pour ses débuts en sélection.
 


 
Le 24 avril 1968 à Belgrade, le début de match contre la Yougoslavie a tourné au cauchemar pour le gardien Marcel Aubour. Petkovic marque à la 2e, Musemic à la 13e et Dzajic à la 14e C’est le dernier des quatre triplés dans le premier quart d’heure. Les Bleus s’inclineront 1-5.
 


 
Quatorze ans plus tôt à Bruxelles, le même scénario s’était déjà produit avec un but de Mermans (2e) et un doublé de Pol Anoul (5e et 8e). Il ne fallait pas arriver en retard, parce que Jean Vincent avait trouvé moyen de réduire le score entre temps (7e). Score final 3-3.

Car même si un début droit dans le mur entraîne généralement une défaite (12 fois sur 19), ce n’est pas toujours le cas : ainsi, le 1er novembre 1951 contre l’Autriche, l’équipe de France finissait à 2-2 après avoir encaissé deux buts précoces de Körner (12e) et Stjoaspal (15e), mais c’est Grumellon qui avait ouvert le score à la 3e.

Même chose le 23 mars 1930 contre la Suisse à Colombes : le doublé de Lehmann (10e et 13e) n’a pas suffi aux visiteurs pour l’emporter (score final 3-3). Enfin, on retiendra la victoire sur la Belgique le 25 janvier 1914 à Lille (4-3) alors que Van Cant (6e) et Brébart (8e) avaient battu Pierre Chayriguès, et celle du 10 mai 1934 aux Pays-Bas (5-4) après un but de Vente (4e) et un doublé de Bakhuys (7e, 12e).

Il faut maintenant en venir aux cartons que laissaient présager ces débuts de match complètement ratés. Logiquement, c’est la pire défaite de l’histoire des Bleus, le 22 octobre 1908 à Londres contre le Danemark, qui arrive en tête : 0-3 à la 6e minute sur un triplé de Sophus Nielsen (il en marquera sept autres !) et 1-17 au final. C’était trois jours après une autre raclée, toujours face au Danemark et toujours aux JO de 1908, mais la défense avait tenu un peu plus longtemps (Middelboe 10e, Wolfhagen 14e) avant de s’effondrer (0-9). En avril 1910 face à l’Angleterre, les deux buts de Wilson (9e) et Steer (10e) n’étaient qu’un apéritif à la raclée à venir (1-10). Les Pays-Bas feraient presque aussi bien en avril 1923 avec un 1-8 saignant annoncé par les réalisations précoces de Roeter (1e) et Van Linge (15e).

Enfin, si le 0-11 contre l’Angleterre amateur le 22 mai 1909 ne figure pas dans ce bilan, c’est qu’il n’a pas livré tous ses secrets : le minutage des buts nous apprend seulement que le score fut ouvert à la 4e, et qu’il y avait déjà 0-6 à la 26e. On peut supposer que plusieurs autres buts ont été inscrits dans le premier quart d’heure.

[1Lire l’article Ces démarrages pied au plancher.

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