Ronaldo, le blues du fenomeno

Publié le 26 février 2011 - Bruno Colombari

Celui qui a annoncé la fin de sa carrière professionnelle le 14 février a beau avoir marqué 62 fois avec le Brésil, il n’y est jamais arrivé contre le Mexique, l’Equateur, le Pérou et... la France. Un autre chauve, Fabien Barthez, lui a barré trois fois la route.

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Quatre-vingt dix-sept sélections, soixante-deux buts marqués : les statistiques de Ronaldo Luiz Nazario de Lima en équipe nationale sont remarquables. Ronaldo est même le douzième meilleur buteur de l’histoire en sélection, selon le classement du site rsssf.com. Sur les 47 pays qu’il a rencontré, Ronaldo a joué quatre fois contre la France : en juin 1997 à Lyon (tournoi de France), en juillet 1998 (coupe du monde) et en mai 2004 (centenaire de la FIFA) à Saint-Denis et en juillet 2006 à Francfort (coupe du monde).

Pendant ces quatre matches que Ronaldo a joué dans leur intégralité, soit six heures de jeu, le Brésil n’a marqué qu’une seule fois : c’était grâce à Roberto Carlos en 1997, sur un coup franc désormais célèbre. Trois fois, le fenomeno avait face à lui Fabien Barthez [1]. Et trois fois, le chauve de Lavelanet a pris le dessus sur le tondu de Rio.

La performance est suffisamment étonnante pour qu’on s’y attarde. Si on regarde à la loupe ces 97 matches et ces 47 pays rencontrés, on découvre que la France est le pays européen le plus souvent défié par les auriverde de Ronaldo : autant que l’Uruguay (4) et un peu moins que le Chili (5), le Mexique et l’Argentine (6). Les adversaires préférés de Ronaldo sont d’ailleurs l’Argentine, le Chili, l’Uruguay et le Vénézuéla (5 buts marqués). A l’inverse, il n’a jamais trouvé le chemin des filets contre le Mexique (en 6 rencontres, dont 5 victoires !) contre la France (4), l’Equateur (3), la Croatie, la Norvège, le Portugal et la Yougoslavie (2).

Si l’on cherche maintenant les bêtes noires du numéro 9, les pays qu’il n’a jamais battus, on retrouve bien sûr la France (2 nuls et 2 défaites), les Pays-Bas (3 nuls), la Norvège (2 défaites), le Portugal (un nul, une défaite), l’Irlande (un nul) et l’Italie (un nul). Sachant que Ronaldo n’a perdu en tout et pour tout que 9 matches avec le Brésil [2], la performance norvégienne est remarquable, d’autant que l’une des deux victoires face au Brésil a eu lieu à Marseille en coupe du monde. Les deux autres fois où Ronaldo a perdu en coupe du monde, c’était contre la France.

Autrement dit, c’est bien la France qui aura posé le plus de problèmes à Ronaldo. Et parmi les gardiens qu’il n’a jamais battus, Fabien Barthez est en haut de la liste. En effet, le Mexique a aligné face à lui quatre gardiens différents (Rios et Campos deux fois, Perez et Sanchez une fois), l’Equateur trois (Cevallos, Villafuerte et Moralez une fois chacun) et le Pérou deux (Ibanez deux fois, Miranda une fois).

La première rencontre date de juin 1997 à Lyon. Barthez est en train de prendre la place de Lama dans les buts, et Ronaldo va quitter Barcelone pour l’Inter de Milan. En première mi-temps, Ronaldo a deux occasions franches en pleine surface française, mais Barthez dévie à chaque fois au-dessus de la barre.

On se souviendra toujours des arrêts décisifs de Fabulous Fab [3] le 12 juillet 1998 face à un Ronaldo certes très diminué par ses convulsions de l’après-midi, mais toujours menaçant : une prise de balle en deux temps sur la ligne suite à un centre-tir vicieux, un choc en fin de première période sur une sortie à la limite de la surface, et un superbe arrêt en deuxième mi-temps sur une frappe tendue à six mètres de la cage.

Sa revanche, c’est en club que Ronaldo la prendra cinq ans plus tard, en avril 2003 en quarts de finale de ligue des champions. Le Brésilien jouait en pointe au Real Madrid tandis que le Français gardait les buts de Manchester United. A l’aller, le Real l’emporte 3-1 mais Ronaldo ne marque pas. Ce n’est que partie remise : le 23 avril à Old Trafford, Barthez vit un calvaire face à un Ronaldo intenable qui le bat trois fois et qualifie son équipe (4-3).

L’année suivante, c’est avec gourmandise que Ronaldo prépare le France-Brésil à Saint-Denis, mais Barthez ne joue pas et c’est Coupet qui réussit son meilleur match en Bleu et qui sauve le 0-0, détournant une frappe du Brésilien et le devançant sur une balle en profondeur qui allait un peu trop vite pour un avant-centre déjà bien empâté.


 

En 2006, un Ronaldo en bout de course ne parvient pas à tromper Barthez, bien protégé par un double rideau formé par Vieira, Makelele, Thuram et Gallas. Une tête au-dessus sur un centre de Ronaldinho à la 5e, une frappe trop croisée et tir de 22 mètres à la 90ème minute repoussé par Barthez qui s’est bien couché. C’est fini pour le Fenomeno, qui ne portera plus jamais le maillot du Brésil. Il restera deux matches à Barthez, qui mettra un terme à sa carrière après la finale de Berlin.


 

[1Grégory Coupet était titulaire en 2004

[2C’est un de plus que Zidane, qui compte pourtant 108 sélections.

[3Son surnom à Manchester, où il a joué de 2000 à 2003.

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