Luigi Castiglioni, les Bleus à l’affiche

Publié le 10 juillet 2020 - Richard Coudrais

Dans les années 1970, plusieurs rencontres de l’équipe de France ont fait l’objet d’une affiche signée Luigi Castiglioni, un des plus grands noms de l’art dans le sport.

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L’affiche a toujours tenu une place importante dans le monde du sport. Qu’il s’agisse des Jeux Olympiques, de la Coupe du Monde de football, et d’autres épreuves sportives de premier plan, les organisateurs ont toujours soigné ce support publicitaire au point qu’aujourd’hui leurs reproductions font le bonheur des collectionneurs.

Du gant de boxe au ballon rond

Au début des années 1970, le journal Paris-Match cherche à donner un nouveau souffle artistique dans la création des affiches dont il a la charge, notamment celles des rencontres de l’équipe de France au Parc des Princes.

A l’occasion de la rencontre France-Danemark du 27 novembre 1973, Jean Prouvost (co-fondateur et patron de Paris-Match) fait appel à Luigi Castiglioni. Ce publicitaire italien installé à Maisons-Laffitte est devenu l’artiste en vogue depuis l’affiche qu’il a réalisé pour le combat de boxe opposant Jean-Claude Boutier à Carlos Monzon au stade de Colombes le 17 juin 1972.

L’ancien élève de l’Académie des Beaux-arts de Brera réalise depuis la plupart des affiches des combats organisé dans la capitale française. Celles-ci représentent souvent un poing ganté triomphant dans une ambiance onirique teinté de psychédélisme, clairement ancrée dans l’esprit des années soixante-dix.

Passer du noble art au ballon rond ne pose aucun problème à l’artiste. Celui-ci a joué au foot, notamment dans les équipes de jeunes de l’Inter Milan, club dont il est resté supporter. L’affiche qu’il propose pour France-Danemark ne déçoit pas ses commanditaires.

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Un énorme ballon rond occupe une grande partie du visuel. Il semble se déplacer à grande vitesse de la droite vers la gauche, rompant avec les règles graphiques qui préconisent un effet de meilleure qualité en sens inverse. Dans le sillage du ballon naissent de fines gouttelettes dont on ignore s’il s’agit d’eau ou de sueur. La sphère se dirige vers un point lumineux placé sur la gauche de l’affiche. Au dessus, on découvre un gardien de but qui voit un ballon lui échapper, représentant la pensée fixe de ce ballon lancé à pleine vitesse.

La balle au centre

Le ballon de type Telstar au centre de l’affiche sera une constante de l’oeuvre footballistique de Castiglioni. Le relief de l’icosaèdre tronqué cher à Adidas est ainsi mis en valeur au même titre que les poings gantés sur les affiches de boxe, avec un effet de puissance dévastatrice. Quand l’Italien se consacrera au tennis, il fera de la petite balle jaune le même élément central doté de la même force visuelle.

Le 24 mars 1974, l’équipe de France reçoit la Roumanie au Parc des Princes et l’affiche de la rencontre est de nouveau confiée à Castiglioni. Cette fois, c’est un ballon minuscule qui est au centre de l’affiche, posé sur… un énorme ballon qui semble servir de terrain. Au deuxième plan figure une cage sur fond de ciel rouge. Il s’agit d’une représentation du penalty selon l’auteur.

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Un mois plus tard, l’équipe de France reçoit l’Ajax d’Amsterdam pour une rencontre qui inaugurera les matchs au profit de l’UNFP que les Bleus disputeront annuellement contre des équipes de clubs. Castiglioni livre pour ce match ce qui sera sans doute la plus célèbre de ses illustrations footballistiques, la plus saisissante surtout : un ballon Telstar qui explose sur un fond couleurs de feu.

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Luigi Castiglioni réalisera beaucoup plus tard une autre affiche pour un match de l’équipe de France, celle du France-Brésil du 1er avril 1978, offert en poster dans le magazine Onze. On y voit deux footballeurs, portant les tenues de chaque sélection, surgir ballon au pied de chaque côté de l’affiche et semblant destinés à se percuter en son centre. Cette affiche déçoit un peu, il lui manque quelque chose. Probablement le ballon central si caractéristique de l’oeuvre de l’artiste.

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L’affichiste italien a réalisé de nombreuses autres affiches pour le football, notamment quelques finales de Coupe d’Europe. Il consacre ensuite son talent d’illustrateur essentiellement à la presse. Il conçoit le fameux ballon composés de drapeaux qui fera la couverture du premier numéro du magazine Onze. Il couvrira le mondial 1978 pour le magazine Télé-Foot et pour le mensuel italien Guerin Sportivo, un magazine décalé où de nombreux illustrateurs se sont… illustrés.

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Par la suite, on retrouvera les oeuvres de Castiglioni en couverture de nombreux ouvrages sur le football, notamment la première édition de « 100 ans de football en France » de Pierre Delaunay, Jacques De Ryswick et Jean Cornu édité par la FFF chez RMC éditions (1982). Castiglioni reviendra avec l’équipe de France en 1983 pour la publicité d’un assureur, où un ballon bleu blanc rouge traverse la voie lactée en dispensant d’étranges gouttes sur son passage.

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Outrage des modes et du temps, le style Castiglioni s’érodera quelque peu au cours des années 1980. Cela n’empêchera pas la Fédération Française de Football de commander en 1994 l’affiche de son 75e anniversaire . L’Italien composera également quatre dessins à l’occasion de la Coupe du Monde 1998. Luigi Castiglioni a réalisé plus de 300 illustrations dont la moitié consacrées au sport et une trentaine pour le football. Il est mort en 2003 à l’âge de 66 ans laissant pour la postérité une œuvre originale et un style inimitable.

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Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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