21 questions pour 2021

Publié le 1er janvier 2021 - Bruno Colombari

Parce qu’elle sera forcément meilleure que la précédente (ce n’est pas difficile), on attend avec impatience ce que nous réserve 2021. Voici l’habituel exercice du 1er janvier, sans aucune garantie de fiabilité évidemment.

7 minutes de lecture

A quand du public dans les stades ?

C’est la grande inconnue. Peut-être en mars avec une jauge réduite, sans doute à l’Euro là aussi avec un nombre limité de spectateurs. Si tout va bien, on peut raisonnablement espérer voir des stades pleins en septembre. Le cas contraire serait très inquiétant.

La France gagnera-t-elle l’Euro ?

L’enchaînement de conquête de la Coupe du monde et de l’Euro est très compliqué, on le sait : les deux précédents remontent à 2012 pour l’Espagne et à 2000 pour la France. Aucune sélection ne l’a fait deux fois. Mais 2021 est particulier : il y aura trois ans d’écart entre les deux compétitions, ce qui signifie moins de continuité pour les équipes. Et surtout, l’Euro arrivera au terme d’une saison complètement déstructurée, sachant que de nombreux internationaux français évoluent dans des clubs disputant l’Europe. Autant d’incertitudes qui rendent assez peu probable un doublé des Bleus.

La France gagnera-t-elle la Ligue des Nations ?

C’est déjà plus jouable. Il faudra certes battre des Belges forcément revanchards (sauf s’ils ont déjà éliminé les Bleus à l’Euro). Mais sur 90 minutes, c’est tout à fait possible. Ensuite, il restera à vaincre l’Italie ou l’Espagne en finale. Mais le mois d’octobre est plutôt favorable à l’équipe de France, à condition que les internationaux n’aient pas laissé trop de jus pendant l’été.

La France se qualifiera-t-elle pour la Coupe du monde 2022 ?

Le contraire serait une énorme surprise, compte tenu du niveau de ses adversaires dans le groupe éliminatoire. Il faudrait une conjonction particulièrement défavorable pour voir les Bleus mis en difficulté et contraints de jouer les barrages (s’ils finissent deuxièmes). Attention quand même à la configuration particulière de cette année 2021, avec une phase finale placée au milieu des éliminatoires.

Quel groupe des 23 pour l’Euro ?

Didier Deschamps a dit il y a quelques jours que sa liste était déjà faite, avant de revenir sur ses propos. Sauf blessure, suspension (puisqu’il y a trois matchs de compétition en mars) ou gros coup de mou, elle devrait être très proche de celle-ci : Lloris, Mandanda et Maignan ; Pavard, Dubois, Zouma, Varane, Kimpembe, Lenglet, Hernandez et Digne ; Kanté, Nzonzi, Camavinga, Pogba, Rabiot et Tolisso ; Griezmann, Mbappé, Giroud, Martial, Coman et Thuram.

L’Euro aura-t-il lieu dans un seul pays ?

Ce serait beaucoup plus raisonnable que cette idée absurde (merci Platini) de jouer une phase finale dans 12 villes de 12 pays différents, de l’Irlande à l’Azerbaïdjan. Il était question, à l’automne, de regrouper les matchs en Angleterre (les demi-finales et la finale étant déjà programmées à Wembley). Mais la flambée actuelle de Covid en Grande-Bretagne ne plaide pas en sa faveur.

Griezmann sera-t-il le neuvième centenaire ?

Il lui reste quatorze sélections à obtenir pour rejoindre Lloris et Giroud dans les internationaux à plus de cent capes. Sachant qu’il y aura entre 15 et 19 matchs en 2021, et que Griezmann n’en a plus manqué depuis juin 2017, c’est très probable. En tout cas, si pour une longue période de forfait qui lui ferait manquer plusieurs matchs, il n’y arriverait pas cette année, ce sera certainement pour 2022.

La France terminera-t-elle l’année invaincue pour la première fois depuis dix ans ?

C’est très improbable et ce n’est pas si important, à condition évidemment de ne pas perdre les matchs à élimination directe à l’Euro. Les dernières années sans défaite remontent à 2011, 2005 et 1991, et il n’y avait pas de phase finale. La seule fois où c’est arrivé avec un tournoi au milieu, c’était en 1984. Depuis que Deschamps est sélectionneur, jamais les Bleus n’ont fini une année invaincus.

Un Français sera-t-il Ballon d’Or ?

Il faudrait pour cela, compte tenu du poids constant de la Ligue des Champions dans la désignation du lauréat, qu’un Français gagne cette Coupe d’Europe, en plus d’une grande performance à l’Euro, à savoir au moins une demi-finale et un nombre significatif de buts marqués. Sachant que les seuls à pouvoir y prétendre sont Antoine Griezmann et Kylian Mbappé, leurs chances dépendront des parcours européens de Barcelone et du PSG, plus que des performances des Bleus à l’Euro. Or, le Barça et le PSG se rencontrent dès les huitièmes de finale, ce qui éliminera l’un des deux prétendants.

Quels joueurs débuteront en sélection ?

D’ici l’Euro, compte tenu du grand brassage de l’automne 2020, il est peu probable que Didier Deschamps lance de nouveaux joueurs. Par contre, il y en aura certainement au second semestre, même s’il ne comptera que des matches de compétition (cinq en qualification pour 2022 et deux en Ligue des Nations). Lesquels ? Peut-être Jules Koundé et Wesley Fofana, éventuellement Mattéo Guendouzi ou Théo Hernandez. Illan Meslier serait une très grosse cote, mais j’aimerais bien le voir.

Quels joueurs termineront leur carrière internationale ?

Question très difficile à répondre. Les trois joueurs les plus âgés du groupe actuel sont Steve Mandanda (35 ans), Olivier Giroud et Hugo Lloris (34). Mais les deux derniers sont titulaires, et si Mandanda met un terme à sa carrière internationale, ça ne changera pas grand chose à l’équilibre de l’équipe. Ça ouvrirait la porte à un retour d’Alphonse Areola ou à l’arrivée du très prometteur Illan Meslier.

Qui sera le meilleur buteur en 2021 ?

Spontanément, j’aurais tendance à répondre Giroud, puisque l’avant-centre de Chelsea a déjà décroché le pompon cinq fois lors des six dernières saisons. Mais celle qui lui manque est 2018, où il avait fait un zéro pointé en Russie. L’Euro 2016 lui avait été plus favorable (trois buts), mais un retour au plus haut niveau de Mbappé est quand même plus probable, à moins que Griezmann ne mette tout le monde d’accord. Ce sera de toute façon un de ces trois-là.

Giroud deviendra-t-il le meilleur buteur de l’histoire des Bleus ?

La barre des 51 buts semble quand même un peu haute, mais le nombre élevé de rencontres en 2021 (entre 15 et 19) va donner des opportunités à Giroud. Tout va dépendre de combien de matchs il va jouer. S’il participe à tous (comme il l’a fait en 2017, 2018 et 2020), c’est faisable. Comme il compte 44 buts (en 105 sélections), s’il en marque 7 avant sa 123e cape il sera premier. Il a dépassé ce total dans l’année à deux reprises, en 2016 et 2017 (8 buts).

Qui sera le tireur de pénalties en 2021 ?

Après sept réussis entre 2016 et 2018, voilà que Griezmann s’est mis à en manquer un, puis deux, puis trois... Seul Jean-Pierre Papin en avait manqué autant (pour cinq transformés), mais il n’en avait plus eu l’occasion d’en tirer après son dernier échec contre l’Australie en mai 1994. Olivier Giroud a marqué les quatre qu’il a tentés, et Mbappé s’est chargé du cinquième. Donc logiquement on dira Giroud en priorité et Mbappé si le premier n’est pas sur le terrain. Griezmann n’arriverait qu’en troisième position, sauf s’il retente sa chance lorsqu’un score est acquis et qu’il le transforme.

Quel programme pour les amicaux de juin ?

Pour l’instant, rien n’est calé. On ne sait pas non plus s’il y en aura deux ou trois, mais la deuxième option est possible, vu que les Bleus débutent lors du cinquième jour de l’Euro (le 15 juin). En toute logique, ce sera contre des équipes qui ne participeront pas au tournoi, ou que la France a peu de chance de croiser en élimination directe. Ça peut aussi être des équipes africaines ou sud-américaines.

Quelles seront les conséquences de la saison 2020-2021 ?

Le fait d’avoir terminé la saison précédente pendant l’été a décalé la reprise de l’actuelle d’un bon mois, et écrasé les calendriers, notamment celui des phases de poule de Ligue des Champions. De nombreux matchs de championnat ont été aussi reportés, créant un embouteillage dans les calendriers nationaux. L’idée brillante de recaler les amicaux du printemps dans les semaines internationales d’octobre et de novembre n’a rien arrangé. Résultat, les internationaux anglais, allemands, espagnols et français vont arriver à l’Euro essorés par une saison démentielle.

Les 50% de victoires seront-ils atteints en 2021 ?

Oui. Avec un poil de réussite en plus, l’objectif aurait même pu être atteint dès 2020, mais pour cela il aurait fallu faire carton plein (huit victoires sur huit). Actuellement, l’équipe de France a gagné 430 de ses 864 matchs, soit 49,77%. Si elle remporte ses quatre prochaines rencontres (les trois de mars et la première de juin, qui sera un amical), elle totalisera 434 victoires sur 868. L’objectif sera également atteint si elle gagne sept des dix prochains matchs, ou neuf sur quinze. Très probable. La dernière fois que l’équipe de France a compté 50% de victoires, c’était le 12 février 1905 contre la Suisse, lors du deuxième match de son histoire. Il y a bientôt 116 ans, donc.

Un 0-0 contre le Portugal au premier tour ?

J’avais déjà posé cette question le 1er janvier 2020, mais il n’y avait pas eu d’Euro et donc pas de premier tour. A l’époque, faire 0-0 contre le Portugal semblait très improbable puisque ce n’était jamais arrivé en 25 matchs. Depuis, il y en a eu un en octobre dernier au Stade de France. Donc la solide tradition du 0-0 lors du troisième match de phase finale (Equateur en 2014, Suisse en 2016 et Danemark en 2018) a de bonnes chances de se perpétuer, d’autant que c’est un résultat qui pourrait qualifier les deux équipes grâce à la règle du meilleur troisième. Pour le Portugal, évidemment.

Y aura-t-il un match avec des prolongations en 2021 ?

Spontanément je dirais oui, avec potentiellement six matchs à élimination directe (quatre à l’Euro, deux en Ligue des Nations). Mais les Bleus de Deschamps n’en ont joué qu’une fois, en juillet 2016 contre le Portugal en finale de l’Euro, et ils ont perdu (0-1). Alors qu’ils ont participé à onze matchs à élimination directe : le retour contre l’Ukraine en novembre 2013, le Nigeria et l’Allemagne en juillet 2014, l’Irlande, l’Islande, l’Allemagne et le Portugal en juin-juillet 2016, l’Argentine, l’Uruguay, la Belgique et la Croatie en juin-juillet 2018. A l’époque de Jacquet, l’équipe de France avait disputé quatre prolongations sur six possibles.

Faut-il craindre une séance de tirs au but ?

C’est un exercice compliqué pour les Bleus, puisqu’ils l’ont réalisé huit fois entre 1982 et 2006, avec un résultat mitigé : quatre victoires et quatre défaites. En compétition (puisqu’il y a eu deux amicaux avec des tirs au but, les tournois Hassan-II en 1998 et 2000), le bilan est également équilibré avec 3 succès pour 3 échecs. Mais les séances de tirs au but sont plus fréquentes en Coupe du monde (4) qu’à l’Euro (2). Et franchement ? Elles ne nous manquent pas.

Où joueront Griezmann et Mbappé en août ?

Bien malin qui peut le dire à l’heure actuelle. La logique voudrait que ce soit Barcelone pour le premier et le Paris SG pour le second, puisqu’ils sont encore sous contrat jusqu’en 2024 (Griezmann) et 2022 (Mbappé) et que la crise sanitaire grippe sérieusement le marché des transferts. Mais celui dont le club sera éliminé début mars de la Ligue des Champions aura sans doute des envies d’ailleurs. Une hypothèse possible serait de voir Mbappé au Real et Griezmann à Paris.

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