[889] France-Australie (4-1) : en deux temps, quatre mouvements

Publié le 23 novembre 2022 - Bruno Colombari

Les Bleus se sont fait peur à l’entame de leur Coupe du monde, en perdant d’entrée Lucas Hernandez et en encaissant un but très précoce. Mais ils sont su redresser la barre et s’imposer largement.

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Le résultat était-il prévisible ?

Face à la 38e sélection mondiale, qui ne comptait, sur ses dix derniers matchs, que quatre victoires face au Vietnam, aux Emirats Arabes Unis et à la Nouvelle-Zélande, les Bleus étaient évidemment donnés largement favoris. Mais ils se souvenaient aussi à quel point ils avaient sué, en juin 2018 à Kazan, dans les mêmes circonstances et face au même adversaire. L’objectif était donc de l’emporter, brillamment ou pas, et de terminer l’inquiétante séquence de la Ligue des Nations (une victoire, trois défaites et deux nuls). Objectif largement atteint, même si, à la différence notable de 2018, il y a eu de la casse. On saura dans quelques jours à quel point la blessure de Lucas Hernandez, qui ne laisse que son frère Théo comme solution alternative, pèsera pour la suite du tournoi.

L’équipe est-elle en progrès ?

On avait l’impression de ne pas avoir vraiment vu l’équipe de France en 2022 : hormis face à une faible Afrique du Sud en mars, elle avait souffert sept fois sur huit et les absences successives ou simultanées de Varane, Benzema, Pogba, Kanté ou Lloris avaient démontré en creux le poids des cadres dans un effectif largement renouvelé. La belle victoire contre l’Australie, qui a rappelé par moments les entames joyeuses et enlevées de 1998 (Afrique du Sud, 3-0) et de 2000 (Danemark, même score), devrait donner de la confiance et quelques repères à une équipe qui en manque encore, hormis sans doute devant, puisque l’attaque est la même qu’en 2018.

Le retour de Varane en défense fera sûrement du bien, car avec la blessure et le forfait de Lucas Hernandez, sur les six joueurs de champ défensifs, il n’y en avait que deux hier avec une expérience internationale significative, Pavard et Rabiot. Et il ne faut pas en chercher d’autres parmi les remplaçants : hormis Steve Mandanda (34 sélections) et Kingsley Coman (41), c’est très juvénile ou très peu capé, voire les deux en même temps.

Cette fraîcheur apportée par ceux qui n’ont pas vécu 2018 peut se retourner en avantage et éviter les désillusions de 2002, mais c’est une question de dosage. Comme toujours, c’est le niveau de jeu des cadres qui fera la différence. Contre l’Australie, il a été bon, même si Lloris a été trop peu sollicité pour juger de son état de forme.

Quels sont les joueurs en vue ?

Il n’a ni marqué ni fait de passe décisive, mais Antoine Griezmann a sans doute joué son meilleur match en sélection depuis bien longtemps. Après un début de rencontre poussif, où le ballon circulait trop lentement face au bloc australien, il est monté en régime et a joué de plus en plus juste, accélérant le jeu et trouvant les intervalles pour servir ses attaquants ou Théo Hernandez côté gauche. Il a été précieux.

Kylian Mbappé a connu un déchet inhabituel, avec plusieurs occasions très franches non converties, mais il s’en est sorti en jouant (enfin) plus collectif et en terminant fort, avec un but de la tête (son deuxième dans cet exercice) et un centre pour Giroud. Sans oublier sa talonnade pour Rabiot sur le deuxième but.

Olivier Giroud, justement, n’a quasiment pas existé pendant les vingt premières minutes, mais son sens du placement lui a permis de convertir du droit une offrande de Rabiot, et d’être à la réception du centre de Mbappé pour le dernier but de la soirée. Son ciseau retourné de la 50e était magnifique, même hors cadre. Il a déjà rattrapé Henry, mais bien sûr, il n’a pas l’intention d’en rester là. Quel joueur !

Adrien Rabiot a démontré qu’il était revenu en grande forme avec la Juventus. Il a débloqué le match presque à lui tout seul en cinq minutes, d’abord en convertissant de la tête un centre de Théo Hernandez, puis en remisant parfaitement pour Olivier Giroud. On l’a moins vu en deuxième période, mais son apport a été important, même s’il a un peu négligé les tâches défensives.

Théo Hernandez ne pensait sans doute pas débuter sa Coupe du monde en remplaçant son frère après 13 minutes, mais il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour rappeler ce qu’il avait fait en Ligue des Nations il y a un an sur l’aile gauche. Passeur décisif pour Rabiot, il a abreuvé l’attaque de centres en deuxième mi-temps, qu’il a joué sur l’aile gauche.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Le match d’Ousmane Dembélé n’est pas mauvais, mais le Barcelonais a beaucoup gâché par manque de lucidité au moment de lâcher le ballon, alors qu’il a fait de grosses différences côté droit en première mi-temps. Pas sûr qu’il continue le tournoi avec le statut de titulaire.

La défense centrale Konaté-Upamecano est très jeune et ça s’est vu. Plutôt bons dans la relance (surtout le deuxième), ils ont laissé un peu trop d’espace aux Australiens dans l’axe. Chacun des deux sera bien meilleur avec Varane à ses côtés.

Benjamin Pavard est fautif sur le but australien, en laissant partir Goodwin dans son dos. Il n’a pas apporté grand chose dans le couloir droit, et sa relation avec Tchouaméni et Dembélé n’a pas été très convaincante.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Le France-Danemark de samedi pèsera sûrement lourd dans la suite de la compétition. Grâce au 0-0 entre les Danois et les Tunisiens, une victoire enverrait les Bleus en huitièmes et permettrait à Didier Deschamps de faire tourner l’effectif contre la Tunisie mercredi prochain, comme il l’avait fait en 2014 contre l’Equateur, en 2016 face à la Suisse et en 2018 devant les Danois. Mais ce ne sera pas le seul enjeu de ce match : les Bleus ont perdu deux fois contre les coéquipiers d’Eriksen en trois mois, et une troisième défaite contre le même adversaire en six mois ne serait pas seulement inédite : elle effacerait la confiance générée par les débuts réussis contre l’Australie.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal