Le résultat est-il prévisible ?
Sur la dynamique de la saison actuelle des deux protagonistes, ce match-là avait toutes les caractéristiques d’un piège parfait. Autrement dit, un match nul n’était pas à écarter, surtout en se souvenant des difficultés rencontrées par les Bleus en ouverture de tournoi en 2016 (Roumanie) et 2018 (Australie).
Mais le jeu autrichien, basé sur la vitesse et l’intensité, n’est pas non plus une garantie de sécurité contre un adversaire supérieur techniquement dans quasiment tous les postes. En clair, une équipe de France évoquant à son niveau (comme face aux Pays-Bas, l’Ecosse ou l’Irlande en 2023) avait largement les moyens de l’emporter, même avec un écart réduit.
C’est finalement ce qui s’est passé, mais à un coût extrêmement élevé, avec un forfait potentiel de Kylian Mbappé pour le reste de la compétition. Et vu les grandes difficultés des Bleus pour concrétiser leur domination, l’absence de leur capitaine, si elle devrait être définitive, ressemblerait à celle de Zidane en 2002.
L’équipe est-elle en progrès ?
Oui, autant dans l’intensité, dans la volonté et dans la discipline collective, c’est bien meilleur que lors des quatre matchs amicaux de cette année. Il reste cependant à la fin de cet Autriche-France une frustration de ne pas avoir fait mieux, notamment dans le secteur offensif où les lacunes dans la finition ont été flagrantes. Perdre le capitaine et meilleur buteur depuis la Coupe du monde dans ce contexte est évidemment inquiétant. Même si les ressources offensives sont nombreuses et variées (avec Marcus Thuram et Olivier Giroud dans l’axe, Kingsley Coman, Bradley Barcola, Ousmane Dembélé et Randal Kolo Muani sur les côtés), il faudrait qu’elles retrouvent de toute urgence un minimum d’efficacité devant le but. Car N’Golo Kanté ne pourra pas toujours tout faire, quand même.
Quels sont les joueurs en vue ?
Il a fini le match avec le brassard, et franchement, c’est largement mérité, tant le champion du monde 2018 a survolé le match de bout en bout. A part arrêter un pénalty ou marquer d’un retourné en lucarne, on ne voit pas ce qu’il aurait pu faire de plus. Les Autrichiens ont énormément souffert dans l’entrejeu, et si Adrien Rabiot, auteur d’un très bon match, a fait sa part, on ne dira jamais assez à quel point ce Kanté-là est indispensable.
Aligné dans l’axe gauche de la défense à côté de Dayot Upamecano, William Saliba a confirmé les espoirs et la confiance que Didier Deschamps place désormais en lui. Même s’il a été pressé constamment en première mi-temps sur ses ballons de relance, il n’a jamais paniqué, et malgré quelques situations chaudes, il a bien géré son affaire. A droite, Jules Koundé a alterné le bon et le moins bon : parfois dépassé dans le couloir, il a signé plusieurs interventions salutaires dans la surface, quand il était plutôt en position de troisième défenseur central.
Mike Maignan est intervenu plusieurs fois avec autorité et détermination quand les Autrichiens sont entrés dans la surface française, notamment devant Baumgartner (36e et 78e). Il a systématiquement cherché à relancer vite à la main.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Kylian Mbappé a continué sur la lancée des précédents matchs, sans réussite, même s’il a semblé plus percutant. Il manque quand même une occasion inmanquable à la 55e, du moins pour lui, après avoir pris de vitesse Danso puis Wöber et s’être présenté plein axe devant Pentz. Tout le monde a vu la balle au fond, mais le tir n’était pas cadré. Et il sort blessé après avoir percuté l’épaule de Danso en voulant reprendre un ballon de la tête. Décidément, l’Euro ce n’est pas pour lui.
On se demandait avant la compétition si les Bleus pourraient compter sur un grand Antoine Griezmann à l’Euro. On se le demande encore après le match contre l’Autriche où le numéro 7 français a à peu près tout manqué, y compris une balle de but à la 66e sur un centre de Théo Hernandez. En début de match, ses coups francs ont systématiquement été renvoyés par la défense autrichienne ou captés par le gardien adverse. Et dans l’entrejeu il n’a jamais eu son rayonnement de la dernière Coupe du monde.
Ousmane Dembélé a beaucoup tenté, surtout en première période, mais a connu trop de déchets dans son jeu. A sa décharge, il a parfois été oublié, notamment par Griezmann sur un contre très intéressant à la 19e.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Les Pays-Bas ayant battu la Pologne (2-1) pour leurs débuts, le match contre la France vendredi soir sera directement qualificatif pour le vainqueur mais pas éliminatoire pour le battu. Un nul arrangerait même les deux équipes, avec l’inconvénient de limiter les possibilités de rotation pour la troisième rencontre. A noter que le match Autriche-Pologne se jouera à 19h et que les Bleus connaîtront donc le résultat avant d’entrer sur la pelouse de Leipzig. Mais d’ici-là, évidemment, la situation de Kylian Mbappé va mobiliser tous les esprits, même s’il semble très improbable qu’il puisse rejouer lors du premier tour. Ce serait toujours mieux qu’un forfait pour le reste du tournoi…
On rappellera en passant que si les Bleus ont battu les Néerlandais cinq fois sur six en qualifications depuis 2017 (pour une défaite en novembre 2018 en Ligue des Nations), ils n’ont jamais été victorieux dans le jeu en trois confrontations à l’Euro (deux défaites en 2000 et 2008, un nul en 1996).