Pour la troisième fois consécutive, l’année 2022 aura vu son calendrier chamboulé. En 2020 et en 2021, c’était à cause de la pandémie. Cette fois, le décalage de la Coupe du monde du début de l’été à la fin de l’automne a fortement perturbé la phase de préparation au tournoi, la supprimant purement et simplement pour une bonne partie des participants, notamment les Européens qui jouaient encore en championnat une semaine avant le match d’ouverture. Le résultat en aura été une vague inédite de forfaits (dix pour l’équipe de France) qui a privé le tournoi de joueurs aussi importants que Sadio Mané (Sénégal), Paul Pogba, N’Golo Kanté et Karim Benzema (France), Diogo Jota (Portugal), Reece James (Angleterre), Timo Werner (Allemagne) ou Amine Harit (Maroc).

En tout, les Bleus auront disputé quinze matchs en 2022, assez inégalement répartis entre mars (2), juin (4), septembre (2) et novembre-décembre (7).

15 matchs pour une année de Coupe du monde complète, ce n’est pas énorme : c’est moins que les deux records du genre (1998 et 2018, avec 18 matchs), ou que 2006 (17), et à hauteur de 1982 ou 2014 (15).

Statistiquement, 2022 n’est pas une bonne année avec seulement 8 victoires sur 15 possibles, et 4 défaites, dont trois concédées lors des six matchs qualificatifs pour la Ligue des Nations (Danemark 1-2 et 0-2, Croatie 0-1) et une en Coupe du monde contre la Tunisie (0-1), la première dans cette compétition depuis 2014. 53% de victoires, c’est le deuxième plus mauvais bilan depuis que Didier Deschamps est sélectionneur, après celui de 2013 (43%), très loin des 82% de 2019. Mais évidemment, ces données statistiques brutes ne disent rien des performances réelles des Bleus, qui ont gagné cinq fois sur sept au Qatar. D’ailleurs, les années des titres mondiaux ne sont pas les meilleures, loin de là, en termes de chiffres : 2018 est 16e et 1998 27e.

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Pour autant, il faut remonter à 2015 pour voir l’équipe de France dominée aussi souvent. Cette année-là, elle s’était inclinée quatre fois (Brésil, Albanie, Belgique et Angleterre), contre certes de plus gros calibres qu’en 2022, Albanie exceptée, mais c’étaient tous des matchs amicaux. En 2022, les quatre défaites ont toutes été subies en compétition, une grande première depuis 1904. Les trois premières ont entraîné l’élimination dès la phase de poule de la Ligue des Nations 2023, mais la dernière n’a pas eu de conséquence.

Plus inquiétant, alors que les Bleus restaient sur une belle série de 23 matchs consécutifs avec au moins un but marqué, ils ont calé une première fois en juin contre la Croatie (0-1), puis encore en septembre au Danemark (0-2) et enfin au Qatar contre la Tunisie (0-1). A chaque fois, ils ont perdu.

Enfin, côté défense, le bilan est insuffisant avec seulement trois clean-sheets (match sans but encaissé) en 15 rencontres : Afrique du Sud en mars (5-0), Autriche en septembre (2-0) et Maroc en décembre (2-0). A chaque fois, l’équipe de France l’a emporté. Ce sera d’évidence un axe d’amélioration à travailler en 2023.

Regardons maintenant les évolutions de score. L’équipe de France n’a mené que pendant 27% du temps, soit un gros quart du total. Elle aura été menée pendant plus de 24%, ce qui est très important, avec deux matchs où l’adversaire a pris deux buts d’avance (Danemark, septembre et Argentine, décembre). Les Bleus auront été menés au score neuf fois sur quinze, et hormis face au Danemark en juin, à chaque fois c’était après avoir concédé le premier but du match. Les seuls renversements de score ont eu lieu en mars contre la Côte d’Ivoire (0-1, 2-1) et en novembre contre l’Australie, où les Bleus, menés précocement 0-1, l’ont finalement emporté facilement (4-1).

Un peu lente au démarrage, dominante à la demi-heure et très efficace dans le dernier quart d’heure et le temps additionnel : voilà ce qui ressort du chronométrage des buts des Bleus en 2022. Ils n’ont marqué qu’une fois dans les dix premières minutes (Théo Hernandez contre le Maroc), alors qu’ils ont encaissé deux buts dans la même période (l’Ivoirien Pépé et l’Australien Goodwin). Mbappé a marqué onze fois sur douze en deuxième mi-temps, et six fois dans le dernier quart d’heure du match. A l’inverse, Olivier Giroud a marqué quatre fois sur sept en première période, autour de la demi-heure de jeu.

Les seize buts encaissés se répartissent relativement uniformément sur toute la durée du match, avec quand même quatre buts concédés dans un intervalle de cinq minutes entre la 34e et la 39e. Ils n’en ont concédé que trois entre la 70e et la fin du temps additionnel, ce qui témoigne de fin de matchs plutôt maîtrisées. Comme en 2021, ils gèrent mieux la deuxième période (19-7) que la première (8-8) où ils font jeu égal. La prolongation ne permet pas de les départager (1-1).