Croatie, le treizième finaliste

Publié le 13 juillet 2018 - Bruno Colombari

En sortant un ancien vainqueur, la Croatie est devenue la treizième sélection de l’histoire à atteindre une finale de Coupe du monde. Et espère bien devenir la neuvième à emporter le trophée.

2 minutes de lecture

C’est la dernière surprise de cette vingt-et-unième édition : en renvoyant l’Angleterre à la maison mercredi à Moscou, la Croatie est devenue le treizième finaliste de la Coupe du monde depuis 1930. Une performance d’autant plus remarquable que le cercle des nations à avoir disputé une finale mondiale est extrêmement fermé : la douzième n’est arrivé qu’en 2010 (Espagne), la onzième en 1998 (France), et la dixième en 1974 (Pays-Bas).

Auparavant, il y avait eu l’Angleterre (1966), la Suède (1958), l’Allemagne (1954) et le Brésil (1950). Les cinq premiers remontent aux années 30, avec l’Uruguay et l’Argentine (1930), l’Italie et la Tchécoslovaquie (1934) puis la Hongrie (1938).

33 finales cumulées pour les 8 vainqueurs

Il est d’ailleurs remarquable que les huit vainqueurs totalisent à eux seuls 33 places en finale (sur 42 possibles) : l’Allemagne 8 (4 gagnées), le Brésil 7 (5), l’Italie 6 (4), l’Argentine 5 (2), la France 3 (1), l’Uruguay 2 (2), l’Angleterre et l’Espagne 1 (1). Les miettes, c’est-à-dire les neuf places restantes se répartissent entre les Pays-Bas (3), la Tchécoslovaquie et la Hongrie (2), la Suède et la Croatie (1).

On voit très bien sur le schéma ci-dessous à quel point, après 1978 (et le passage de 16 à 24 qualifiés en 1982, puis à 32 en 1998), l’extension du format de la compétition a paradoxalement renforcé la domination des anciens champions du monde : sur les dix dernières éditions, sept finales se sont jouées entre deux équipes déjà titrées. Ce n’était arrivé qu’une fois (Brésil-Italie, 1970) lors des onze premières, où une seule autre finale a opposé deux anciens finalistes (Brésil-Tchécoslovaquie, 1962). Dans chaque bannière, le vainqueur est en gras.

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La Croatie en mode Portugal

Si l’équipe de France va jouer dimanche sa sixième finale en tournoi majeur, ce n’est que la deuxième fois qu’elle rencontrera un adversaire moins titré qu’elle, et même pas titré du tout. En 1984, l’Espagne avait déjà remporté un championnat d’Europe des Nations (1964). En 1998, le Brésil était quadruple champion du monde (1958, 1962, 1970 et 1994). En 2000 et 2006, l’Italie était triple championne du monde (1934, 1938 et 1982) et championne d’Europe (1968). Mais en 2016, le Portugal n’avait aucun palmarès, tout juste une finale d’Euro perdue en 2004. On sait comment l’histoire s’est terminée, et s’il est vrai qu’on apprend de ses échecs, espérons que l’équipe de France en aura tiré la leçon.

Ces finalistes qu’on n’attendait pas

Une des constantes des finales mondiales, outre leur manque d’originalité, on l’a vu, est de laisser une porte ouverte à une équipe que l’on n’attendait pas. En 2018, avant le début de la compétition, les favoris étaient le Brésil, l’Espagne et l’Allemagne, la France arrivant ensuite. Personne n’évoquait la Croatie, qui passait plutôt après la Belgique, l’Argentine et le Portugal.

Les éditions précédentes ont ainsi vu arriver en finale l’Argentine en 2014 (là où on attendait plutôt l’Espagne et le Brésil), les Pays-Bas en 2010 (l’Argentine, le Brésil et l’Allemagne avaient des allures de potentiels vainqueurs), la France et l’Italie en 2006 (là où on attendait le Brésil, l’Allemagne, l’Argentine ou le Portugal), l’Allemagne en 2002 (la France était largement favorite), la France en 1998 (plutôt que l’Argentine, l’Angleterre ou l’Italie)...

Une habituée des phases finales depuis 1996

Avec son quatuor expérimenté composé de Rakitic (Barcelone), Modric (Real), Mandzukic (Juventus) et Perisic (Inter), cette Croatie-là ne sort certes pas de nulle part. Rappelons que malgré sa jeune histoire (affiliée à la FIFA en 1992), elle a terminé troisième de la Coupe du monde 1998, a participé aux éditions 2002, 2006 et 2014 (battue au premier tour) ainsi qu’à presque tous les Euros depuis l’édition 1996 (sauf 2000). Et qu’elle a déjà battu un record, en disputant trois prolongations consécutives en huitième, quart et demi-finale.

Une éventuelle victoire croate dimanche serait certes une grosse surprise (autant que celle du Portugal en 2016), mais pas illogique. D’autant que les deux dernières sélections à avoir rejoint le cercle fermé des finalistes mondiaux, à savoir l’Espagne en 2010 et la France en 1998, l’ont emporté dès leur première tentative...

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