En attendant le monde (1) : les années en 8 portent bonheur

Publié le 4 janvier 2018 - Bruno Colombari - 2

Il y a quelque chose entre l’équipe de France et les décennies impaires qui se terminent par un huit. Par chance, ce sont celles des Coupes du monde. Depuis 1938, elles ont toujours été plutôt favorables aux Bleus.

4 minutes de lecture

Que nous réserve 2018 ? Vingt ans après l’apothéose du 12 juillet, les Bleus ont-il une chance de rejoindre l’Uruguay et l’Argentine au palmarès de la Coupe du monde ? En tout cas, force est de constater que les quatre précédentes éditions jouées une année en 8 ont été favorables aux Bleus. Deux d’entre elles ont été jouées à domicile, une a marqué l’entrée des Bleus dans le goths du football mondial et une autre la renaissance d’une jeune équipe prometteuse.

1938 : bienvenue à la maison

Après deux éditions en Uruguay et en Italie, la France est retenue pour accueillir la troisième levée de la coupe Jules-Rimet. Elle fait face en 1936 aux candidatures de l’Argentine et de l’Allemagne, mais l’emporte facilement. Pour la première fois, le pays organisateur et le tenant du titre sont qualifiés directement. Le premier espère bien imiter l’Uruguay et l’Italie, vainqueurs des deux premières éditions.

Le 5 juin, face à la Belgique à Colombes, l’équipe de France dans laquelle Edmond Delfour et le capitaine Etienne Mattler jouent leur troisième Coupe du monde réussit ses débuts avec une victoire (3-1) signée Emile Veinante dès la quarantième seconde et Jean Nicolas, qui inscrit un doublé grâce à une très grosse performance de l’attaquant français Alfred Aston.

Une semaine plus tard, face aux champions du monde italiens, les Bleus jouent le premier quart de finale mondial de leur histoire. Privés de Laurent Bourbotte et Roger Courtois, ils commencent par encaisser un but de Colaussi (7e) sur une erreur de placement de Laurent Di Lorto mais régissent immédiatement par Oscar Heisserer (8e). La puissance de l’attaquant italien Silvio Piola déstabilisera la défense française en deuxième période et les Bleus s’inclinent (1-3) sans avoir vraiment démérité.

France-Belgique est à 11’08 et France-Italie à 16’45.

1958 : une équipe est née

Avec Jean Vincent et Roger Piantoni, l’équipe de France qui se présente en Suède a déjà deux joueurs de haut niveau, des créateurs qui brillent au Stade de Reims depuis un an. Ajoutez-y Just Fontaine, leur acolyte en club mais qui n’a pas montré grand chose en sélection pour l’instant, et Raymond Kopa, éloigné de l’équipe de France depuis son départ au Real Madrid en 1956, et vous obtenez le cocktail parfait pour faire voler en éclats les défenses adverses.

Après un premier tour où ils ont fait parler la poudre en attaque mais se sont fait peur en défense (7-3 contre le Paraguay, 2-3 face à la Yougoslavie, 2-1 contre l’Ecosse), les Bleus se réorganisent : Claude Abbes remplace François Remetter dans les cages, Roger Marche cède sa place à Armand Penverne en défense et Jean-Jacques Marcel revient dans l’entrejeu.

Résultat : un 4-0 sec contre l’Irlande du Nord en quart de finale et une belle demi contre le Brésil. Jusqu’à la sortie sur blessure de Robert Jonquet, les Bleus font jeu égal avec les Auriverde de Pelé, Vava et Didi, mais ils s’effondrent en deuxième mi-temps (2-5). La troisième place est enlevée face à l’Allemagne (6-3) et Just Fontaine devient le meilleur buteur de l’histoire de la compétition (13 buts).


 

1978 : des regrets et des promesses

Quand arrive la Coupe du monde du renouveau, après 12 ans d’absence, l’équipe de France de Michel Hidalgo est affublée du titre aussi flatteur qu’inutile de championne du monde des matchs amicaux. Depuis quinze mois, elle a en effet enchaîné deux victoires à domicile contre les deux derniers lauréats (RFA en février 1977 et Brésil en avril 1978) et deux nuls à l’extérieur contre deux de ses prochains adversaires (Argentine en juin 1977 et Italie en février 1978). Si on ajoute le prestigieux 2-2 de Maracana en juin 1977 face au Brésil, on comprend que l’espoir est sérieux de voir les Bleus faire quelque chose en Argentine.

C’est compter sans un tirage au sort impitoyable qui place d’abord la France dans le quatrième chapeau (celui des quatre équipes considérées comme les plus faibles) et qui l’envoie dans le groupe de la mort, composé de l’Argentine, l’Italie et la Hongrie. L’objectif affiché est d’accrocher au moins l’un des deux premiers pour pouvoir jouer la qualification contre le troisième.

Rétrospectivement, les deux défaites initiales et fatales conclues sur le même score (1-2) ne reflètent pas l’écart de niveau réel entre la France, l’Italie et l’Argentine. Face à la première, les Bleus ont mené pendant toute la première demi-heure et n’ont pas su pousser leur avantage pour se mettre à l’abri définitivement.

Contre la seconde, elle est victime d’un pénalty sévère juste avant la mi-temps et réalise une seconde période de toute beauté : égalisation de Platini à l’heure de jeu, et énorme occasion de 2-1 dix minutes plus tard, gâchée par Six seul devant Fillol. Le résultat brut (élimination au premier tour peut sembler décevant, mais il est riche de promesses : cette équipe-là, jeune et inexpérimentée, fera mal dans l’avenir.


 

1998 : qui l’aurait cru ?

Avez-vous remarqué à quel point les choses sont très fortes pour arriver quand on ne les attend plus ? En janvier 1998, à l’occasion de l’inauguration du Stade de France, il ne devait pas y avoir grand monde pour être convaincu que les Bleus pourraient triompher au même endroit, moins de six mois plus tard.

D’une équipe besogneuse bâtie sur une défense imprenable et un magicien meneur de jeu, Aimé Jacquet va pourtant faire un champion du monde du réalisme, capable d’éliminer le Paraguay et l’Italie à l’usure et d’égaliser contre la Croatie moins d’une minute après avoir été mené au score, pour la première et dernière fois du tournoi.

Mieux, même, réduits à dix contre l’Arabie Saoudite (Zidane), la Croatie (Blanc) et le Brésil (Desailly), les Bleus ne se désunissent pas et franchissent tous les obstacles, finissant en apothéose contre un Brésil écœuré (3-0).


 

Les décennies paires, ce n’est vraiment pas ça...

Autant le 8 est un porte-bonheur pour les décennies impaires, autant il coûte cher pour les décennies paires. En 1908, l’équipe de France est ridicule aux JO de Londres (deux défaites et 26 buts encaissés), en 1928 elle est sortie dès le premier tour contre l’Italie (3-4) et en 1948 elle ne joue que cinq matchs amicaux et en perd deux (face à l’Italie à domicile, encore, et la Belgique).

En 1968 elle est éjectée du Championnat d’Europe avant la phase finale par la Yougoslavie (1-1 à l’aller, 1-5 au retour), en 1988 elle ne participe pas à l’Euro en Allemagne et touche le fond en octobre à Chypre (1-1) et en 2008 elle s’effondre en Suisse contre les Pays-Bas (1-4) et l’Italie toujours (0-2) au premier tour de l’Euro. Par chance, 2028 est encore loin !

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