Génération 1987 : promesses non tenues

Publié le 13 janvier 2025 - Bruno Colombari

En 2007, on pensait qu’elle allait assurer l’après-Zidane avec ses très grands espoirs Benzema, Nasri, Ben Arfa et Ménez. La génération 1987 a certes produit un champion du monde, mais pas celui attendu, puisque c’est Blaise Matuidi.

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Le 16 mai 2004, l’équipe de France U17 remporte le championnat d’Europe de sa catégorie en battant l’Espagne. Le sélectionneur Philippe Bergeroo a fait appel au Marseillais Samir Nasri, au Sochalien Jérémy Ménez et aux Lyonnais Hatem Ben Arfa et Karim Benzema. Il marquent à eux quatre huit des dix buts français.Tous âgés de 17 ans, ils incarnent une génération très prometteuse alors que les champions du monde 1998 quittent la scène (Desailly et Lizarazu après l’Euro, ainsi que Zidane et Thuram, qui reviendront un an plus tard). Ils débutent en Ligue 1 très jeunes, entre août 2004 et janvier 2005.

Parmi les 18 Bleuets de l’Euro U17, il y a aussi le gardien caennais Benoît Costil. Lui débutera en Ligue 1 un an plus tard, mais il lui faudra attendre 2011 pour trouver une place de titulaire, à Rennes. Il fait partie des trois éphémères (une seule sélection) de la génération 1987, les deux autres étant Clément Chantôme et Aly Cissokho.

Gameiro, Rémy et Payet : carrières à éclipses

Entre les deux, il y a quatre joueurs aux destins bien différents. Kevin Gameiro (13 capes) a connu une carrière internationales en deux temps : 8 sélections avec Laurent Blanc en 2010 et 2011, puis cinq ans d’absence et un bref retour sous Didier Deschamps entre septembre 2016 et mars 2017. Loïc Rémy aura au moins eu la consolation de jouer une Coupe du monde (celle de 2014) après avoir manqué l’Euro 2012, même s’il ne jouera que 28 minutes en fin de match contre l’Equateur et l’Allemagne, les deux fois au Maracana. Le troisième, c’est Dimitri Payet. A l’inverse de Rémy, il n’a pas joué de tournoi mondial (pas retenu en 2014, forfait sur blessure en 2018), mais il a brillé à l’Euro 2016, où il a été l’un des meilleurs Bleus avec Griezmann et Pogba.

Matuidi, celui qu’on n’attendait pas



Le dernier est Blaise Matuidi. Tout comme Payet, il est passé par l’AS Saint-Etienne, où il a franchi un palier avant de partir au PSG, puis à la Juventus. Entre temps, il est devenu international au début de l’ère Laurent Blanc, qui l’amènera à l’Euro 2012 mais sans le faire jouer. Didier Deschamps en fait un de ses hommes de base au milieu, et il monte en puissance jusqu’à la Coupe du monde 2018 où, dans un rôle hybride de milieu offensif gauche, il contribue largement à la deuxième étoile. Très précoce également (débuts en pro en novembre 2004), il évolue alors à Troyes en L2, puis éclate vraiment à Saint-Etienne à partir de 2007. La grande différence avec les quatre stars de sa génération, c’est que lui ne fera que progresser en sélection, dont il sera même capitaine en juin 2013 et qu’il quittera en octobre 2019, un an avant son départ pour Miami.

Benzema, au firmament en club, pas en sélection

Il est donc l’élément principal de la génération 1987, du moins côté équipe de France, puisqu’en club Karim Benzema a fait mieux avec cinq Ligues des Champions sous les couleurs du Real et un Ballon d’or en 2022. Mais, s’il compte également plus de sélections que Matuidi (97 contre 84), il n’a qu’une Ligue des Nations à se mettre sous la dent avec les Bleus, et sa carrière a connu un gros trou de cinq ans et demi suite à l’affaire de la sextape. Il aurait dû participer à sa deuxième Coupe du monde en décembre 2022, mais, à peine remis d’une blessure, il déclare forfait trois jours avant le début du tournoi pour une déchirure musculaire. Le lendemain de la finale de la Coupe du monde, et le jour de ses 35 ans, il annonce qu’il met un terme à sa carrière internationale.

Un bref aperçu à l’Euro 2012

C’est de toute façon largement mieux que Samir Nasri (41 capes), Jérémy Ménez (24 sélections, idem) ou Hatem Ben Arfa (15), sans doute le plus gros gâchis du football français au 21e siècle. Avec Benzema, ils n’auront été réunis en phase finale que lors de l’Euro 2012. Seul Benzema aura été titulaire lors des quatre matchs. Nasri en a débuté trois (pour un but), Ménez (un but aussi) et Ben Arfa un seul. Ils n’auront pas passé une seule minute ensemble sur le terrain pendant tout le tournoi, puisque face à la Suède, si Nasri, Benzema et Ben Arfa sont titulaires, ce dernier est déjà sorti (59e, remplacé par Florent Malouda) quand Ménez entre à la place de Nasri (77e).

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Durant toute leur carrière en sélection, les deux seules fois où on aura vu ces quatre-là ensemble sur la pelouse, ce sera tout d’abord le 11 août 2010 à Oslo contre la Norvège, où Nasri est le seul titulaire (sorti à la 79e) alors que Ben Arfa et Ménez entrent après la mi-temps et que Benzema remplace Hoarau à la 61e. Soit 18 petites minutes, pour un seul but (Ben Arfa) et une défaite (1-2). Puis le 27 mai 2012 contre l’Islande en amical, où ils sont tous titulaires et tous remplacés en deuxième période à partir de la 60e minute. Ce qui fait donc 78 minutes en commun, entre le début de carrière internationale de Benzema et Nasri (le même soir, en mars 2007) et le dernier match en sélection de Ménez (mars 2013). C’est bien peu.

Les stats de la génération 1970
 Cumul de sélections : 345 (31,4 de moyenne par joueur)
 Record de sélections pour la génération : Karim Benzema (97)
 Ephémère : 3 (Clément Chantôme, Aly Cissokho, Benoît Costil)
 Record de buts pour la génération : Karim Benzema (37)
 Début de la génération : 28 mars 2007, Samir Nasri et Karim Benzema contre l’Autriche.
 Fin de la génération : 13 juin 2022, Karim Benzema contre la Croatie.
 Durée de la génération : 15 ans, 2 mois et 16 jours
 Sélectionneurs de la génération : Raymond Domenech (2007-2010), Laurent Blanc (2010-2012) et Didier Deschamps (2012-2022).
 Titres de la génération : championne du monde 2018 (Matuidi), vainqueur de la Ligue des Nations 2021 (Benzema).

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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