[846] Moldavie-France (1-4) : en classe touristes

Publié le 22 mars 2019 - Bruno Colombari

Un quart d’heure en première mi-temps et les cinq dernières minutes : c’est ce qu’on retiendra de cette ouverture à Chisinau où les Bleus ont assuré sans vraiment insister face à une équipe très faible mais courageuse.

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Le résultat était-il prévisible ?

Une large victoire des Bleus était attendue. Certes, la Moldavie pratique assez peu les opérations portes ouvertes (hormis au Luxembourg en septembre 2018, 0-4). Certes, les Bleus n’ont plus cartonné depuis 18 mois (4-0 contre les Pays-Bas en août 2017). Mais, avec dix champions du monde titulaires plus Kurzawa qu’on ne peut pas qualifier de débutant, il n’y avait pas photo.

Depuis l’arrivée de Didier Deschamps, les scores larges sont devenus rares : à au moins quatre buts d’écart, on trouve trois amicaux (Australie 6-0 en 2013, Jamaïque 8-0 en 2014 et Paraguay 5-0 en 2017) et un seul match en compétition, contre les Pays-Bas donc. Il y aurait pu avoir aussi celui de Chisinau, mais Ambros en a décidé autrement au cours d’une séquence où la défense semblait déjà sous la douche. On se contentera de ce 4-1.

L’équipe est-elle en progrès ?

Quatre mois après leur dernier match, qui était un amical, les Bleus repartent plutôt à zéro tant il est compliqué d’établir une continuité. On leur demandait de ne pas se laisser embourber dans un match piège, ils l’ont fait après un premier quart d’heure très moyen, joué au ralenti et sans créer de danger devant le but adverse.

Le forfait de dernière minute de Kingsley Coman (décidément aussi poissard que son compère Anthony Martial, bien partis pour reprendre les rôles de Diaby et Gourcuff) ayant bénéficié à Matuidi, l’équipe de France a commencé son match sans trop savoir par quel bout le prendre. Le but de Griezmann, à l’extrême limite du hors-jeu, aura évité un scénario à la luxembourgeoise qui aurait énervé tout le monde. Un peu plus de vitesse devant, des coups de pied arrêtés bien négociés et une opposition vraiment faiblarde ont rendu la soirée facile. Elle a aussi tué toute forme de suspens en deuxième période, où les Bleus ont vite abandonné l’idée de faire tourner le compteur.

Quels sont les joueurs en vue ?

Antoine Griezmann a été le meilleur, et de loin, en première période, proposant des une-deux à une touche de balle, marquant sur une louche de Pogba un but pas facile en reprenant de volée un ballon arrivant de l’arrière et distillant un corner parfait sur la tête de Varane. Il a semblé plus à la peine en deuxième période, comme le reste de l’équipe.

Paul Pogba, libre de tout marquage, a parfois manqué de justesse dans ses passes, mais il sert bien Griezmann pour l’ouverture du score et aurait mérité de marquer sur une tête superbement sortie par Koselev à la 71e.

N’Golo Kanté a failli réussir une action magnifique à la 56e en slalomant dans la surface, avant d’être contré, puis de revenir prendre le ballon dans les pieds moldaves. Inimitable.

Enfin, Raphaël Varane s’est appliqué à sortir proprement les ballons et a eu le mérite de couper parfaitement le corner tiré par Griezmann pour le deuxième but français. Son quatrième personnel, et toujours de la tête, comme contre la Suède en 2014, le Brésil en 2015 et l’Uruguay en 2018.

Quels sont les joueurs en retrait ?

La présence sur la liste de Layvin Kurzawa, en cinquième choix derrière Hernandez, les deux Mendy et Digne, avait surpris. On comprend pourquoi : la première mi-temps du Parisien a été calamiteuse, et la deuxième guère meilleure.

Kylian Mbappé, qui n’a pas arrêté de pester contre les adversaires et parfois contre ses coéquipiers, était plutôt dans un mauvais jour. Facile sur ses prises de balle, il a manqué de lucidité dans la dernière passe ou la conclusion. Mais il a eu le mérite de ne pas se décourager et a fini par marquer, avant de simuler un penalty et d’être averti. Pas son jour.

Samuel Umtiti était à court de forme et ça s’est vu, avec des erreurs inhabituelles pour lui et un placement pas toujours judicieux. Sans conséquence face aux Moldaves, mais contre l’Islande ça pourrait être très juste.

Les entrants n’ont encore une fois pas brillé : Florian Thauvin et Nabil Fekir semblent justifier à chaque fois leur statut de remplaçant. Quant à Thomas Lemar, il sert bien Mbappé sur le dernier but français, mais il est impliqué sur la perte de balle qui mène à la réduction du score moldave.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Il arrivera très vite, à peine 70 heures après la fin de celui contre la Moldavie. Il est d’ailleurs curieux, pour ne pas dire inconséquent, de caler deux matchs de compétition en trois jours. L’objectif contre l’Islande est le même que pour chacune des dix sorties des Bleus de ce groupe : gagner, si possible avec la manière. Et puisque les Islandais se font un plaisir de marquer systématiquement contre la France depuis 7 matchs (et même deux fois lors des quatre dernières confrontations), le challenge pourrait être de rendre une feuille propre. Contre la Moldavie, ça n’a pas été le cas.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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