Tirez les derniers, messieurs les Anglais !

Publié le 17 novembre 2010 - Bruno Colombari

Et de quatre ! Après neuf premiers mois calamiteux, l’année 2010 se termine au mieux par une victoire surprise à Wembley (2-1) face à des Anglais fantômatiques. Le duo Nasri-Gourcuff a de beaux jours devant lui, contrairement au jeu au pied de Lloris.

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Après chaque match de l’équipe de France, et avant de publier les tableaux de bord, je fais une petite liste des enseignements à en tirer, en cinq questions.

Le résultat était-il prévisible ?
Pour un match amical, c’est l’évidence, le résultat passe après la qualité de jeu produite et l’état d’esprit de l’équipe. Les nombreuses défections côté anglais les jours précédant le match laissaient penser que l’opposition ne serait pas de première qualité. Mais on ne pensait pas que ce serait à ce point : quelques minutes de jeu avant la pause, une grosse pression après le but de Crouch, et c’est tout. Voilà en tout cas une victoire qui va faire du bien, qui permet de prolonger la série en cours et qui clôture de la meilleure des façons une bien terne année 2010.

L’équipe est-elle en progrès ?
Un but marqué rapidement, ça devient une bonne habitude prise à Metz contre le Luxembourg (22e). La maîtrise du jeu pendant une bonne demi-heure est également une bonne nouvelle, même si on peut trouver irritant un excès de prudence au milieu de terrain avec un jeu en triangle pas toujours utile. La deuxième période aura été plus crispante, car après le but de Valbuena, le jeu français s’est désagrégé, les entrants n’apportant rien, contrairement aux derniers matches. Le dernier quart d’heure, très confus avec le jeu abandonné à l’adversaire n’effacera pas la bonne prestation d’ensemble, mais il montre que l’équipe a encore une bonne marge de progression.

Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?
On attendait de voir ce qu’allait donner un duo Nasri-Gourcuff dans un milieu à trois, et le résultat est plutôt convaincant. La sortie du Lyonnais a d’ailleurs coïncidé avec les dix dernières minutes de n’importe quoi dans le jeu français. En pointe, Benzema a fait une très bonne première période avant de baisser de pied, un peu comme Malouda qui a disparu en deuxième mi-temps, où même ses replis défensifs étaient défaillants. Placé en récupérateur devant la défense, Mvila a bien joué son rôle, même en l’absence de Diarra.

Enfin, Sagna s’est montré convainquant sur le côté droit où il semble être en concurrence directe avec Réveillère. Passeur décisif sur le but de Valbuena, il a fait quelques bons tacles glissés. Abidal a tenté d’apporter des solutions côté gauche en première mi-temps, mais n’est plus beaucoup monté après la pause.

Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?
Nommé à la surprise générale capitaine, Hugo Lloris n’a pas fait son meilleur match en bleu, loin de là. Peu sollicité en première mi-temps, il a semblé fébrile en fin de match, peu inspiré sur les quelques occasions anglaises comme celle de Gerrard ou pendant le temps additionnel. Sur le but de Crouch, il est plutôt statique. Et surtout, ses dégagements au pied ont été indignes du niveau international. La plupart ont terminé en touche ou dans les pieds anglais, alors que ses défenseurs se sont souvent appuyés sur lui pour relancer le jeu.

Diminué par une blessure au mollet, Mexès a fait ce qu’il a pu pendant une mi-temps, mais il a semblé un peu juste physiquement et a mis trop de temps à sortir des ballons récupérés près de la surface bleue. Remplacé par Sakho qui a fêté sa première sélection d’abord avec détermination devant Gerrard avant de souffrir face au pressing anglais dans le dernier quart d’heure. Semble encore un peu tendre.

Enfin, Mathieu Valbuena ne s’est pas découragé après une première mi-temps très moyenne où il semblait dépassé par le jeu pourtant assez lent de son équipe. Il a été récompensé par un but en deuxième période, mais n’a pas semblé bien en phase avec Nasri, Gourcuff et Benzema avec qui il a peu combiné.

Quant aux remplaçants, ils n’ont jamais démontré qu’ils méritaient une place de titulaire. Mention spéciale à Guillaume Hoarau qui a raté à peu près tout ce qu’il a entrepris.

Quelles sont les attentes pour la prochaine rencontre ?
Le 9 février prochain, les Bleus seront dans une situation similaire à celle de Wembley, à la différence qu’il s’agira du premier match amical à domicile depuis l’arrivée de Laurent Blanc. Battus par l’Argentine sans avoir montré grand chose à Doha, les Brésiliens ne seront sans doute guère plus motivés au cœur de l’hiver. Les France-Brésil en amical n’ont pas été vraiment des parties de plaisir depuis trente ans, avec deux défaites (1981 et 1992) et deux nuls (1997 et 2004), contrairement aux victoires en compétition en 1986, 1998 et 2010. Autant dire qu’une victoire des Bleus ne serait pas uniquement bonne pour le moral : elle aurait aussi une certaine valeur statistique et permettrait de prolonger la belle série entamée en Bosnie. Et battre deux ex-champions du monde à la suite, qui s’en priverait ?

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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