Ce que l’équipe de France doit au Real Madrid

Publié le 30 mai 2022 - Richard Coudrais

Le Real Madrid est l’un des clubs les plus titrés du monde. De nombreux internationaux français ont contribué à renforcer sa légende. Et pas des moindres.

8 minutes de lecture

Le Real Madrid a compté dix-huit internationaux français dans son histoire. Dont dix seulement qui ont connu des sélections en bleu durant leurs années madrilènes.

René Petit, le premier

Le premier joueur de l’équipe de France à avoir évolué au Real Madrid est René Petit, natif de Dax mais espagnol de cœur, qui débuta avec son frère Jean au club madrilène avant de faire carrière au Real Union Club, à Irun dans le Pays Basque. Il connaîtra deux sélections en équipe de France, un peu contre son gré, à l’occasion des Jeux olympiques d’Anvers en 1920.

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Louis Hon et Jean Luciano, premier duo

En 1950, le Real Madrid se renforce avec deux internationaux français, le défenseur stadiste Louis Hon et le milieu de terrain niçois Jean Luciano. Le premier, né en 1924, compte 12 sélections tandis que le second, né en 1921 en compte 4. Toutes ont été honorées avant leur arrivée dans le club espagnol. Ils n’en connaîtront aucune par la suite. Hon restera trois saisons au Real tandis que Luciano n’en fera qu’une seule, avant de poursuivre sa carrière à Las Palmas. Dommage pour eux, ils auront été madrilènes durant une période de creux qui a précédé l’ère de gloire des premières épopées européennes.

Raymond Kopa, premier Ballon d’Or

Le premier international français “actif” du Real Madrid, c’est-à -dire qui fut sélectionné en équipe de France durant sa période madrilène fut Raymond Kopa, qui joua trois ans au Real entre 1956 et 1959, le temps de remporter trois Coupes d’Europe. Le club espagnol le libéra pour disputer la Coupe du monde 1958 avec le succès que l’on sait. Le Ballon d’Or décerné au Français en fin d’année permit au Real de garder la main sur l’objet, détenu par Di Stéfano en 1957 et qui le récupéra en 1959.

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Lucien Muller, premier successeur

La carrière de Lucien Muller a suivi celle de Raymond Kopa. C’est l’Alsacien qui succéda au Nordiste au stade de Reims puis au Real à partir de 1962 et ce pour trois saisons. Lucien Muller a disputé deux rencontres avec l’équipe de France durant sa période madrilène, les deux dernières de ses seize sélections. Avec le Real, il remporte trois titres de champions et dispute la finale de la Coupe d’Europe 1964, perdue contre l’Inter. Un an plus tard, il rejoint les rangs de l’ennemi barcelonais où il reste également trois saisons et remporte la Coupe des Villes de Foire en 1966.

Après Lucien Muller, le Real Madrid ne fait plus appel à des joueurs Français pendant plus de trente ans. On peut toutefois penser qu’il s’est intéressé aux Bleus de la faste période 1976-1986 mais peu d’entre eux, à l’exception de Platini et Six, ont osé tenter l’aventure à l’étranger. C’est l’arrêt Bosman qui a réactivé la filière française du Real Madrid.

Christian Karembeu, premier champion du monde

Le premier successeur de Kopa et Muller s’appelle ainsi Christian Karembeu. L’ancien Nantais débarque au Real en janvier 1998, enfin libéré par la Sampdoria de Gênes qui l’avait promis au FC Barcelone. Après six mois sans jouer, le Kanak s’installe dans l’entrejeu madrilène, s’improvise même buteur et participe à l’épopée qui mène à la victoire en Coupe d’Europe, devenue Ligue des Champions. Trente-huit ans que le Real ne l’avait pas remportée ! La performance exceptionnelle de Karembeu le réhabilite aux yeux d’Aimé Jacquet, qui le retient pour la Coupe du Monde 1998. L’ancien Nantais est le premier Français à remporter la C1 et la Coupe du monde la même année. Il reste au Real jusqu’en 2000, le temps de remporter une autre Ligue des Champions comme remplaçant et d’en faire autant à l’Euro 2000 avec les Bleus. Il aura été sélectionné à 16 reprises (sur 53 sélections en tout) durant sa période madrilène.

Nicolas Anelka, premier transfert record

C’est le 4 septembre 1999, à l’occasion d’un Ukraine-France à Kiev, que l’équipe de France évolue avec deux joueurs du Real Madrid. Roger Lemerre a sélectionné Christian Karembeu, mais aussi Nicolas Anelka, que le club madrilène a arraché à Arsenal pour quelques 35 millions d’euros, un record pour l’époque. Le jeune Parisien, âgé seulement de 20 ans, est un peu perdu dans le vestiaire madrilène qui apprécie moyennement son mode de fonctionnement. Il n’y reste qu’une seule saison, ne marquant que sept buts, mais remportant toutefois la Ligue des Champions. Roger Lemerre lui maintiendra sa confiance, l’appelera sept fois dans la saison et l’embarquera à l’Euro 2000.

Claude Makélélé, premier adjoint

En l’an 2000, Claude Makélélé rejoint à son tour le Real Madrid, après deux années convaincantes au Celta Vigo. Malgré des débuts délicats, l’ancien Nantais s’impose comme le fidèle serviteur des Zidane, Figo, Raul et autres Ronaldo, ravis de pouvoir compter sur une telle machine pour assurer les tâches défensives. Le Français participe à la victoire en Ligue des Champions et à deux conquêtes en Liga. C’est l’époque où il devient également indispensable chez les Bleus, où il est appelé 21 fois (sur 71 sélections en tout). Toutefois, le président madrilène ne trouve pas Makélélé assez galactique à son goût et le cède à Chelsea. Les supporters s’en mordront longtemps les doigts.

Zinédine Zidane, premier Galactique

Et puis vint Zinédine Zidane. Le meneur de jeu tricolore, considéré comme le meilleur joueur du monde, débarque au Real en 2001 en pulvérisant le record mondial des montants de transferts. Le champion du monde/champion d’Europe/Ballon d’Or fête le centenaire du Real en exécutant une titanesque reprise de volée en finale de la Ligue des champions. Il sera la figure de proue des Galactiques pendant cinq ans, tout en restant un titulaire en puissance chez les Bleus.

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Julien Faubert, première surprise

Privé de Français depuis le départ de ZZ, le Real recrute en janvier 2009 un certain Julien Faubert, prêté par le club de West Ham où il évolue depuis 2007. Ancien joueur des Girondins de Bordeaux, le milieu de terrain français a connu une seule sélection chez les Bleus, en août 2006 à Sarajevo, où doté du numéro 10, il entre en jeu en fin de rencontre et inscrit un but dans le temps additionnel. Au Real, il n’entre en jeu qu’en deux occasions, totalisant 52 minutes de jeu sous le maillot merengue. Les souvenirs sont encore plus beaux quand ils sont rares.

Karim Benzema, le plus capé

L’arrivée de Karim Benzema au Real Madrid en 2009 est occultée par celle de Cristiano Ronaldo. L’ancien Lyonnais connaît des débuts difficiles avec l’entraîneur José Mourinho qui ne croit pas en lui. Mais il parvient à gagner sa place en dépit de la concurrence de l’Argentin Higuain et de quelques autres prétendants au numéro 9. Le Français la joue collectif en se mettant au service de la star portugaise et du collectif madrilène. Il est régulièrement appelé en équipe de France en dépit de performances en dents de scie jusqu’à ce que l’affaire de la sextape, en 2015, le mette sur la touche. A Madrid, il reste un élément essentiel au point de devenir le leader d’attaque des Merengue après le départ de Cristiano Ronaldo. Progressant d’année en année, il retrouve l’équipe de France à l’occasion de l’Euro 2021 et effectue un retour fracassant. En 2022, il remporte sa cinquième Ligue des Champions, devenant le joueur français le plus titré dans cette épreuve.

Diarra, Lass but not least

En janvier 2009, le Real Madrid envoie 20 millions d’euros au Portsmouth FC pour acquérir les services de Lassana Diarra. A 24 ans, l’ancien joueur du Havre en est déjà à son cinquième club, mais compte aussi 16 sélections chez les Bleus. “Lass”, tel est le nom inscrit sur son maillot, gagne rapidement sa place mais au bout d’un an et demi, le nouvel entraîneur José Mourinho lui impose la concurrence de l’Allemand Sami Khedira, puis l’écarte peu à peu du groupe. Il ne participe qu’épisodiquement à la conquête du titre de 2012. Durant cette période (2009-2012), il est appelé en douze occasions par Raymond Domenech, mais n’est pas retenu pour la Coupe du monde en Afrique du Sud.

Raphaël Varane, l’homme à trophées

Formé au RC Lens, Raphaël Varane a été acheté quelques 11 millions d’euros par le club madrilène en 2011 alors qu’il n’avait que 18 ans et ne comptait encore aucune sélection en équipe de France A. Il s’impose en quelques années dans la défense centrale du club merengue et se constitue un palmarès XXL avec quatre Ligues des champions (on compte celle de 2016 même si une blessure l’a écarté de la finale), trois Ligas, une Coupe du Roi et une flopée de trophées attenants. Il commence sa carrière en bleu durant sa période madrilène, honore 79 sélections et ajoute la Coupe du monde dans son armoire à trophées. En dix ans, il a disputé 360 matches avec le Real, ce qui en fait le deuxième Français après Karim Benzema.

Théo Hernandez, sortie de piste

Théo Hernandez et son frère Lucas ont été formés à l’Atletico Madrid. En 2017, après une saison en prêt à Alaves, le plus jeune des frères Hernandez se retrouve au Real Madrid alors qu’il n’a pas encore vingt ans. Il n’y disputera qu’une seule saison (23 matchs) puisqu’il sera prêté à la Real Sociedad avant de rejoindre l’AC Milan en 2019. Tandis que son aîné Lucas débute chez les Bleus, remporte la Coupe du monde et s’impose au Bayern Munich, Théo attend patiemment l’année 2021 pour rejoindre le groupe de Didier Deschamps. Il participe activement à la victoire en Ligue des Nations. Du Real, il a gardé la Ligue des Champions sur son palmarès, même s’il a vu la finale du banc de touche.

Alphonse Areola, premier gardien

Troisième gardien des Bleus en 2018, Alphonse Areola a la particularité d’avoir été sacré champion du monde avant même d’avoir débuté sa carrière internationale. Il fait ses débuts en équipe de France quelques mois après la Coupe du monde en Ligue des Nations. Formé au PSG et toujours sous contrat, il est régulièrement prêté à d’autres clubs dont le Real Madrid en 2019 qui cherche une doublure à Thibaut Courtois après le départ de Keylor Navas… au PSG. Le gardien d’origine philippine ne joue que neuf matchs avec le Real, inscrivant une Liga à son tableau de chasse, même s’il a peu joué.

Ferland, premier Mendy

Après des débuts prometteurs au Havre, Ferland Mendy s’est affirmé à l’Olympique Lyonnais et a découvert l’équipe de France en 2018. Des performances qui ne laissent pas indifférent le Real Madrid qui débourse 48 M€ pour le faire venir en 2019. Le latéral tricolore se fait peu à peu une place dans la vieillissante arrière garde merengue, au point de pousser le Brésilien Marcelo sur le banc. A 26 ans, Ferland Mendy vient de passer le cap des cent matchs avec le Real. Et de remporter sa première Ligue des champions.

Eduardo Camavinga, pour l’avenir

Eduardo Camavinga est un joueur précoce. Il signe son premier contrat professionnel à seize ans avec le Stade Rennais puis joue ses premiers matchs en Ligue 1. Deux ans plus tard, il est le deuxième plus jeune joueur de l’histoire de l’équipe de France. Rien d’étonnant dès lors qu’il rejoigne le Real Madrid à 19 ans et joue une trentaine de rencontres dès sa première saison, en 2021-2022. Et remporte sa première Ligue des champions alors qu’il n’a que 19 ans et 6 mois.

Aurélien Tchouaméni, le tout dernier

Aurélien Tchouaméni a fait ses classes aux Girondins de Bordeaux avant de confirmer ses immenses qualités à l’AS Monaco. Didier Deschamps fait appel à lui en septembre 2021 et le natif de Rouen devient rapidement un titulaire chez les Bleus. Il participe activement à la conquête de la Ligue des Nations. Le Real Madrid s’empare du phénomène au début de la saison 2022-2023.

Kylian Mbappé, la superstar

Le transfert de Kylian Mbappé avait été maintes fois annoncé avant qu’il ne se réalise au cours de l’été 2024. Après sept saisons au Paris Saint-Germain, le natif de Bondy inscrit un but dès son premier match avec ses nouvelles couleurs et remporte son premier trophée : la Super Coupe d’Europe.

Les dix-huit internationaux français du Real Madrid

Nom du joueurPériode RealPériode bleueSélections(*)
René Petit 1916-1917 1920-1920 0/2
Jean Luciano 1950-1951 1949-1950 0/4
Louis Hon 1950-1953 1947-1949 0/12
Raymond Kopa 1956-1959 1952-1962 7/45
Lucien Muller 1962-1965 1959-1964 2/16
Christian Karembeu 1997-2000 1992-2002 16/53
Nicolas Anelka 1999-2000 1998-2010 8/69
Claude Makélélé 2000-2033 1995-2008 21/71
Zinédine Zidane 2001-2006 1994-2006 42/108
Julien Faubert 2008-2009 2006-2006 0/1
Lassana Diarra 2009-2012 2007-2016 12/34
Karim Benzema 2009-2022 2007-2022 73/97
Raphaël Varane 2011-2021 2013-.... 79/93*
Théo Hernandez 2017-2019 2021-.... 0/33*
Alphonse Areola 2019-2020 2018-.... 0/5*
Ferland Mendy 2019-.... 2018-.... 6/10*
Eduardo Camavinga 2021-.... 2020-.... 18/21*
Aurélien Tchouaméni 2022-.... 2021-.... 24/36*
Kylian Mbappé 2024-.... 2017-.... 0/84*

(*) Nombre de sélections durant la période madrilène / Nombre total de sélections

L’équipe-type des internationaux français du Real Madrid

L'équipe de France des joueurs du Real Madrid
L’équipe de France des joueurs du Real Madrid

Quelques français du Real qui n’ont jamais joué en Bleu

Certains footballeurs français ont joué au Real Madrid sans n’avoir connu les honneurs de l’équipe de France A.

Les premiers font partie des pionniers présent à la création du FC Madrid en 1902 : l’attaquant Pedro Parages (1902-1909), qui deviendra président du club pendant dix ans (1916-1926) et le demi-aile Enrique Normand Faurie (1902-1915). Ils ont tous deux participé à la conquête des quatre Coupes d’Espagne consécutives en 1905, 1906, 1907 et 1908. Lire l’article de Robin Delorme sur le site So Foot.

Plus tard, les fils Zidane feront une courte apparition sous le maillot blanc avant de poursuivre leur carrière ailleurs : Enzo Zidane Fernández a joué en blanc un match de Liga en 2016 et son frère Luca Zidane a gardé la cage madrilène lors de deux rencontres en 2018. S’ils sont apparus en équipes de France de jeunes, ils n’ont jamais été appelé en équipe de France A. On attend désormais Théo Zidane et Élyaz Zidane.

pour finir...

Sources : les sites selectiona.free.fr, L’Équipe, Wikipédia, FFF, So Foot... et les notes de Pierre Cazal.

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