Entre 2007 et 2016, Lassana Diarra est l’un des meilleurs joueurs de sa génération, l’équivalent à son époque de Claude Makélélé ou N’Golo Kanté. S’il a connu 34 sélections, on peut difficilement s’empêcher de penser qu’il est passé à côté d’une carrière plus grande encore. Il n’a notamment jamais joué le moindre match de phase finale de Coupe du monde ou de championnat d’Europe.

Trois clubs en un an

Sans doute a-t-il été pénalisé par l’instabilité de sa carrière en clubs. Lassana Diarra a connu dix clubs en quinze ans. Même sa formation l’a vu passer dans quatre clubs différents. Son parcours professionnel a été marqué par de nombreux conflits, des ruptures de contrat et même une suspension d’un an à la suite d’un litige avec un club russe.

On fondait pourtant de grands espoirs sur ce jeune milieu de terrain issu de la pépinière du Havre. Il compte déjà dix-neuf apparitions en équipe de France espoirs lorsque Raymond Domenech, sélectionneur des A, fait appel à lui en mars 2007. Lassana Diarra vient d’avoir vingt-deux ans (il est né le 10 mars 1985) et il termine sa deuxième saison avec Chelsea, où il n’est pas encore tout à fait titulaire. Raymond Domenech l’appelle malgré tout pour une rencontre éliminatoire de l’Euro 2008 en Lituanie. Titularisé aux côtés du Lyonnais Jérémy Toulalan et de son modèle Claude Makelele, coéquipier à Chelsea, le 817e joueur de l’équipe de France s’impose par son travail incessant, sa brillante technique et son souffle inépuisable.

Au cours de l’été 2007, alors qu’il compte déjà trois sélections chez les Bleus, Lassana Diarra rejoint Arsenal en espérant plus de temps de jeu. Quand l’équipe de France se rend à Milan pour y affronter l’Italie en septembre 2007, le sélectionneur, privé de Willy Sagnol et de François Clerc, place Diarra au poste d’arrière droit, lequel s’en sort avec brio. S’il joue régulièrement en équipe de France, principalement en milieu de terrain, il n’obtient pas plus de temps de jeu chez les Gunners qu’à Chelsea. Il quitte donc Londres dès l’hiver pour rejoindre Portsmouth, son troisième club en moins d’un an.

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L’Euro 2008 vu du banc

Au cours de la saison 2007/2008, le joueur ne manque qu’un seul match des Bleus et c’est en toute logique qu’on le retrouve dans la liste des vingt-trois pour l’Euro 2008. Curieusement, à aucun moment Raymond Domenech ne le fait entrer en jeu. La sélection fait piteuse figure et sort dès le premier tour. Quant à Lassana Diarra, il retrouve un poste de titulaire chez les Bleus dès le début de la saison suivante.

En janvier 2009, après seulement un an à Portsmouth, Lassana Diarra rejoint le Real Madrid. Il devient une pièce maîtresse du club madrilène malgré une concurrence féroce, mais l’arrivée de l’entraîneur José Mourinho, avec qui il avait déjà connu quelques difficultés à Chelsea, va le pousser sur le banc de touche puis dans les tribunes.

En équipe de France, ses performances restent de très bonne facture. A Belgrade notamment, alors que les Bleus se retrouvent à dix après la précoce expulsion d’Hugo Lloris, le Madrilène réalise un match énorme qui permet à l’équipe de décrocher un score nul (1-1) malgré des conditions défavorables. Sa présence à la Coupe du monde sud-africaine ne fait alors aucun doute, mais lors du stage de préparation à Tignes, Lassana Diarra est victime d’une crise de drépanocytose et doit déclarer forfait.

L’exil russe

Quand Laurent Blanc remplace Raymond Domenech après la fiasco de la Coupe du monde 2010, il compose sa première équipe en prenant soin de ne convoquer aucun protagoniste de Knysna. Cela permet à Lass (c’est ainsi que son nom est floqué sur son maillot en club) de faire son retour en bleu. Mais le nouveau sélectionneur ne le rappellera plus par la suite, lui préférant des joueurs émergents comme Yann M’Vila ou Abou Diaby. Après l’Euro 2008 et la Coupe du monde 2010, Diarra manque ainsi l’Euro 2012. Le joueur rejoint alors le FK Anji Makhatchkala, un club russe racheté par un milliardaire… qui lâchera finalement le club au bout de la saison. Il pousse ainsi le Français à rejoindre le Lokomotiv Moscou.

Malgré l’éloignement, ses performances dans la ligue russe attirent la curiosité de Didier Deschamps, devenu sélectionneur des Bleus lors de l’été 2012. Lass est appelé en octobre 2012 pour une rencontre éliminatoire contre l’Espagne, précédée d’un match amical contre le Japon. Mais le joueur déclare forfait à la suite d’une blessure au dos. Deschamps ne le rappelle plus par la suite et durant l’été 2013, Diarra déclare au journal L’Equipe qu’il met un terme à sa carrière internationale. A un an de la Coupe du monde au Brésil.

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Come back

En 2015, au terme de sa suspension d’un an qui a ponctué son conflit avec le Lokomotiv Moscou, Diarra rejoint l’Olympique Marseille. Ses performances sont telles que Didier Deschamps se montre intéressé dans la perspective d’une rencontre contre l’Arménie à Nice. Le joueur accepte de revenir sur sa décision annoncée deux ans plus tôt et enfile le maillot bleu qu’il n’avait plus porté depuis plus de cinq ans.

Il dispute également la rencontre France-Allemagne du 13 novembre 2015, le soir des attentats où il perd sa cousine, tuée lors de la fusillade du Bataclan. Bien qu’affecté par cette disparition, il accepte de jouer le match suivant à Wembley, contre l’Angleterre.

Lassana Diarra devient à nouveau un cadre de la sélection de Didier Deschamps. Il fait partie de la liste des vingt-trois que le sélectionneur convoque pour l’Euro 2016, mais il doit déclarer forfait en raison d’une blessure au genou. Lors d’un match de préparation contre le Cameroun à Nantes, il doit en effet sortir à la mi-temps. Pour ne plus jamais revenir.

Trente-quatre sélections, zéro but

Lassana Diarra compte 34 sélections entre 2007 et 2016, soit 2.604 minutes de jeu selon le site FFF. Titulaire en 28 occasions, il n’a inscrit aucun but. Il n’a en outre disputé aucune rencontre de phase finale. Son adversaire le plus fréquemment rencontré est la Lituanie, en quatre occasions (dont sa première sélection).