Au moment où commence l’écriture du Dico, à la toute fin de l’année 2015, la Coupe du monde est encore loin. L’Euro passe avant, le quotidien des Bleus est parasité par l’affaire de la sextape (Valbuena et Benzema allaient-ils revenir à temps ?), Anthony Martial et Kingsley Coman focalisent tous les espoirs et Hatem Ben Arfa, en pleine renaissance à Nice, tente un ultime come-back.
Surtout, l’actualité la plus horrible télescope violemment l’équipe de France avec les attentats du 13 novembre qui ont commencé, on s’en souvient, à Saint-Denis, avec deux explosions aux abords du Stade de France. Le dernier match de l’année contre l’Angleterre, quatre jours plus tard à Wembley, devient un moment de recueillement et de compassion, avec une Marseillaise vibrante comme jamais.
Et si les Bleus remettent ça, qu’est-ce qu’on fait ?
Quand la rédaction de la première édition du Dico des Bleus s’achève, fin juin 2017, la perspective de la Coupe du monde s’est bien rapprochée. On est à un an de l’événement, et entre deux eaux : l’équipe de 2016 a déjà changé, et celle de 2018 est encore dans les limbes. Benjamin Pavard, Lucas Hernandez et Steven Nzonzi sont loin, très loin d’imaginer qu’ils toucheraient bientôt le Graal.
Mais bien sûr, après la sortie du Dico en novembre 2017, Matthieu Delahais, Alain Dautel et moi-même avons bien une petite idée derrière la tête : et si, vingt ans après 1998, les Bleus remettaient ça ? On dit souvent que le pire n’est jamais sûr, et heureusement. Mais parfois le meilleur arrive. Et c’est ainsi que, deux jours avant la finale, Benoît Bontout, l’éditeur des sports chez Marabout, nous contacte pour nous demander une mise à jour du Dico, dont une première version avait été publiée en novembre 2017.
48 jours chrono
C’est le genre de proposition qui ne se refuse pas, comme on dit. Le lendemain de la finale, la date limite d’écriture des articles est fixée au 2 septembre, autant dire qu’il n’y a pas une minute à perdre. Pendant que vous fêtiez, euphoriques, la baroque victoire contre la Croatie, nous commencions à réfléchir à ce que nous allions faire.
Huit mois plus tôt, on n’est jamais trop prudents, nous avions commencé à lister des articles qu’on pourrait ajouter dans une nouvelle version : les familles et les fratries, les adjoints, les arbitres, les forfaits, la tactique… Entre temps se sont ajoutés les boulettes des gardiens, les chansons de joueurs, l’insigne de champion du monde, le salaire du sélectionneur ou encore l’UFWC (on vous laisse découvrir ce que c’est).
Une centaine d’articles mis à jour, une vingtaine de nouveaux
A ceux-là, il fallait bien sûr ajouter toutes les mises à jour. Et en un an, il s’en est passé des choses, notamment 18 matchs dont 7 de phase finale mondiale. A minima, il fallait donc actualiser les stats et les contenus des articles sur les adversaires rencontrés, et sur tous les Bleus ayant eu du temps de jeu, les nouveaux (Nzonzi, Pavard, Hernandez, Kimpembe, Ben Yedder...) et les anciens, et aussi ceux qui nous avaient quittés, comme Henri Michel ou Roger Piantoni. Au passage, il fallait étoffer les biographies des tout nouveaux champions du monde, noblesse oblige.
Mais vous n’avez pas idée du nombre d’articles impactés par une saison internationale. Nous non plus. On en imaginait environ soixante. Il y en a eu plus d’une centaine : des vainqueurs de la Coupe d’Europe aux autobiographies en passant par les consultants, le classement FIFA, les invaincus, la Légion d’honneur, les retournements de score, les buteurs, les titrés chez les jeunes, l’assistance vidéo et bien d’autres encore.
Mbappé et Petit, derniers buteurs en finale
L’accélération de l’histoire se voit d’ailleurs en Une : alors que l’an dernier c’était Antoine Griezmann qui représentait la génération actuelle aux côtés de Kopa, Platini et Zidane, fin 2018 c’est Kylian Mbappé qui y figure. Un pari (finalement assez peu risqué) sur l’avenir pris par l’éditeur, à qui revient le choix de l’iconographie.
Enfin, la préface de l’édition 2018 est signée Emmanuel Petit. Celui-là même qui, le 12 juillet 1998, avait mis le point final à sa superbe Coupe du monde en marquant le troisième but de la finale lequel était aussi, par un magnifique hasard de l’histoire, le millième des Bleus depuis 1904. On ne pouvait espérer mieux comme passage de témoin.
Le Dico des Bleus, de Matthieu Delahais, Bruno Colombari et Alain Dautel, éditions Marabout. 464 pages, 25 euros. Disponible le 14 novembre 2018.
Pourquoi un Dico des Bleus ?
Il existe des dizaines de livres consacrés à l’équipe de France, qu’il s’agisse de l’histoire des Bleus, des participations à la Coupe du monde, des moments héroïques comme Séville ou tragiques comme Knysna, sans parler des autobiographies d’internationaux et de sélectionneurs. Mais il n’y avait pas de dictionnaire.
Ce sont les éditions Marabout, et en particulier Benoît Bontout qui ont pris en charge le projet pour en faire un livre que vous allez découvrir (ou redécouvrir) avec, on l’espère, autant de plaisir à le lire que nous avons eu à l’écrire.
Du Nord au Béarn en passant par la Provence
Lancée par Matthieu Delahais en 2015, l’idée d’un Dico des Bleus a fait son chemin, du Nord au Béarn en passant par la Provence, en entraînant Alain Dautel (contributeur à la base de données Footballdatabase.eu) et moi-même (Bruno Colombari, auteur de ce site) remontant les générations, celle de 1975 (comme Laurent Robert) mais aussi 1966 (Eric Cantona) et 1946 (Charly Loubet).
Toutes les notices biographiques et des centaines d’articles
Raconter l’équipe de France de football sous la forme d’un dictionnaire, c’est aborder les dimensions sportives, statistiques, culturelles, économiques, politiques et médiatiques à l’échelle de plus d’un siècle et du monde entier. C’est parler des Bleus nés à l’étranger et de ceux qui ne sont pas revenus de la Grande Guerre, de l’amateurisme et de la naissance de la FFF, des bannis et des reconvertis en consultants, des maillots et des stades, des séries et des records. Et de bien d’autres sujets dont certains vous surprendront.
Le site comme base arrière du Dico
Mais comme l’Histoire des Bleus s’écrit au fil des jours, et afin de ne pas surcharger le dictionnaire avec des tableaux interminables, c’est le site Chroniques bleues qui sert de base arrière statistique à l’ouvrage, puisque Internet offre le luxe d’un espace quasiment illimité à moindre coût. Ainsi, les pages web prolongent sur écran le document papier. Depuis la sortie de la première édition du Dico, en novembre 2017, la fréquentation du site a triplé. Autant dire que je vous donne rendez-vous ici même, aussi souvent que possible. A bientôt !