Le nom de Jean-Claude Bras est essentiellement associé au Red Star dont il fut joueur en début et fin de carrière, puis président pendant vingt-trois ans. Il fut également un des joueurs pionniers du Paris Saint-Germain naissant du début des années 1970. Ce pur titi parisien est né le 15 novembre 1945 près de la Porte Pouchet dans le quartier populaire des Epinettes, pas très loin de Saint-Ouen. De ces origines populaires il conserve de fortes convictions gauchistes qui lui valent, en plus de ses engagements syndicaux, d’être surnommé le Rouge dans le milieu du football.
Hongrois de Paris
Dernier garçon d’une famille de sept enfants, Jean-Claude Bras découvre le football sur les terrains vagues. Son premier club a pour nom le Football Club des Hongrois de Paris. Jean-Claude Bras n’a pourtant aucune origine magyare mais ce pays alors mystérieux va curieusement le suivre durant toute sa carrière et même bien au-delà. Le jeune ailier rejoint ensuite un club nommé Sports et Loisirs Vert et Blanc, un club financé par une célèbre maison d’édition. A l’âge de dix-neuf ans, il est recruté par le Red Star qu’il aide à monter en première division. Il découvre ainsi, sous licence amateur, l’élite du football français, même si son club n’y fait qu’une courte saison, terminant bon dernier du classement 1965/1966.
Jean-Claude Bras ne retourne pas en deuxième division. Il est appelé par l’ambitieuse US Valenciennes-Anzin, club qui évolue dans la première partie du classement. Petit attaquant explosif souvent placé sur l’aile gauche, doté d’un sens du dribble déroutant et d’une bonne frappe, Jean-Claude Bras attire l’attention du sélectionneur national. Louis Dugauguez l’appelle en février 1969 pour une rencontre à Lyon contre la Hongrie. Un match un peu oublié, puisqu’il a été requalifié Espoirs par la FFF à la demande de la fédération magyare. On s’en souvient toutefois pour une affaire de maillots oubliés qui avait contraint les Tricolores à jouer avec la tunique de l’Olympique Lyonnais.
C’est aussi, mais on l’ignore encore, le dernier match de Louis Dugauguez à la tête des Tricolores. Le Sedanais remet en effet sa démission un mois plus tard, juste avant un Angleterre-France à Wembley qui allait tourner à une mémorable déroute (0-5). Assis sur le banc aux côtés du nouveau sélectionneur Georges Boulogne, Jean-Claude Bras a pu mesurer la dimension qui sépare l’équipe de France d’une sélection championne du monde.
Table rase
Après Wembley, le sélectionneur décide de faire table rase et de travailler à partir de l’équipe de France espoirs. Jean-Claude Bras a alors vingt-trois ans et entre dans cette catégorie. Un match amical contre le Real Madrid est mis sur pied début avril au Parc des Princes. Les Tricolores démarrent en fanfare en menant 3-0 après dix minutes de jeu, Jean-Claude Bras inscrivant le deuxième but à la septième minute. Quelques jours plus tard, les espoirs français s’imposent (2-0) à Grenoble contre leurs homologues italiens dans le cadre d’une éphémère Coupe Latine. Enfin, ils sont opposés à la fin de ce même mois d’avril à la Roumanie au Parc des Princes. Les jeunes Français dominent largement la rencontre, mais ne parviennent pas à prendre le gardien roumain à défaut. C’est finalement le jeune Nantais Henri Michel qui trouve l’ouverture à dix minutes du coup de sifflet final (1-0).
Cette rencontre du 30 avril 1969, jouée au nom de l’équipe de France espoirs, sera finalement intégrée a posteriori comme un match de l’équipe de France A. Ainsi sans le savoir, cinq joueurs, dont Jean-Claude Bras, deviennent le 554e joueur de l’histoire de l’équipe de France, les autres étant le gardien lyonnais Yves Chauveau, le stoppeur marseillais Jacky Novi, le milieu de terrain sedanais José Broissart et l’attaquant quevillais Daniel Horlaville, dernier joueur amateur de l’équipe de France.
Fort de son nouveau statut d’international, Jean-Claude Bras sort des frontières hexagonales au cours de l’été 1969 et rejoint le FC Liégeois, club de milieu de tableau du championnat belge, relégué à l’ombre du Standard alors champion de Belgique. Bien qu’à l’époque, jouer à l’étranger constituait encore un handicap, Jean-Claude Bras est rappelé par le sélectionneur dès le mois de septembre pour un match éliminatoire de la Coupe du monde à Oslo. Les Tricolores ont pour mission d’y rattraper l’incroyable défaite subie dix mois plus tôt à Strasbourg face aux faibles Norvégiens. Hervé Revelli règle l’addition par un triplé qui permet à la France de s’imposer (3-1).
Kindvall-Bras 2-2
Il faut ensuite affronter deux fois les Suédois et si possible les battre à chaque fois pour obtenir le ticket pour la Coupe du monde mexicaine. A Solna, le sélectionneur choisit de laisser Jean-Claude Bras sur le banc de touche. Les Français vont subir la loi d’Ove Kindvall qui marque les deux buts de la défaite française (2-0) et entérine l’élimination.
Le match retour au Parc n’a plus d’enjeu, à tel point que l’équipe de Suède s’y rend en laissant quelques vedettes au repos. Jean-Claude Bras est aligné sur l’aile droite aux côtés de Charly Loubet et Georges Bereta et réalise son meilleur match en bleu, en signant deux buts sur deux passes d’un Georges Lech inspiré, lequel lui chipe l’honneur d’être désigné homme du match.
Trois matchs amicaux sont disputés lors de la seconde partie de la saison 1969/1970, contre la Bulgarie à Rouen, la Roumanie à Reims et la Suisse à Bâle. Jean-Claude Bras est appelé à chacune d’elles, en position de faux ailier gauche, un terme qui désigne les ailiers qui ne débordent pas. C’est d’ailleurs à Bâle, à l’occasion de sa sixième sélection, qu’il connait sa première défaite en bleu.
Premier buteur du PSG
Dès la fin de la saison, Jean-Claude Bras met fin à son aventure belge. Un grand projet voit le jour à Paris, la création du Paris Saint-Germain. Le natif de la capitale fait partie, avec Jean Djorkaeff et Roland Mitoraj, des internationaux recrutés par le nouveau club parisien qui vise la montée en première division dès sa première saison d’existence. Jean-Claude Bras reste d’ailleurs le premier buteur de l’histoire du club.
Toutefois, bien qu’il soit de retour au pays, Jean-Claude Bras n’est plus appelé par le sélectionneur. Son nom réapparaîtra en avril 1971 pour une rencontre à Budapest, mais le parisien restera sur le banc de touche. Il avait disputé son premier match en bleu contre la Hongrie, et connaît sa dernière convocation contre les Hongrois, comme un clin d’œil du destin à celui qui joua aux Hongrois de Paris.
Le Red Star à bout de Bras
Après avoir veillé aux balbutiements du PSG première version (redevenu Paris FC), Jean-Claude Bras revient au club qui l’a formé et qui est toujours resté dans son cœur, le Red Star. L’ancien international n’hésitera d’ailleurs pas à endosser la présidence du club, tout en restant joueur, quand celui-ci sera au plus mal après son dépôt de bilan de 1978. Sa présidence durera vingt-trois ans, jusqu’en 2001, et qui verra le club revenir en deuxième division et même postuler pour résider au Stade de France.
Parallèlement, Jean-Claude Bras se découvre un certain sens des affaires et développe plusieurs activités. Parmi celles-ci, il investit en 1989 le club de Ferencváros, dans cette Hongrie qui l’aura donc souvent appelé. Précurseur des prises de contrôle d’un club par des capitaux étrangers, Jean-Claude Bras est également celui de la multipropriété puisqu’il préside dans le même temps le club hongrois et le Red Star (qui portent les mêmes couleurs). Il est en outre partenaire du Spartak Moscou.
Bien qu’il ait toujours défendu les valeurs de la gauche lorsque les interviews glissaient sur le terrain politique, Jean-Claude Bras a réussi sa reconversion dans le monde des affaires où il s’est considérablement enrichi. On oubliera quelques petits déboires qu’il a connu devant la justice, laquelle l’a condamné à de courts séjours en prison et à d’importants redressements fiscaux. Business is business.
Six sélections, deux buts
Jean-Claude Bras a joué dix rencontres avec l’équipe de France dont deux contre des clubs et trois qui ont été reclassées espoirs. Son nombre de sélections officielles est de six, avec deux buts inscrits lors du même match. Le site FFF lui compte 498 minutes de jeu.
| Sel | Genre | Date | Lieu | Adversaire | Score | Tps Jeu | Notes |
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| E | 12/02/1969 | Lyon | Hongrie | 2-2 | 90 | ||
| E | 02/04/1969 | Paris (Parc) | Real Madrid | 5-3 | 90 | ⚽7’ | |
| E | Coupe Latine | 16/04/1969 | Grenoble | Italie Espoirs | 2-0 | 45 > | |
| 1 | Amical | 30/04/1969 | Paris (Parc) | Roumanie | 1-0 | 48 > | |
| . | 23/08/1969 | Béziers | Hvidrove IF | 4-2 | 90 | ||
| 2 | qCM1970 | 10/09/1969 | Oslo | Norvège | 3-1 | 90 | |
| 3 | qCM1970 | 01/11/1969 | Paris (Parc) | Suède | 3-0 | 90 | ⚽39’ ⚽43’ |
| 4 | Amical | 08/04/1970 | Rouen | Bulgarie | 1-1 | 90 | |
| 5 | Amical | 28/04/1970 | Reims | Roumanie | 2-0 | 90 | |
| 6 | Amical | 03/05/1970 | Bâle | Suisse | 1-2 | 90 |








