C’est le stade le plus au nord du globe à avoir accueilli l’équipe de France. A l’est de Reykjavik, capitale de l’Islande, elle-même située à l’ouest de l’île, le stade Laugardalsvöllur est la propriété de la KSÍ, Fédération islandaise de football. C’est à ce titre que les équipes nationales (masculines, féminines, jeunes…) y reçoivent leurs adversaires, tout comme le FRAM Reykjavik, troisième club le plus titré du pays.
Le stade le plus au Nord
L’équipe de France y a joué pour la première fois en 1957 alors que le stade a été officiellement inauguré... deux ans plus tard. C’est en 1949 que sont entrepris les travaux de construction. L’Islande est alors une jeune république. Elle a rompu ses liens avec le Danemark en 1944. La KSÍ, Fédération islandaise de football, est fondée trois ans plus tard et celle-ci met la construction du stade en œuvre dans le district de Laugardalur. Le chantier dure jusqu’en 1952, puis une tribune est ajoutée dès l’année suivante pour porter la capacité à 4.000 spectateurs.
Le 8 juillet 1957, l’équipe d’Islande y joue pour la première fois et accueille celle de Norvège, qui l’emporte (3-0). Deux jours plus tard, le Danemark vient lui infliger une nouvelle défaite (6-2). L’équipe d’Islande, à l’époque, est très faible. Un mois plus tôt, elle s’est rendue sur le continent dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 1958, et en est revenue avec les valises très lourdes : 8-0 pour la France à Nantes et 8-3 pour la Belgique à Bruxelles.
C’est d’ailleurs dans le cadre de ces mêmes éliminatoires que l’équipe de France effectue son premier voyage en terre islandaise. Un match assez tranquille où les Français n’ont pas trop à forcer leur talent pour mener 5-1 dès l’heure de jeu. Ce sera le score final. Cisowski (deux fois), Ujlaki (deux fois) et Wisniewski sont les buteurs de ce match un peu étrange où le gardien Colonna se distingue également en repoussant un penalty de Rikhardur Jónsson en première période. Il encaissera toutefois un but de Thordur Jónsson en seconde.
On envoie les amateurs
En 1965 démarre la construction d’une nouvelle tribune qui s’achèvera en 1970. Une piste d’athlétisme est alors ajoutée. La fédération islandaise invite l’équipe de France en septembre 1966 pour un match amical, mais la FFF n’envoie que son équipe amateur. Celle-ci, où évolue un certain Aimé Jacquet, inflige une nouvelle défaite (2-0) à la sélection locale, avec deux buts de Marc Case Kanyan. Cette rencontre est bien inscrite par la fédération islandaise comme un match officiel de sa sélection nationale, comme le faisait la France en des temps anciens où elle rencontrait l’équipe d’Angleterre amateur.
C’est la même chose en juin 1970 quand la sélection française amateur vient donner la réplique aux Islandais. Elle s’impose 1-0, non pas sur un but de son avant-centre Daniel Horlaville, mais par le milieu de terrain Jean-Pierre Viala. En mai 1971, c’est sous le label olympique que l’équipe de France amateur revient à Reykjavik. Elle s’impose 1-0 dans le cadre des éliminatoires du tournoi des Jeux de 1972. Au match aller à Paris, les Français ne s’étaient imposés que 3-2.
Là où débutent les éliminatoires de l’Euro
En mai 1975, les éliminatoires de la Coupe d’Europe des nations ramènent l’équipe de France A, la vraie, au stade Laugardalsvöllur. Les hommes de Ștefan Kovács au grand complet sont accrochés (0-0) après avoir dû affronter, en plus de onze vikings déterminés, un vent glacial et violent sur un terrain bosselé et dégarni. Henri Michel fait partie des joueurs de l’équipe de France. Il reviendra une grosse décennie plus tard comme sélectionneur.
Au lendemain de la Coupe du monde 1986, ce sont en effet les éliminatoires du championnat d’Europe, qu’on appelle désormais Euro, qui envoient les Tricolores à Reykjavik. Le sélectionneur ne connaît pas plus de réussite puisque son équipe, en phase de renouvellement, est de nouveau contrainte au match nul (0-0). Il y a longtemps que rencontrer l’équipe d’Islande n’est plus une formalité. Celle-ci compte désormais dans ses rangs plusieurs professionnels qui évoluent dans les meilleurs championnats européens.
L’édition suivante de l’Euro, propose à nouveaux aux Français de débuter les éliminatoires au Laugardalsvöllur, en septembre 1990. Le sélectionneur est cette fois Michel Platini qui n’a jamais connu ce stade particulier en tant que joueur. Toutefois, son équipe commando, où l’on retrouve Amoros, Boli, Deschamps et Fernandez, déjà présents en 1986, s’impose (2-1), buts de Papin et Cantona. C’est la première levée d’un grand chelem historique. La mi-temps a été écourtée de peur que la nuit ne tombe avant la fin du match. Ce n’est qu’en octobre 1992, à l’occasion d’un match contre la Grèce, que le Laugardalsvöllur est enfin équipé de projecteurs, permettant de jouer en nocturne.
L’histoire n’aime rien tant que de repasser les plats. C’est à nouveau au Laugardalsvöllur, le 5 septembre 1998, que l’équipe de France vient débuter les éliminatoires du championnat d’Europe. La sélection française a changé de statut : elle vient de remporter la Coupe du monde. Cela n’impressionne guère l’équipe islandaise qui accroche un match nul méritoire (1-1), Dugarry ayant répondu à Dadason, dans un stade équipé d’une nouvelle tribune de 3.500 places depuis 1997.
De Cisowski à Giroud en passant par Papin et Dugarry
Il faudra attendre deux décennies et un nouveau titre de champion du monde pour voir l’équipe de France dans le stade de Reykjavik. Celui-ci a beaucoup changé. En 2004, une rencontre amicale contre l’Italie, remportée 2-0, s’est jouée devant 20.204 spectateurs, grâce à l’ajout de gradins provisoires, auxquels la FIFA a ensuite posé son véto. Des travaux ont été entrepris en 2005 qui permettent au stade de recevoir de grands concerts. Le 11 octobre 2019, ce sont à nouveau les éliminatoires de l’Euro qui font venir l’équipe de France au Laugardalsvöllur. Didier Deschamps y a joué lors des deux précédentes rencontres. Devenu sélectionneur, il y maintient son invincibilité, et plus globalement celle de l’équipe de France, grâce à un penalty transformé par Olivier Giroud (1-0).
Quand les Bleus de 2025 vont retourner au Laugardalsvöllur, ils y découvriront une pelouse hybride posée en 2024 en même temps qu’un système de chauffage sous le terrain. Le stade qui compte aujourd’hui 9.500 places est en perpétuelle évolution. La KSÍ envisage de retirer la piste d’athlétisme afin de permettre un agrandissement jusqu’à 20.000 places. Un toit rétractable est également envisagé. D’autres rumeurs laissent entendre qu’un nouveau stade pourrait être construit, sans préciser s’il sera destiné au football ou... à l’athlétisme.
Six matchs, trois victoires et trois nuls
L’équipe de France A a disputé six matchs au Laugardalsvöllur. Elle y a marqué neuf buts et en a encaissé trois. Ses buteurs sont Cisowski (deux), Ujlaki (deux), Wisniewski, Papin, Cantona, Dugarry et Giroud (sur penalty). Elle compte trois victoires et trois matchs nuls.
Match | Date | Adversaire | Score | Affluence |
---|---|---|---|---|
qCM 1958 | 01/09/1957 | Islande | 5-1 | 9.000 |
qEuro 1976 | 25/05/1975 | Islande | 0-0 | 10.000 |
qEuro 1988 | 10/09/1986 | Islande | 0-0 | 13.758 |
qEuro 1992 | 05/09/1990 | Islande | 2-1 | 8.388 |
qEuro 2000 | 05/09/1998 | Islande | 1-1 | 10.382 |
qEuro 2020 | 11/10/2019 | Islande | 1-0 | 9.700 |
Quatre Tricolores ont joué deux fois au Laugardalsvöllur : Basile Boli, Manuel Amoros, Luis Fernandez et Didier Deschamps. Les autres (une seule apparition) sont Dominique Colonna, Raymond Kaelbel, Richard Boucher, Armand Penverne, Robert Jonquet, Jean-Jacques Marcel, Marian Wisniewski, Joseph Ujlaki, Thadée Cisowski, Roger Piantoni, René Bliard, Dominique Baratelli, Christian Lopez, Jean-Pierre Adams, Marius Trésor, François Bracci, Jean Gallice, Patrick Parizon, Henri Michel, Jean-Michel Larqué, Jean-Marc Guillou, Marc Berdoll, Georges Bereta, Joël Bats, William Ayache, Patrick Battiston, Jean Tigana, Bernard Genghini, Yannick Stopyra, Philippe Vercruysse, Stéphane Paille, Bruno Martini, Franck Sauzée, Bernard Casoni, Laurent Blanc, Jean-Philippe Durand, Bernard Pardo, Christian Perez, Jean-Pierre Papin, Éric Cantona, Fabien Barthez, Christian Karembeu, Lilian Thuram, Frank Lebœuf, Bixente Lizarazu, Zinédine Zidane, Youri Djorkaeff, Christophe Dugarry, Thierry Henry, Lilian Laslandes, Robert Pirès, Steve Mandanda, Benjamin Pavard, Raphaël Varane, Clément Lenglet, Lucas Digne, Moussa Sissoko, Corentin Tolisso, Kingsley Coman, Jonathan Ikoné, Antoine Griezmann, Blaise Matuidi, Olivier Giroud et Wissam Ben Yedder. Aimé Jacquet (1966) et Daniel Horlaville (1970) y ont également joué avec l’équipe de France amateur.
Les autres rencontres de la sélection islandaise face à une équipe de France au Laugardalsvöllur :
Match | Date | Affiche | Score |
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Amical | 18/09/1966 | Islande - France amateur | 0-2 |
Amical | 22/06/1970 | Islande - France amateur | 0-1 |
qJO 1972 | 12/05/1971 | Islande - France olympique | 0-1 |