[885] Autriche-France (1-1) : quand les nations se liguent (contre les Bleus)

Publié le 11 juin 2022 - Bruno Colombari

Dernière de son groupe qualificatif et seule équipe à ne pas avoir encore gagné, la France traverse ce mois de juin sans aucune réussite. Espérons qu’elle épuise son crédit de malchance pour l’année, ce qui dans ce cas serait un moindre mal.

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Le résultat était-il prévisible ?

Avec le retour des titulaires présents face au Danemark, hormis Varane, Kanté et Mbappé, l’équipe de France alignée par Didier Deschamps avait une toute autre allure que celle qui a fait match nul à Split. Et même si l’Autriche avait été brillante en Croatie (0-3) et meilleure que ne l’indique le score face au Danemark (1-2), une victoire française semblait probable. Ce n’a pas été le cas, malgré l’intense domination de la deuxième période. On savait ces Bleus-là au bout du rouleau, les voir menés au score (alors qu’il avaient marqué en premier lors des matchs précédents) laissait craindre une nouvelle défaite, aussi injuste serait-elle. Mbappé en a décidé autrement, il aurait d’ailleurs même pu renverser le score à lui tout seul sans un tir dévié sur la barre par le gardien Patrick Pentz quatre minutes après une égalisation toute en puissance.

L’équipe est-elle en progrès ?

Oui, dans la mesure où, depuis le match face au Danemark, elle monte petit à petit en régime, laissant espérer raisonnablement une victoire pour la dernière sortie de la saison lundi contre la Croatie. Non car encore une fois elle s’est montrée trop maladroite devant et pas assez rigoureuse derrière. Ce qui est rédhibitoire en juin face à des équipes européennes de second rang, et qui serait fatal en décembre, voire peut-être en novembre dès le premier tour de la Coupe du monde. On peut simplement espérer deux choses : que d’ici-là, Didier Deschamps trouve la bonne formule en défense (peut-être une association Varane-Konaté dans l’axe) et que Griezmann et Benzema arrivent à l’automne dans un état de fraîcheur acceptable, en tout cas meilleur que leur épuisement physique et mental de juin.

Quels sont les joueurs en vue ?

En jouant une demi-heure, Kylian Mbappé a montré plus de choses que l’ensemble de l’équipe pendant l’heure précédente. C’est dire l’importance déterminante qu’il a pris ces derniers mois, autant en club qu’en sélection. Son accélération sur l’ouverture de Nkunku avait les contours de l’évidence, comme seuls les grands buteurs peuvent le faire (Platini, Papin, Trezeguet ou Benzema). Avec un poil de réussite, il aurait pu signer un doublé en quatre minutes, mais les Bleus n’avaient aucune réussite à Vienne.

Boubacar Kamara est l’autre grande satisfaction de la soirée. Le Marseillais a été impressionnant de calme et de concentration alors que Tchouaméni était en difficultés. S’il ne peut prétendre encore à un statut de titulaire, il a marqué beaucoup de points dans la perspective de la Coupe du monde, dans un secteur de jeu complètement embouteillé (Pogba, Kanté, Tchouaméni, Camavinga, Guendouzi).

Ibrahima Konaté aurait sans doute pu faire mieux sur le but de Weimann, comme l’ensemble de la défense d’ailleurs (et Benzema, qui perd le ballon au départ de l’action), mais pour le reste il a semblé serein et pas impressionné. Il demande à être revu, si possible aux côtés de Varane avec qui il pourrait être complémentaire.

Antoine Griezmann a fait un meilleur match que lors des deux précédents, et il est dommage qu’il soit sorti pour être remplacé par Mbappé alors que Diaby semblait plus en difficultés que lui. Il n’a pas été décisif pourtant.

Christopher Nkunku a trop peu joué (une grosse dizaine de minutes) mais il aura eu le temps d’offrir une passe décisive à Mbappé et de combiner dans un tout petit espace avec Benzema et l’attaquant parisien sur la grosse occasion de ce dernier qui finit sur la barre. Dommage.

Enfin, Kingsley Coman a donné le tournis à la défense autrichienne, mais il a connu beaucoup trop de déchets dans son jeu. C’est dommage, car il fait des différences conséquentes dans un registre (ailier gauche) où il est plus à l’aise qu’en piston droit.

Quels sont les joueurs en retrait ?

Théo Hernandez avait une occasion de se racheter en arrière gauche d’une défense à quatre, où Lucas Digne semblait plus indiqué. Mais le Milanais a été encore décevant, et c’est une fois de plus de son côté qu’est venu le but adverse. Pour lui aussi la saison a été (trop) longue, et ce mois de juin est clairement de trop.

Karim Benzema nous avait habitué à être clinique, pas à manquer des contrôles dans la surface et à avoir toujours un temps de retard à la finition. On espère simplement qu’il sera dans de meilleures dispositions à l’automne.

Aurélien Tchouaméni a déçu au milieu, manquant trois passes courtes d’affilée autour de l’heure de jeu et de justesse techniques à de nombreux autres moments. Il aurait sans doute eu besoin de souffler, ce qu’il a fait en sortant à l’heure de jeu.

Moussa Diaby est certes très rapide, mais quel manque de lucidité dans le dernier geste ! Son explosivité et son manque d’efficacité rappellent des ailiers comme Zimako ou Bellone, qui semblaient toujours capables de faire des différences, et finalement non.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Un dernier coup de collier avant les vacances : lundi soir, sur le coup de 22h40, l’arbitre de France-Croatie mettra un point final à une saison éprouvante pour les nerfs et frustrante pour la quasi-totalité des Bleus, excepté Karim Benzema. Tout ce petit monde pourra boucler les valises et partir loin pour quelques semaines. D’ici-là, il reste un ultime match, le douzième de la saison dans un Stade de France plein.

Il s’agira d’effacer les deux derniers nuls frustrants à l’extérieur, la défaite contre le Danemark et d’éviter d’en enchaîner une deuxième d’affilée à la maison, ce qui n’est plus arrivé depuis l’automne 1993, Didier Deschamps s’en souvient encore (nous aussi). Si un trait a été quasiment tiré sur la première place du groupe qualificatif en Ligue des Nations, même si la victoire de la Croatie au Danemark laisse ouvertes toutes les options dans ce groupe où gagner à domicile est mission impossible, l’objectif est de finir sur une bonne note, en produisant du jeu et en faisant preuve de caractère, à minima.

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Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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