Dimanche 18 décembre à Lusail, les Bleus ont joué leur dixième finale, un total énorme sachant qu’il a été réalisé sur une période de trente-huit ans à peine, depuis 1984, c’est-à-dire quasiment l’âge de Steve Mandanda (né en 1985). Et que, lors des huit décennies précédentes, l’équipe de France n’avait jamais atteint ce stade, hormis en juin 1919 avec la Coupe interalliée, mais ce n’était pas une compétition officielle et les matchs disputés n’ont pas été intégrés à ceux de l’équipe de France A.
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Contre l’Argentine le 18 décembre 2022, l’équipe de France a joué sa dixième finale en tournoi. La Coupe intercontinentale 1985 ayant été disputée sur un match (contre l’Uruguay, victoire 2-0) n’est pas considérée ici comme une finale. Celle des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 (remportée face au Brésil 2-0) non plus, puisqu’elle ne compte pas pour une sélection en A.
Sur les dix disputées, les Bleus en ont remporté sept, dont les cinq premières. Les deux suivantes (2006 et 2016) ont été perdues, mais pas dans le temps réglementaire, les deux suivantes (2018 et 2021) ont été à nouveau gagnées et la dernière (2022) perdue, aux tirs au but comme en 2006.
Le calendrier
Premier point : à quelles dates ces finales se sont-elles jouées ? L’essentiel d’entre elles tiennent en une vingtaine de jours, entre le 27 juin et le 15 juillet. On remarquera au passage que deux de celles qui ont été perdues sont tombées à un jour près, le 9 juillet (Italie 2006) et le 10 juillet (Portugal 2016). La finale de l’Euro 2020 ayant eu lieu le 11 juillet dernier, on aurait peut-être fait la passe de trois. Ou alors elle se serait aussi bien terminée que celle du 12 (Brésil 1998), allez savoir…
Trois finales seulement s’éloignent de cette période : celle contre le Japon en Coupe des confédérations 2001 (le 10 juin) et évidemment celles face à l’Espagne en Ligue des Nations 2021 (le 10 octobre) et contre l’Argentine en Coupe du monde 2022 (le 18 décembre).
Si on mesure maintenant les intervalles de temps entre deux finales, il a fallu 80 ans pour voir la première, puis il y en a eu 4 en 5 ans (1998-2003), et encore 4 en 6 ans et demi (2016-2022). En nombre de matchs entre deux finales, l’intervalle le plus long est celui entre 2006 et 2016 (131 matchs) devant celui entre 1984 et 1998 (129). Les deux plus courts sont entre 2000 et 2001 (13) et entre 2021 et 2022 (16).
Les arbitres
Voyons maintenant par qui l’équipe de France a été arbitrée lors de ses dix finales. Aucun arbitre n’a officié deux fois, mais deux pays sont représenté à deux reprises : il s’agit de l’Angleterre avec Mark Clattenburg en 2016 et Anthony Taylor en 2021 et l’Argentine avec Horacio Elizondo en 2006 et Nestor Pitana en 2018. Mais comme en 2022, l’autre finaliste est argentin, le dixième arbitre est un Polonais, Szymon Marciniak.
On remarquera au passage que quatre continents sont représentés (l’Afrique avec le Marocain Saïd Belqola en 1998 et l’Asie avec l’Emirati Ali Bujsaim en 2001), l’Europe n’étant majoritaire que de justesse (6 sur 10).
Les villes
L’équipe de France a joué ses 10 finales dans 8 villes différentes, Saint-Denis en ayant accueilli 3 (Coupe du monde 1998, Coupe des Confédérations 2003 et Euro 2016). Si on ajoute Paris (Euro 1984), ce sont donc 4 finales sur 10 que les Bleus ont disputé à domicile. Curieusement, les 6 jouées à l’étranger, en intégrant celle de 2022 à Lusail, près de Doha au Qatar, se situent toutes à l’Est de Paris. Pourtant 8 finales mondiales ont eu lieu à l’Ouest (Montevideo 1930, Rio 1950 et 2014, Santiago du Chili 1962, Mexico 1970 et 1986, Buenos Aires 1978 et Pasadena 1994), ainsi que celle de l’Euro 2004 (Lisbonne). Mais la France n’y a jamais participé.
Les horaires
Aucune des finales jouées par les Bleus n’a eu lieu l’après-midi, alors que c’était la règle en Coupe du monde jusqu’en 1978. Celle qui s’est jouée la plus tôt, donc à la lumière du jour, était le France-Croatie 2018 à Moscou (18h sur place), mais le temps couvert et l’orage qui s’est abattu sur le stade Loujniki au moment de la remise du trophée ont donné à la rencontre une ambiance nocturne. La plupart se sont jouées entre 20h et 21h, la plus tardive étant le Portugal-France 2016 qui est allé au bout des prolongations, alors que le France-Cameroun 2003 s’est arrêté au but en or de Thierry Henry à la 97e.Celle de 2022 a commencé à 18h au Qatar (16h en France), mais le soleil se couchant là-bas à 16h47, il faisait déjà nuit noire au coup d’envoi.
Les affluences
Une seule finale des Bleus a attiré plus de 80.000 spectateurs, c’est la dernière, en 2022 à Lusail (88.966). Deux d’entre elles s’en sont rapproché : celle de Moscou au stade Loujniki en 2018 (78.011) et celle de 1998 à Saint-Denis face au Brésil (75.000). La moins prolifique est la dernière, mais le stade San Siro de Milan n’avait qu’une jauge à 50% de sa capacité en Ligue des Nations. Il y avait 31.511 spectateurs pour voir France-Espagne.
Les maillots
Les Bleus n’ont pas toujours joué dans cette couleur : à trois reprises, contre le Japon en 2001, face à l’Italie en 2006 et contre l’Espagne en 2021, ils ont évolué en blanc, short et chaussettes compris. Ils n’ont joué que deux fois avec leur tenue classique (maillot bleu, short blanc, chaussettes rouges) : en 1984 et en 1998. Trois autres fois, ils ont arboré un kit bleu-bleu-rouge (Italie 2000, Cameroun 2003 et Portugal 2016) et lors des deux dernières finales de Coupe du monde, ils étaient tout en bleu (Croatie 2018, Argentine 2022).
Leurs adversaires ont évolué en rouge (Espagne 1984 et 2021, Portugal 2016), en blanc (Italie 2000, Croatie 2018, Argentine 2022), en bleu (Japon 2001 et Italie 2006), en vert (Cameroun 2003) ou en jaune (Brésil 1998).
Les sélectionneurs
Didier Deschamps a dirigé l’équipe de France lors de quatre finales (2016, 2018, 2021 et 2022), avec un bilan équilibré de deux victoires et deux défaites, encore que l’une d’elles a été concédée pendant les prolongations et l’autre aux tirs au but. Roger Lemerre en a disputé deux (2000 et 2001), toutes deux gagnées. Michel Hidalgo (1984), Aimé Jacquet (1998) et Jacques Santini (2003) ont gagné la seule à laquelle ils ont participé. Enfin, Raymond Domenech a perdu celle de 2006.
Les joueurs
87 joueurs ont joué au moins une minute de l’une des dix finales. Si chacun n’avait joué qu’une fois, ça aurait représenté 142 joueurs différents, mais bien sûr il y a des doublons. Ils sont huit à avoir joué quatre finales : Bixente Lizarazu, Marcel Desailly (qui les ont toutes gagnées, entre 1998 et 2003), Fabien Barthez, Patrick Vieira, Sylvain Wiltord et Lilian Thuram (qui en ont remporté trois sur quatre, en perdant celle de 2006) et enfin Hugo Lloris et Antoine Griezmann (qui en ont gagné deux sur quatre entre 2016 et 2022).
Huit autres en ont joué trois : Youri Djorkaeff et Robert Pirès (3 victoires), Thierry Henry, Zinédine Zidane, Paul Pogba, Raphaël Varane et Kylian Mbappé (2 victoires, 1 défaite) et Olivier Giroud (1 victoire, 2 défaites).
Quinze en ont joué deux (dont Didier Deschamps et David Trezeguet) et 56 n’en ont disputé qu’une, dont 20 qui l’ont perdue. A noter que Kingsley Coman est le seul international français à n’avoir jamais gagné de finale en en ayant disputé plusieurs (2016 et 2022).
En temps de jeu passé en finale, Lloris arrive en tête (420 minutes, dont deux prolongations complètes) devant Barthez (410), Griezmann (370), Lizarazu (363), Desailly (358) et Thuram (334).
L’évolution des scores
Les Bleus n’ont été menés que cinq fois au score en finale, pour un total de 114 minutes (11% du total). Mais ils n’ont mené eux même au score que six fois, pour un total cumulé de 241 minutes (24% du total), alors que pendant 655 minutes (65%), les deux équipes étaient à égalité (0-0, 1-1, 2-2 ou 3-3). Mais l’équipe de France a gagné deux finales sans jamais mener au score dans le jeu, sinon au coup de sifflet final : contre l’Italie à Rotterdam en 2000 et face au Cameroun à Saint-Denis en 2003, à chaque fois grâce à un but en or en prolongations.
À l’inverse, il lui est arrivé deux fois d’être menée et de gagner la finale : c’est le cas contre l’Espagne en 2021 à Milan (pendant deux petites minutes, certes) et contre l’Italie à Rotterdam en 2000 pendant plus d’une demi-heure. Un fait intéressant : à chaque fois qu’ils ont encaissé un but en finale, les Français ont répliqué par la suite, sauf deux fois : en 2016 (Eder) et en 2018 (Mandzukic), mais dans le second cas ils menaient déjà 4-1.
Les buts
28 buts ont été marqués au cours de ces 10 finales : 19 par la France, et 9 seulement par ses adversaires. Côté Français, c’est Mbappé qui en a marqué le plus, cinq, dont quatre en Coupe du monde et un en Ligue des Nations. Zidane en a inscrit trois, tous en Coupe du monde. Dix autres joueurs en ont marqué un : Bellone, Petit, Wiltord, Trezeguet, Vieira, Henry, Griezmann, Pogba et Benzema, auxquels il faut ajouter le Croate Mandzukic, auteur d’un CSC (le seul en finale mondiale) en 2018.
Très peu de buts ont été inscrits de l’extérieur de la surface : les deux derniers de la finale 2018 (Pogba puis Mbappé, presque du même endroit d’ailleurs et à six minutes d’intervalle) et le tout premier en finale, le coup franc de Platini en 1984. Les zones dans lesquelles sont déclenchés les tirs se situent majoritairement à gauche dans la surface et plein axe. Seuls deux buts ont été marqués depuis la droite : la tête de Vieira contre le Japon en 2001 et le but du genou de Henry face au Cameroun en 2003. Les deux en Coupe des Confédérations, donc.
Curieusement, les buts marqués du pied droit sont très minoritaires (7 sur 19), au même niveau que ceux inscrits du gauche (7), devant ceux de la tête (4). Le plus étonnant, c’est que quatre droitiers ont marqué de leur mauvais pied en finale : Wiltord et Trezeguet en finale de l’Euro 2000, Pogba en 2018 et Mbappé en 2021. Henry a quant à lui marqué du genou (droit) le but en or contre le Cameroun en 2003.
Huit buts ont été inscrits à l’occasion d’un coup de pied arrêté : deux sur coup franc (Platini en 1984, et Mandzukic en 2018 déviant une frappe de Griezmann), deux sur corner (ceux de Zidane en 1998, tirés respectivement par Petit et Djorkaeff) et quatre sur pénalty (par Zidane en 2006, Griezmann en 2018 et Mbappé deux fois en 2022).
Les buteurs
Enfin, si c’est Zidane qui a marqué le but le plus précoce des 10 finales françaises (à la 7e minute contre l’Italie en 2006), c’est Mbappé qui a inscrit le plus tardif, à la 118e en 2022. Trois périodes de match concentrent plusieurs buts : la 28e minute avec les buts de Zidane contre le Brésil (1998), Vieira contre le Japon (2001) et Perisic pour la Croatie (2018), entre la 64e et la 66e avec Oyarzabal et Benzema lors France-Espagne 2021 et Mbappé contre la Croatie en 2018, autour de la 80e avec trois buts de Mbappé en 2021 contre l’Espagne (80e) et en 2022 face à l’Argentine (80e et 81e). Et enfin dans le temps additionnel, avec les buts de Bellone en 1984, Petit en 1998 et Wiltord en 2000.