Onze questions pour 2011

Publié le 2 janvier 2011 - Bruno Colombari

Faut-il souhaiter une bonne année à l’équipe de France ? A quoi ressemblera 2011 ? Tentative de réponse à onze questions, des séries en cours au soutien du public en passant par l’assise défensive, la colonne vertébrale, le projet de jeu et le sort des bannis.

6 minutes de lecture
Cet article a été mis à jour le 13 janvier, après l’actualisation du calendrier 2011 par la FFF, annonçant que la Croatie sera l’adversaire des Bleus le 29 mars et ajoutant un amical en Pologne le 9 juin.

Une série de victoires qui dure ?

La piteuse année 2010 s’est paradoxalement conclue par une série de quatre victoires. Si on table sur une douzaine de matches pour l’équipe de France en 2011 (onze sont déjà fixés et si les Bleus ne disputent pas les barrages en novembre, il y aura sûrement une rencontre amicale à la place) et qu’ils sont tous gagnés, le record de quatorze victoires consécutives datant de 2003-2004 pourrait tomber. Improbable ? Certes, mais assurément pas impossible : hormis le Brésil en février, tous les autres adversaires sont à la portée d’une équipe de France en confiance (Ukraine, Croatie, Pologne et Chili en amical, Luxembourg, Albanie deux fois, Biélorussie, Roumanie et Bosnie en compétition). Un résultat positif le 9 février contre les quintuples champions du monde, suivi d’une victoire logique contre le Luxembourg en mars, pourrait donner à la série en cours une dimension intéressante.

Une année 2011 sans faute ?

Du coup, les Bleus pourraient réussir p ar la même occasion un score parfait, onze sur onze en 2011. Une telle performance ne serait pas une première : en 1991, il y a vingt ans, les joueurs dirigés par Platini en avaient fait de même, mais avec six matches seulement (dont trois à l’extérieur). L’Espagne avait ainsi été défaite deux fois, la Pologne, la Tchécoslovaquie, l’Albanie et l’Islande complétant le tableau pour un score final de 20 buts à 5. Mais le chef-d’œuvre reste 1984, et ce n’est pas Orwell qui l’a écrit : douze matches, tous gagnés, dont cinq lors de l’Euro à domicile, 28 buts à 4, dont treize inscrits par un Michel Platini incandescent. Platini sur le banc en 1991, Platini sur le terrain en 1984. Et cette année ? Eh bien, il sera réélu président de l’UEFA en mars prochain (il est le seul candidat). Donc, pourquoi pas ?

Une série d’invincibilité jusqu’à quand ?

A défaut d’un carton plein, les Bleus pourraient par exemple soigner leur invincibilité toute neuve. Ce ne serait pas du luxe, après une année 2010 lestée de six défaites tristes à pleurer. Encore faudrait-il gagner les matches les plus importants, à savoir celui en Biélorussie le 3 juin et le Roumanie-France du 6 septembre. Si tel est le cas, l’année pourrait s’achever par une série de quinze matches sans défaite encore loin du record établi par Aimé Jacquet entre 1994 et 1996 (30, dont 10 nuls). Mais ce serait proche de celle de Platini en 1989-1991 (19, dont 3 nuls), voire de celle de Santini en 2003-2004 (21, dont 3 nuls), et ce serait mieux que la plus récente, celle de Domenech en 2006 (13 dont 3 nuls).

Une assise défensive retrouvée ?

C’était la priorité de Laurent Blanc lors de sa prise de fonctions en juillet 2010 : rebâtir une défense. Avec un parti-pris clair, choisir une charnière centrale et s’y tenir sur la durée, au moins jusqu’à la fin de l’année. De fait, Philippe Mexès et Adil Rami ont été alignés lors des six matches d’après-coupe du monde. Avec des résultats très moyens au début (défaites contre la Norvège et la Biélorussie, trois buts encaissés), puis convainquants par la suite (un seul but concédé lors des quatre victoires de l’automne, intervenu alors que Sakho avait remplacé Mexès). Si le blond romain et le brun lillois gardent la forme, il est certain que leur association a de beaux jours devant elle. L’opposition des attaquants brésiliens dans quelques semaines sera intéressante à voir. Le reste de l’année, ça risquera d’être de l’attaque-défense face à des adversaires très regroupés, sauf peut-être contre les Chiliens en août.

Une colonne vertébrale confirmée ?

Lloris dans les cages, Rami et Mexès en défense centrale, Mvila à la récupération au milieu, Gourcuff et Nasri en meneurs de jeu et Benzema en pointe : la colonne vertébrale des Bleus est maintenant en place et devrait être maintenue, à un ou deux noms près, toute l’année. A tel point qu’à ces postes-là, les alternatives se font rares. Mandanda et Carrasso semblent abonnés au banc de touche, Sakho est un peu tendre, Alou Diarra risque de pâtir de la santé de Mvila et en pointe, ce n’est certainement pas Hoarau qui fera de l’ombre à l’attaquant madrilène. Autrement dit, les titulaires sont désormais identifiés, mais les solutions de rechange ne sont pas rassurantes. Une des clés de 2011 est là.

Des ailes stabilisées ?

Comme l’équipe nationale ne joue pas au foot à sept, il reste quatre noms à trouver pour compléter l’équipe-type. Deux dans le couloir gauche, et deux dans le couloir droit. Pour l’instant, Réveillère et Valbuena tiennent la corde à droite, alors que Clichy et Malouda semblaient installés à gauche. Mais le match de Wembley a fait vaciller les certitudes, avec les retours convainquants à l’arrière de Sagna et Abidal. Debuchy à droite ou Trémoulinas à gauche pourront peut-être profiter d’une défaillance de l’un ou de l’autre.

Devant, Malouda et Valbuena ont la confiance de Blanc, et la concurrence actuelle n’est pas impressionnante à leurs postes : Rémy ou Payet ne peuvent pas prétendre à autre chose qu’une place dans le groupe pour l’instant, et malgré des performances décevantes en bleu, Malouda peut dormir tranquille pendant quelques mois encore. Mais les retours possibles de Ribéry à droite et, plus tard, de Ben Arfa à gauche pourraient changer la donne.

Une attaque à nouveau efficace ?

Après une période de disette de près de deux ans (21 buts en 22 matches entre novembre 2008 et septembre 2010, dont huit matches sans but marqué), les Bleus semblent avoir retrouvé une certaine efficacité offensive l’automne dernier. Même si le 2-0 contre le Luxembourg n’a pas la même valeur que ceux obtenus en Bosnie ou face à la Roumanie. Benzema a marqué trois fois, dans trois matches différents, et Gourcuff deux, tandis que Valbuena, Rémy et Malouda ont trouvé l’ouverture une fois chacun. L’absence prolongée de Gonzalo Higuain au Real pourrait donner l’occasion à Benzema d’augmenter son temps de jeu en club, ce qui profitera à la sélection. Et la confiance de Samir Nasri, qui réalise des prouesses dans la surface avec Arsenal devrait bientôt se traduire par des buts en sélection.

Les bannis réintégrés ou écartés ?

C’était l’une des questions évoquées lors du podcast de décembre dernier sur panenka.fr : que faire de Franck Ribéry ? Faut-il le réintégrer dans le groupe (sa suspension est terminée) au vu de ses performances en club, et si oui, à quelle place et avec quel statut ? Ou au contraire, Laurent Blanc doit-il préserver l’état d’esprit des titulaires actuels ? L’exemple d’Aimé Jacquet, qui avait préféré écarter Ginola et Cantona de l’Euro 96 et de la coupe du monde 98, pourrait inspirer le sélectionneur. Prendre le risque de rallumer les conflits de Knysna au sein d’un groupe qui a besoin avant tout de confiance et de sérénité, est-ce bien raisonnable ?

Ribéry n’est pas le seul concerné : Patrice Evra (dont les propos avant le dernier MU-Arsenal montrent qu’il n’a rien perdu de son arrogance) et à un degré moindre Jérémy Toulalan pourraient subir le même sort.

La qualification à l’Euro 2012 prioritaire ?

Question importante. Pour Laurent Blanc, c’est une évidence. En août dernier, dans un entretien à l’Equipe, il avait affirmé qu’en cas de non-qualification, il quitterait son poste de sélectionneur. Le fiasco de 2010 montre pourtant ce qu’il peut advenir d’une équipe qui s’est qualifiée n’importe comment, sans projet de jeu. Si les Bleus viennent à bout d’un groupe qualificatif relativement faible en octobre prochain, ils iront en Pologne et en Ukraine avec quel objectif ? Passer le premier tour ?

Une autre option pourrait être de faire l’impasse sur la qualification et de préparer l’équipe à l’échéance suivante, celle de 2014. Ce qui ne veut bien entendu pas dire qu’il faudra jouer les rencontres de 2011 comme si elles étaient toutes amicales. Mais bien de s’enlever une bonne fois pour toutes la pression liée à l’obligation de résultats.

Une identité de jeu affirmée ?

Ce point découle du précédent. Avant le match de Sarajevo, Laurent Blanc était déjà prêt à sacrifier son projet de jeu pour obtenir un match nul (comprenez un 0-0), qu’importe la manière. Heureusement, les choses se sont terminées différemment. Avec Gourcuff, Nasri et Diaby, le sélectionneur dispose d’une palette créative intéressante dont le trio de Sarajevo (Alou Diarra, Mvila et Diaby) représente l’alternative défensive. Contre l’Angleterre, des combinaisons se sont mises en place, que l’on attend de revoir contre un adversaire plus consistant et en compétition. L’échec de l’option Hoarau (un attaquant de grande taille jouant un rôle de pivot et appelant des balles aériennes) montre que l’identité technique des Bleus a plus d’avenir dans le jeu court au sol, là où Nasri et Benzema excellent.

Un lien recréé avec le public et les médias ?

C’est un point relativement accessoire, tant il est vrai que ce n’est ni l’adhésion de la presse ni le soutien populaire qui ont jamais fait gagner les Bleus. Quand les deux étaient à leur maximum, en 2002, en plein délire médiatico-publicitaire, l’équipe s’est effondrée sous ses propres insuffisances. Laurent Blanc jouit pour l’instant encore d’une cote assez élevée dans les médias, notamment audiovisuels où les anciens de 1998 ont pris des rentes à vie. Et le changement d’attitude notable des joueurs, conjugué à de meilleurs résultats, a fait le reste. Côté tribunes, compte tenu qu’en France la sélection nationale n’a pas de vrais supporters (notamment à Paris), un éloignement momentané du stade de France au profit de matches en province pourrait être une bonne idée.

Portfolio

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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