Le résultat était-il prévisible ?
Depuis quelques années, les France-Belgique tenaient plus du plat pays que de la haute montagne. Placé au bout du bout d’une saison bien remplie, on pouvait imaginer que l’édition 2015 ne dérogerait pas à la règle avec des acteurs la tête déjà aux vacances. Grossière erreur. Au terme d’un match complètement débridé qui ressemblait un peu à du foot à 5, Lloris et Courtois sont repartis avec sept buts dans leur musette, le genre de chose qui ne leur arrive quasiment jamais en sélection. Nous reviennent alors les souvenirs de France-Belgique échevelés, comme ceux de 1981 (gagné 3-2), 1984 (5-0), 1986 (4-2 après prolongations) ou 1992 (3-3). Les Bleus et les Diables Rouges ont fait encore mieux cette fois, les premiers buvant la tasse pendant les deux tiers de la partie, ne sauvant à peu près que le premier et le dernier quart d’heure.
L’équipe est-elle en progrès ?
Même si c’est la deuxième fois en trois matches, perdre un amical n’est évidemment pas en soi une catastrophe, à condition d’en tirer les enseignements. Là où c’est plus embêtant, c’est que face au Brésil et contre la Belgique, Didier Deschamps a aligné ses meilleurs éléments compte tenu des forfaits (Evra, Debuchy, Pogba et Varane). Du coup, ce qui aurait pu passer pour un accident sans conséquence prend des allures de mauvais présage, un an avant le début de l’Euro.
Surclassés en première mi-temps par des Belges bien plus efficaces et qui ne donnaient jamais l’impression de faire le maximum, les Bleus se sont fait corriger au moment-même où ils pensaient revenir dans le match. Le très tardif (et insuffisant) réveil impulsé par les entrées de Fekir et Ntep ne doit pas faire illusion, mais il permet à minima de se raccrocher à quelque chose de positif.
Quels sont les joueurs en vue ?
Aucun des titulaires alignés contre la Belgique n’a été à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’un favori de l’Euro. Mathieu Valbuena a compensé des maladresses inhabituelles chez lui par beaucoup d’engagement, Moussa Sissoko a rappelé par intermittence qu’il était un joueur capable de perforer les lignes adverses et... c’est tout. Du côté des entrants, on retiendra le culot de Paul-Georges Ntep dont le jeu génère du déchet mais qui a au moins le mérite de tenter des choses, comme sur le but de Nabil Fékir, autre satisfaction de la soirée qu’on espère revoir plus longtemps en Albanie, loin d’un public grotesque qui le prend pour cible. Dimitri Payet a alterné, comme souvent, le n’importe quoi avec le brillant, mais il a eu le mérite de convertir en frappe cadrée (et victorieuse) une offrande de Sissoko dans le temps additionnel.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Devant un Hugo Lloris furieux mais toujours aussi peu influent, la charnière Koscielny-Varane a livré une prestation comme on n’en avait pas vu depuis longtemps en équipe de France. En retard, mal placés, voire carrément se gênant l’un l’autre sur le deuxième but de Fellaini, le Madrilène et le Gunner ont vécu une soirée cauchemardesque qui pèsera sans doute lourd dans les choix à venir. Sur les côtés, Sagna a tenté de jouer court (et plutôt juste) en première période avant de disparaître de la circulation. Trémoulinas a cherché systématiquement la tête de Giroud ou de Sissoko, mais ses centres de moins en moins précis n’ont jamais trouvé preneur.
Si la défense tricolore est passée au travers, c’est aussi parce que le milieu de terrain n’a pas fait le travail. Yohan Cabaye a multiplié les mauvais choix et n’a pas pesé face au trio adverse Nainggolan-Witsel-Fellaini. On peu en dire autant de son coéquipier Matuidi, qui visiblement n’a plus de jus après une saison marathon avec le PSG. La sortie de Cabaye pour Payet n’a évidemment pas rééquilibré les lacunes françaises à la récupération.
Enfin, Olivier Giroud avait une magnifique occasion de briller en l’absence de Karim Benzema. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’en a pas profité, ce qui doit rassurer le Madrilène, d’autant que la prestation d’Alexandre Lacazette a été plutôt décevante. Antoine Griezmann, remplacé à la mi-temps par le Lyonnais, a semblé complètement ailleurs. Pour lui aussi visiblement il est temps que la saison se termine.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
On se souvient que les Albanais avaient considérablement compliqué la vie des Bleus à l’automne dernier sur la pelouse de Rennes (1-1). Autant dire que finir la saison là-bas risque fort de ne pas être un cadeau. Si Paul Pogba (et Patrice Evra peut-être, s’il est remis de sa blessure contre Barcelone) sera de retour dans l’entrejeu, Didier Deschamps va devoir choisir : faire tourner son équipe en alignant d’entrée Jallet, Gonalons, Kondogbia ou Fekir, ou bien conserver son équipe-type pour lui laisser une chance de se racheter par une victoire avec la manière. Il reste aux Bleus une dizaine de matches avant de passer aux choses sérieuses, mais ils seraient bien inspirés de colmater les brèches derrière et de remettre du liant au milieu. Le plus vite possible.