Après chaque match de l’équipe de France, et avant de publier les tableaux de bord, je fais une petite liste des enseignements à en tirer, en cinq questions.
Le résultat était-il prévisible ?
Même réflexion qu’après Angleterre-France : ce qui compte dans un match amical, c’est la manière plus que le résultat sec. Celle de l’équipe de France a été plutôt décevante en première mi-temps, du moins jusqu’à l’exclusion d’Hernanes pour un hommage à De Jong. Réduits à dix, les Brésiliens sont sortis du match pendant une bonne demi-heure, le temps pour les Bleus de prendre l’avantage. Comme souvent à cette période de l’année, l’intérêt de la rencontre a chuté en deuxième mi-temps au rythme des changements des deux côtés. Conclusion : bon résultat, manière moyenne. On n’est pas beaucoup plus avancé qu’après le match de Wembley.
L’équipe est-elle en progrès ?
Après un début de match intéressant, ponctué par une superbe action Gourcuff-Benzema terminée par un tir un poil trop croisé, les Bleus ont reculé et abandonné le jeu aux Brésiliens en milieu de terrain. D’une manière générale, si la défense a bien tenu (malgré quelques approximations qui auraient pu se payer cher) et si en attaque on a vu de belles choses, c’est au milieu que la sélection nationale a été la moins convaincante. A ce titre, les progrès observés en Bosnie avec un trio Mvila-Diarra-Diaby n’ont pas vraiment eu de suite. Et quand il va falloir jouer contre des équipes regroupées derrière, notamment en juin en Biélorussie, le manque de construction au milieu sera lourd de conséquences.
Quels joueurs sortent de ce match renforcés ?
Karim Benzema aura été le joueur français le plus en vue, et pas seulement pour un douzième but somme toute très facile, Menez ayant fait tout le travail. Le Madrilène s’était créé une superbe occasion en tout début de match, et aura été dangereux en deuxième mi-temps jusqu’à sa sortie, malgré une cuisse douloureuse.
Jérémy Menez a en partie rattrapé la mauvaise impression laissée contre la Biélorussie il y a cinq mois. Volontaire, combatif et collectif, il a tenté des choses côté droit, et sa percée décisive sur le but de Benzema aura combiné technique individuelle et sens du collectif. Il mérite d’être revu.
Philippe Mexès a fait quelques jaillissements pleins d’autorité et quelques sorties de balle élégantes. Même si ce n’était pas un joueur menacé dans les mois à venir, le Romain a conforté un peu plus la conviction de Laurent Blanc. A ses côtés, Adil Rami a fait un bon match également, tentant même une percée plein axe en première mi-temps qui a failli aller au bout.
Hugo Lloris a commencé son match par une nouvelle relance hasardeuse, mais ses jaillissements sur les balles en profondeur du Brésil ont soulagé la défense. Par la suite, il s’est appliqué à relancer court de préférence sur Abidal.
Quels joueurs sortent de ce match affaiblis ?
Au milieu, Mvila et Diarra ont connu une première mi-temps difficile, clairement dominés par le milieu brésilien. Le Rennais est logiquement sorti, mais Diaby n’a rien montré de plus. On a très peu vu Florent Malouda, dans la continuité de ses pâles performances de la fin 2010. Sagna nous a encore gratifié de centres aveugles.
Nombreux étaient ceux qui avaient émis de sérieux doutes sur la nécessité de sélectionner un Gourcuff fantômatique, sans même parler de le titulariser. Alors que le Lyonnais avait une belle occasion de profiter de l’absence de Nasri, force est de constater que ce n’a pas été le cas. Hormis une ouverture millimétrée dans la course de Benzema à la neuvième minute, il a perdu beaucoup de ballons et n’est pas parvenu à orienter le jeu proprement. Il n’est pas certain que Laurent Blanc lui maintienne encore longtemps sa confiance dans ces conditions.
Dommage que Kevin Gameiro soit rentré si tard, il n’a eu qu’une occasion, sur le débordement de Rémy en toute fin de match, mais il a fait le mauvais choix en repiquant dans l’axe plutôt que de couper la trajectoire au second poteau. D’une manière générale, comme contre l’Angleterre, aucun des remplaçants ne s’est montré à son avantage.
Quelles sont les attentes pour la prochaine rencontre ?
Paradoxalement, le Luxembourg-France du 25 mars prochain pèsera plus lourd que ce France-Brésil, même si l’affiche est sans commune mesure. Si la victoire française ne fait guère de doute, n’oublions pas que le match aller à Metz n’avait pas ressemblé à grand chose et que les Bleus avaient sué avant de marquer un second (et dernier) but. Ce ne sera pas dans ce match-là qu’on verra si les Bleus s’améliorent dans la construction du jeu, mais peut-être dans le France-Croatie qui suivra, le 29 mars.