Le résultat était-il prévisible ?
Depuis une quinzaine d’années, les France-Brésil amicaux ne tiennent jamais leurs promesses. Autant dire qu’on n’attendait rien de spécial de celui-là, avec des Bleus privés de Cabaye, Debuchy et Pogba d’un côté, et des Brésiliens en mode reconstruction après traumatisme de l’autre. La première mi-temps, indigente, a été conforme aux attentes, avec son lot d’erreurs techniques — considérable pour un match opposant un demi-finaliste mondial à un prétendant à l’Euro —, de passes ratées et de pressing au pas. La surprise est venue après la pause, avec un Brésil enfin joueur qui déchiré la défense française facilement sur une perte de balle puis sur un corner très mal défendu. C’est bien sûr un avertissement sans frais, suffisamment loin de juin 2016 pour être corrigé d’ici-là, et qui ôtera aux Bleus toute prétention de se croire champions d’Europe avant l’heure.
L’équipe est-elle en progrès ?
Les deux sorties de novembre soulevaient, sinon des inquiétudes, du moins des interrogations sur les limites de l’équipe. Ce qu’on a vu face à un Brésil plutôt pas mal mais certainement pas génial met en évidence le manque criant de leader sur le terrain quand les choses sont mal engagées. Sakho avait joué ce rôle à merveille contre l’Ukraine fin 2013, mais là, le petit mouvement de révolte après le but de Neymar est vite retombé. Et à 1-3, la résignation l’a emporté. Pas grave pour un match amical du mois de mars (à un moment de la saison où les Bleus perdent souvent), mais rédhibitoire en phase finale européenne.
Quels sont les joueurs en vue ?
Avec un but copie conforme de celui contre la Suède à Marseille, et une occasion nette sauvée de justesse par Thiago Silva, Raphaël Varane aura été l’un des Bleus les plus dangereux face aux cages de Jefferson. Défensivement, en revanche, il n’a pas dégagé beaucoup de sérénité et a subi un petit pont d’Oscar sur l’égalisation brésilienne, ce qui ne fait jamais plaisir. En deuxième mi-temps, il n’est pas parvenu à boucher les trous béants laissés par Sagna et a semblé mal placé sur le troisième but brésilien signé Luiz Gustavo.
Mathieu Valbuena a eu du mal à se mettre dans le sens du jeu sur les rares ballons français en première mi-temps, mais ses corners ont porté à chaque fois le danger dans la surface brésilienne. A sa décharge, il a eu Benzema et parfois Griezmann dans sa zone de jeu, en plus de Sissoko et Sagna. Un vrai embouteillage.
Quant à Steve Mandanda, il a certes encaissé trois buts (22 en 20 matches), mais aucun n’est pour lui et le reste de son match a été irréprochable. Il a sorti plusieurs tirs cadrés et ses prises de balle sur les centres ont été tranchantes. Pas sûr que Lloris aurait fait beaucoup mieux.
Sinon, Paul Pogba a été très bon. On plaisante, quoi que : l’absence du Turinois a révélé à quel point son rôle est déterminant dans l’entrejeu français. C’est le cinquième match qu’il manque depuis ses débuts. Résultat : deux nuls (0-0 contre la Belgique et la Géorgie en 2013) et trois défaites (contre le Brésil en 2015 et 2013, et l’Uruguay en 2013).
Quels sont les joueurs en retrait ?
On va faire court sur la prestation déplorable des deux latéraux Sagna et Evra, incontestablement le point faible de l’équipe. C’est là que Deschamps va devoir trouver des solutions rapidement (Corchia ? Trémoulinas ?), car les Bleus n’arriveront à rien l’an prochain avec des joueurs de couloirs aussi indigents devant et aussi laxistes au marquage. Le deuxième but brésilien, avec une perte de balle plein axe d’Evra sur Willian et une offrande à Neymar libre d’avancer et de fusiller Mandanda côté gauche en est l’illustration. Il y en a eu beaucoup d’autres.
Si on peut noter chez le capitaine d’un soir une bonne qualité de conservation de balle (mais très loin de la surface adverse), l’impact offensif de Karim Benzema se résume en deux occasions : une tellement énorme, à la 7e minute, qu’on a cru un instant qu’elle était rentrée (mais c’est Jefferson qui s’est retrouvé dans les filets après un réflexe de handballeur), l’autre à l’heure de jeu où Benzema a voulu rendre hommage à Henry d’une volée au second poteau estampillée Mondial 2006. Mais la sienne est partie dans les nuages.
Comme d’habitude, Antoine Griezmann n’a pas marqué en étant titulaire, mais, plus grave, son impact sur le jeu a été presque insignifiant. Hormis une frappe sortie par Jefferson à la 63e, il a signé sans doute son plus mauvais match en sélection.
Enfin, la plus grosse déception est venue du milieu Schneiderlin-Matuidi-Sissoko. Ce dernier, qui réclame depuis longtemps un rôle axial, n’en a pas vraiment profité, alors qu’il y avait la place de faire quelque chose face à Elias et Luiz Gustavo. Les deux autres ont laissé beaucoup trop d’espace à Oscar et Willian, qui en ont bien profité.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
La rencontre de dimanche soir contre le Danemark sera une bonne occasion de réagir rapidement à ce qui ressemble à une claque. Logiquement, le sélectionneur devrait faire tourner son effectif, avec par exemple Giroud en attaque, Ruffier dans les cages, Fekir au milieu et Trémoulinas et Jallet dans les couloirs. La rentrée convaincante de Kondogbia pourrait jouer en sa faveur également. Il faudra en tout cas montrer plus d’envie et plus de vitesse dans le jeu pour faire la différence et reprendre le fil des promesses de 2014.