En quelques jours sont tombés les pays organisateurs des deux prochaines Coupes du monde (la troisième ne faisant guère de doutes) et des trois prochains Championnats d’Europe. Nous voici donc fixés jusqu’en 2032, même s’il reste quelques incertitudes relatives au calendrier et aux villes où se joueront les finales.

2024 : Allemagne

Profitez-bien de celui-là : c’est la dernière compétition majeure qui se jouera dans un seul pays au cours des dix ans à venir, et le prochain sera sans doute l’Arabie Saoudite en 2034, ce qui est tout sauf une bonne nouvelle. Allemagne 2024 aura l’avantage de se jouer dans un périmètre restreint, avec des villes rapprochées afin de favoriser le plus possible les déplacements en train. Une simple question de bon sens mais suffisamment exceptionnelle pour être relevée.

Ce sera le deuxième Euro joué en Allemagne, le premier remontant à 1988 dans son format à huit équipes. A l’époque, les Bleus l’avaient regardé au camping ou à la plage, car ils avaient été laminés en phase qualificative dans un groupe pourtant jouable, derrière l’URSS, la RDA, la Norvège et devant la seule Islande. On se souvient que c’est l’année du seul sacre des Pays-Bas du trio monstrueux Rijkaard-Gullit-Van Basten, qui plus est au stade olympique de Munich, là-même où la génération dorée des Cruyff, Neeskens et Krol s’était inclinée.

La RFA (le mur de Berlin tombera dix-sept mois plus tard, et la réunification aura lieu en octobre 1990) s’était extirpée d’un groupe piégeur (Danemark, Italie et Espagne) mais avait perdu la demi-finale contre les Pays-Bas dans le dernier quart d’heure (1-2).

A noter aussi que l’Allemagne a reçu deux Coupes du monde (1974 et 2006) et une Coupe des Confédérations (2005). 

Les Bleus ont manqué la première et la dernière, et ont failli remporter la deuxième. A une barre près...

2026 : Etats-Unis, Mexique, Canada

Pour la première fois, une Coupe du monde sera organisée dans trois pays différents. Et ce, à l’échelle d’un continent. Après les 12.000 kilomètres carrés du Qatar, voici les 12 millions de kilomètres carrés du Canada, des Etats-Unis et du Mexique. Oubliez les déplacements à métro à Doha ou en train en Allemagne, là ce sera l’avion long courrier et les fuseaux horaires à franchir.

Des trois pays, seul le Canada n’a jamais accueilli de Coupe du monde (uniquement les JO de Montréal en 1976). Le Mexique l’a fait deux fois en seulement 16 ans, en 1970 et en 1986, la Colombie ayant jeté l’éponge la deuxième fois. Si l’équipe de France a manqué l’édition 1970 à cause d’une défaite calamiteuse contre la Norvège à domicile, elle était bien présente (et favorite pour la première fois) en 1986. Mais sa courte victoire face au Canada au premier tour, qui participait pour la première fois à la compétition, lui a ouvert un tableau très compliqué avec l’Italie, le Brésil et la RFA. Trop dur pour des trentenaires asphyxiés par des matchs joués en altitude et à midi. Le Mexique a quant à lui calé deux fois en quart de finale, battu en 1970 par l’Italie (1-4) après avoir ouvert le score, et en 1986 par la RFA aux tirs au but (0-0). Dommage, car la Verde aurait croisé la route des Bleus en demi…

Les Etats-Unis ont quant à eux accueilli la Coupe du monde en 1994, avec des records d’affluence (3,5 millions de spectateurs dans les stades). C’est sans la France, qui s’est débrouillée pour perdre ses deux derniers matchs à domicile en qualifications et laisser filer la Suède et la Bulgarie, qui atteindront toutes les deux les demi-finales. Le Brésil l’emporte sur l’Italie au terme d’une finale soporifique (0-0, tab) alors que les Etats-Unis ont fait bonne figure au premier tour, mais se sont inclinés de justesse contre les futurs vainqueurs en huitièmes (0-1).

2028 : Royaume-Uni et Irlande

C’est officiellement le deuxième Euro anglais après celui de 1996 (le premier joué à seize équipes). Mais en réalité, c’est le deuxième car en 2021, alors qu’il n’y avait officiellement aucun pays organisateur et douze villes hôtes, l’Angleterre a joué six fois sur sept à Wembley et l’Ecosse deux fois sur trois à Glasgow. Il devait même y avoir des matchs en Irlande, mais Dublin a été finalement écartée (la République d’Irlande n’était pas qualifiée).

En 2028, les matchs se joueront dans les Iles britanniques, ce qui qualifiera d’office pas moins de cinq sélections (Angleterre, Galles, Ecosse, Irlande du Nord et République d’Irlande), un record historique.

L’équipe de France était sortie du premier tour en 1996, et avait enchaîné deux 0-0 successifs contre les Pays-Bas en quart de finale et la République tchèque en demi, avec à chaque fois une séance de tirs au but, remportée pour la première et perdue pour la seconde. L’Angleterre n’avait pas fait mieux, en perdant sa demi-finale contre l’Allemagne, également aux tirs au but (ce n’était pas le tournoi le plus sexy du siècle).

Mais trente ans plus tôt, les Anglais avaient accueilli la World Cup à laquelle ils s’intéressaient enfin. Et avec l’aide d’un arbitrage sur mesure, ils avaient battu la France au premier tour (2-0), puis l’Argentine en quarts, le Portugal d’Eusebio en demi et la RFA de Beckenbauer (4-2) avec un triplé pour l’histoire de Geoff Hurst. A ce jour, c’est la seule ligne à leur palmarès international.

2030 : Espagne, Portugal, Maroc, Uruguay, Argentine, Paraguay

La FIFA s’est surpassée dans l’attribution (qui reste à confirmer en mai 2024) de l’édition 2030 à six pays, sur trois continents différents. Passe encore pour une candidature tripartite Espagne-Portugal-Maroc, bien plus cohérente que celle de 2026. De là à pousser les candidats sud-américains à se retirer en échange de l’organisation des trois premiers matchs du tournoi à Montevideo, Buenos Aires et Asuncion…

Sur ces six pays, trois ont déjà accueilli le tournoi mondial. L’Uruguay l’a fait en premier, en 1930. Ce sera donc le centenaire qui sera célébré dans le stade du Centenario, lequel avait été baptisé à l’occasion du premier siècle de l’indépendance uruguayenne. Et il l’avait emporté en battant en finale d’un tournoi tronqué (13 participants seulement) son voisin argentin.

L’Argentine était candidate pour l’édition 1942 qui n’a jamais eu lieu, mais elle a obtenu l’organisation en 1978, pour la dernière édition à 16. Là aussi, elle l’a emporté en battant en finale les Pays-Bas (3-1 après prolongations).

Le troisième précédent organisateur est l’Espagne, en 1982 pour la première édition à 24 équipes. Mais cette année-là, la Roja n’était pas au niveau, et il a fallu des circonstances très favorables pour qu’elle atteigne le second tour, devant le Honduras et la Yougoslavie, mais derrière l’Irlande du Nord. Ce qui l’envoya dans un groupe trop fort pour elle, contre la RFA et l’Angleterre.

Le Portugal et le Maroc, tous deux battus en demi-finale par la France en 2006 et en 2022, accueilleront leur première Coupe du monde, mais on ne sait pas encore quels matchs se joueront dans ces pays, ni si l’un d’eux recevra la finale.

L’équipe de France est déjà allée en Uruguay, en Argentine et en Espagne pour disputer une Coupe du monde. Elle y a été battue au premier tour en 1930 avec les honneurs (0-1 contre l’Argentine), comme en 1978 (idem, avec encore une défaite face à l’Argentine, 1-2). Mais en 1982, elle a fait beaucoup mieux en atteignant la demi-finale contre la RFA, perdue aux tirs au but, les premiers de l’histoire de la compétition.

2032 : Italie et Turquie

Le huitième Euro du siècle aura lieu dans deux pays n’ayant aucune frontière commune, si ce n’est la Méditerranée. Il y a 1400 kilomètres à vol d’oiseau entre Rome et Istanbul, mais 2250 par la route en passant par les Balkans. L’Italie a accueilli le tout premier Euro sous la forme d’un tournoi à huit, en 1980, mais a été éliminée dès le premier tour. Elle a récidivé dix ans plus tard en Coupe du monde, chutant cette fois en demi-finale contre l’Argentine de Maradona, à Naples. Mais auparavant, elle avait remporté la deuxième édition de l’épreuve, en 1934, dans une ambiance détestable en plein régime fasciste.

La Turquie a été de nombreuses fois candidate à l’organisation de l’Euro, notamment en 2016 où elle a été écartée de justesse par la France (Platini était alors président de l’UEFA). Elle aura donc l’occasion de montrer qu’elle a sa place, même si son équipe ne brille plus autant qu’en 2002 (troisième de la Coupe du monde asiatique) ou en 2008 (demi-finaliste de l’Euro en Suisse).

L’équipe de France n’a fait que passer en Italie en 1934, éliminée dès le premier match par l’Autriche (2-3 après prolongations). Et elle n’était présente ni à l’Euro 1980, ni au Mondiale 1990.