Bilan 2024 de l’équipe de France (6/6) : quoi de neuf ?

Publié le 19 décembre 2024 - Bruno Colombari

Il y a eu du nouveau en 2024, avec trois néo-Bleus, deux nouveaux buteurs, des records de chronomètre battus des deux côtés, les victoires en compétition qui égalent celles en amical et même une défaite de Kanté en phase finale.

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Un nouveau 9

Olivier Giroud s’était littéralement approprié ce numéro, qu’il a porté 137 fois entre novembre 2011 et juillet 2024, à l’exclusion de tout autre. C’est donc le deuxième numéro le plus porté par un même joueur, après le 1 (145 fois, par Lloris). On attendait donc avec curiosité de voir qui en hériterait en septembre. Pas Mbappé, qui porte le 9 en club au Real, et qui garde le 10 en sélection. Pas non plus Kolo Muani, pourtant titulaire cinq fois à l’automne. C’est Marcus Thuram qui le récupère, abandonnant le 15 qu’il portait en souvenir de son père. Pour l’instant, ça ne lui a pas vraiment porté chance.

Trois nouveaux joueurs (et deux retours)

Après deux années denses en nouveaux joueurs (10 en 2022, 7 en 2023), l’année 2024 aura vu le retour à une certaine stabilité en équipe de France puisque seulement trois nouveaux joueurs ont eu du temps de jeu : Bradley Barcola, Michael Olise et Manu Koné. Deux autres ont été appelés sans jouer : Loïc Badé et Lucas Chevalier. Si aucun ne semble avoir acquis un statut de titulaire dans un contexte de forte rotation au milieu et en attaque, tous ont eu du temps de jeu avec trois titularisations et au moins une entrée en jeu (trois pour Barcola).

Pour autant, ce sont deux anciens, des trentenaires plus vus depuis 2022, qui ont vraiment apporté quelque chose en 2024 : N’Golo Kanté en juin et Lucas Digne en septembre. Ce qui rappelle les retours plutôt réussis d’Adrien Rabiot en 2020 et de Karim Benzema en 2021.

Deux nouveaux buteurs

Comme en 2023, il a fallu du temps pour voir des nouveaux buteurs en équipe de France : le premier est Bradley Barcola face à l’Italie en septembre et le second Christopher Nkunku en octobre contre Israël. Barcola n’a attendu que sa sixième cape (et sa deuxième titularisation) pour ouvrir son compteur. Il a fallu beaucoup plus de temps à Nkunku, qui n’a marqué qu’à sa 11e sélection (4e titularisation), deux ans et demi après ses débuts.

Le but le plus rapide (marqué)

Personne ne sait au bout de combien de secondes ont été marqués les buts décomptés dans la première minute avant que les matchs ne soient filmés en intégralité (au début des années 1950). Juste Brouzes en mai 1914 et Joseph Rodriguez en juin 1932 ont marqué dans les 60 premières secondes, mais on ne sait pas laquelle. En tout cas, Bradley Barcola est devenu contre l’Italie en septembre le plus rapide depuis que les buts sont chronométrés, avec 12 secondes à peine pour battre son coéquipier Gianluigi Donnarumma.

Le but le plus rapide (encaissé)

Il y a des manières moins originales de commencer une année civile. En mars dernier contre l’Allemagne à Lyon, il a fallu exactement sept secondes à Florian Wirtz pour battre Brice Samba sur une combinaison au coup d’envoi qui a totalement disloqué le milieu de terrain tricolore. C’est le but le plus rapide encaissé par les Bleus, là aussi avec les mêmes précautions d’usage que précédemment : mais seul le but du Néerlandais Wim Roetert en 1923 pose question, l’un des deux seuls précédents encaissés dans la première minute avec celui de l’Anglais Bryan Robson en 1982 (27 secondes).


 

Trois nouveaux capitaines

A défaut d’être riche en rebondissements, 2024 l’aura été en capitaines, puisqu’ils ne sont pas moins de cinq à s’être partagé le brassard : Mbappé et Griezmann, mais aussi Kanté (en juin contre l’Autriche, puis face au Portugal, à la Belgique en septembre et contre Israël en novembre), Tchouaméni (en octobre devant la Belgique et Israël) et Ibrahima Konaté (en octobre contre les mêmes et en novembre en Italie).

Première défaite à domicile contre l’Italie en compétition depuis 1938

Si les Bleus ont souvent perdu contre l’Italie, ce n’est pas courant à domicile, loin de là : la dernière défaite face à la Squadra Azzurra en France remonte au 11 avril 1954 (1-3 à Colombes en amical). Et en compétition, il faut remonter au 12 juin 1938 pour en trouver une trace (1-3 également, à Colombes encore, en quarts de finale de la Coupe du monde). Autrement dit, le 1-3 surprise de septembre dernier est à la fois exceptionnel et dans la continuité des deux précédents (même score).

Premier triplé annuel contre un même adversaire

Jouer trois fois contre la Belgique, les Bleus l’avaient déjà fait en 1930, à chaque fois en amical, et avec des bonheurs relatifs : une défaite à Colombes en avril (1-6 !), une victoire à Ougrée, dans la banlieue de Bruxelles, en mai (2-1) et un nul à Montrouge en décembre (2-2). Cette configuration plutôt rare ne s’était reproduite que deux fois : en 1949 contre la Yougoslavie en qualifications pour la Coupe du monde au Brésil, en l’espace de deux mois seulement : 1-1 à Belgrade en octobre, 1-1 encore à Colombes trois semaines plus tard, et 2-3 en décembre à Florence en barrage. Puis, plus récemment, en 2022 face au Danemark avec deux défaites en qualifications pour la Ligue des Nations (1-2 à Saint-Denis en juin, 0-2 à Copenhague en septembre) et une victoire au premier tour de la Coupe du monde au Qatar (2-1 en novembre).


 

En 2024, dans une année vraiment pas mémorable, on se souviendra du triplé réussi contre la Belgique en juillet à Düsseldorf (1-0) en huitièmes de finale de l’Euro, en septembre à Lyon (2-0) et en octobre à Bruxelles (2-1) en qualifications pour la Ligue des Nations. Et trois buts et demi de Randal Kolo Muani (le quatrième étant un tir dévié par Jan Vertonghen et attribué au défenseur belge).

Première défaite en demi-finale depuis 1986 (ou 1996)

Si on pouvait s’attendre à ce que l’Espagne élimine une pâle équipe de France à l’Euro, une stat servait à entretenir l’espoir : les Bleus avaient remporté leurs six dernières demi-finales en tournoi majeur (1998, 2006, 2018 et 2022 en Coupe du monde, 2000 et 2016 à l’Euro), auxquelles ont pouvait en ajouter trois autres en Coupe des Confédérations (2001 et 2003) et en Ligue des Nations (2021).

Autant dire que la défaite de Munich à l’Euro contre la Roja (1-2) a ravivé des souvenirs très lointains, puisqu’il faut remonter à 1996 pour retrouver la précédente élimination à ce stade de la compétition (face à la République tchèque, 0-0 et 5-6 aux tirs au but). Mais comme c’était statistiquement un match nul, la précédente défaite date de 1986 contre la RFA au Mexique (0-2). Olivier Giroud n’était pas encore né…

Première année à quatre 0-0

On n’en avait pas eu depuis octobre 2020 (Portugal à Saint-Denis) et ça ne manquait à personne. Trois années pleines sans 0-0, ça n’était plus arrivé depuis 1970. Et puis il y en a eu un contre le Canada en amical. Puis un autre face aux Pays-Bas au premier tour de l’Euro. Et encore un en quarts de finale devant le Portugal. Et enfin un quatrième en novembre contre Israël. Ça fait beaucoup, et ce n’était jamais arrivé en 120 ans d’histoire des Bleus. Mais ce n’est pas un record, puisque 2004 a fait mieux (ou pire, question de point de vue) avec cinq 0-0 (Pays-Bas, Brésil, Israël, Irlande et Pologne).

Premier doublé de la tête avec le même passeur décisif

Il n’est pas fréquent de voir un Bleu marquer deux fois de la tête lors d’un même match : avant Adrien Rabiot contre l’Italie en novembre, il y avait eu Benjamin Pavard en 2023 face à l’Ecosse, Zinédine Zidane en 1998 contre le Brésil, Hervé Revelli en 1969 (Norvège) et Eugène Maës en 1913 (Luxembourg). Mais aucun n’avait eu deux fois le même passeur décisif, comme l’a été Lucas Digne pour Rabiot.

Premier but de Mbappé à l’Euro

Nul doute que l’attaquant du Real ne gardera pas un souvenir joyeux de son deuxième Euro, mais au moins aura-t-il fait mieux que lors du premier, en 2021 : il a inscrit un but, sur pénalty face à la Pologne, et donné une passe décisive à Randal Kolo Muani contre l’Espagne. C’est peu compte tenu de son statut, mais c’est déjà ça.

Première défaite au Parc sous l’ère Deschamps

Le match perdu contre l’Italie n’était que le quatrième que l’équipe jouait au Parc des Princes depuis 2012. Mais les précédents s’étaient tous soldés par des victoires avec clean sheet (Australie 60- en 2013, Kazakhstan 8-0 en 2021 et Irlande 2-0 en 2023).

Amical contre compétition, 232 victoires partout

En battant l’Italie en novembre, les Bleus comptent désormais 232 victoires en compétition, autant qu’en amical. C’est la première fois que ça leur arrive depuis 1904. Il y a encore dix ans, l’écart était de 33 en faveur des amicaux (205 à 172), mais leur raréfaction depuis a permis de combler l’écart. 2025 devrait donc voir les victoires en compétition dépasser (définitivement) celle en amical.

Première défaite en phase finale pour N’Golo Kanté

Avant le match contre l’Espagne à Munich en juillet, Kanté était en quelque sorte le collier d’immunité des Bleus en phase finale : avec lui, depuis 2016, ils avaient joué 20 fois, pour 13 victoires et 7 nuls (dont le huitième perdu contre la Suisse en 2021, mais c’est statistiquement un match nul). Il aura donc fallu attendre son 21e match pour le voir perdre un match de phase finale. On ne lui en veut même pas.

Ce qui n’a pas changé :

 trois buts contre leur camp offerts par des adversaires : Maximilian Wöber (Autriche), Jan Vertonghen (Belgique) et Guglielmo Vicario (Italie) ont donné un petit coup de main (ou de pied, ou de jambe, ou de dos) à des Bleus pas spécialement inspirés devant. Le record de 2018 a été égalé.
 toujours pas de victoire contre les Pays-Bas en phase finale : après les défaites de 2000 (2-3) et 2008 (1-4), voici un nouveau nul, comme en 1996 (0-0). A défaut de bête noire, on parlera d’animal orange.
 gagner un quart de finale aux tirs au but, c’est un peu une spécialité française : après ceux de 1986 (Brésil), 1996 (Pays-Bas) et 1998 (Italie encore), voici le Portugal (2024) qui vient compléter la liste, mettant un terme à trois échecs consécutifs en finale (Italie 2006 et Argentine 2022) et en huitième (Suisse 2021).
 Olivier Giroud est toujours le buteur le plus âgé en équipe de France, mais il a repoussé un peu la limite en marquant contre le Chili son 57e et dernier but en sélection à 37 ans, 5 mois et 26 jours. Il sera très difficile de faire mieux.
 encore un pénalty concédé lors d’un championnat d’Europe (transformé par Robert Lewandowski pour la Pologne), le 14e sifflé contre la France ! A l’inverse, les Bleus en ont obtenu 6 depuis 1984, dont un aussi cette année (marqué par Mbappé, toujours contre la Pologne).

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