Le contexte historique
Un tremblement de terre dévaste l’Amérique centrale et notamment le Guatemala et le Honduras en février, avec 100 000 morts et blessés. Un autre en Chine fin juillet fera 240 000 victimes. En Argentine, l’armée renverse Isabel Peron et le général Videla prend le pouvoir. Sept ans de dictature commencent et feront 30 000 disparus. Un an après la fin de la guerre le Viet Nâm est réunifié en une république socialiste soutenue par l’URSS. En octobre, après la mort de Mao, la bande des quatre est arrêtée par le comité central du PCC présidé par Hua Guofeng.
En Espagne, c’est la fin du franquisme, un an après la disparition du dictateur. Aux Etats-Unis, Jimmy Carter devient le 39e président américain, il succède à Gerald Ford. Le Premier ministre français Jacques Chirac démissionne en août, il est remplacé le lendemain par Raymond Barre. Au cinéma sort Taxi Driver de Martin Scorsese, 1900 de Bernardo Bertolucci et Rocky de John G. Avildsen. Alors que Téléphone sort son premier album, U2, The Cure et The Clash font leurs débuts.
Le contexte sportif
En Europe, c’est le Bayern Munich qui est hégémonique après le règne de l’Ajax. Depuis 1974, les coéquipiers de Franz Beckenbauer font la loi sur le continent et l’emportent pour la troisième fois en mai à Glasgow contre Saint-Etienne. Les Verts réalisent quant à eux le triplé en championnat mais lâchent la coupe de France qu’ils avaient remportée en 1974 et 1975. Enfin, le championnat d’Europe 1976 (qui pour la dernière fois, se joue à quatre chez l’un des demi-finalistes) est remporté, à la surprise générale, par la Tchécoslovaquie qui bat la RFA (tenante du titre et championne du monde) lors de la première séance de tirs au but en match international, avec celui, entré dans l’Histoire, d’Antonin Panenka.
Le sélectionneur en poste
Nommé à la fin de l’année 1975 pour succéder à Stefan Kovacs dont il était l’adjoint, Michel Hidalgo est surtout connu pour son activité à la tête de l’UNFP — le syndicat des joueurs professionnels — dans les années 60. Sa carrière de joueur l’a vu passer par le Stade de Reims (avec lequel il a joué une finale de coupe d’Europe en 1956) et l’AS Monaco, avant d’entraîner l’équipe amateur de Menton en 1968. Son objectif avec les Bleus est de décrocher enfin une qualification en coupe du monde, après deux échecs cuisants en 1970 et en 1974. Bien malin qui pourra deviner, au début de l’année 1976, que le Nordiste restera pendant les quatre décennies suivantes comme le sélectionneur avec la longévité record à la tête de l’équipe de France.
Le récit de l’année
Tout commence donc dans l’indifférence générale au Parc des Princes devant moins de 10 000 spectateurs le 27 mars 1976. Eliminés de l’Euro, les Bleus affrontent la Tchécoslovaquie de Viktor, Ondrus et Nehoda. Privé des Stéphanois qui préparent le match européen contre le PSV Eindhoven, Michel Hidalgo fait preuve d’audace et convoque six nouveaux joueurs, dont trois vont porter les Bleus au sommet : Didier Six, Maxime Bossis et Michel Platini, 200 sélections au total. Patrice Rio, Gilles Rampillon et Robert Pintenat ne connaîtront pas la même réussite, mais qu’importe. Gérard Soler ouvre le score à la 17e, et Michel Platini réalise son premier coup d’éclat à la 73e quand les Bleus obtiennent un coup-franc indirect dans la surface. Il demande à Henri Michel, 47 sélections au compteur, de lui passer le ballon. Et il marque le premier de ses 41 buts en équipe de France. L’égalisation tchécoslovaque dans le dernier quart d’heure est anecdotique (2-2). Une étoile est née.