Le résultat était-il prévisible ?
Je l’avais dit le matin du match : Andorre n’est pas une équipe contre laquelle on bat des records de buts marqués. En cinq confrontations, les Bleus n’ont pas fait mieux que 4-0 (en juin dernier et en mai 2004) ce qui n’est ni remarquable ni honteux. Et sur les deux rencontres de 2019, ils auront réalisé un cumul de 7-0, ce qui est déjà beaucoup mieux que ce qu’avaient fait leurs aînés de 1998 (3-0 en deux matchs en éliminatoires de l’Euro 2000). Comme en plus le Stade de France n’a jamais vu l’équipe de France marquer plus de cinq fois, toutes les conditions étaient réunies pour une victoire sans éclat.
L’équipe est-elle en progrès ?
Ce n’est pas sur ce genre de match qu’on peut utilement répondre à cette question. Mais dans sa difficulté à se procurer des occasions franches au cœur d’une possession stérile et où, en poussant un peu, on a l’impression que l’objectif principal semble plutôt de battre un record de passes à dix mètres que de marquer des buts, l’équipe de France 2019 a rappelé celle de 2016-17 quand il fallait y aller au chausse-pied pour battre des équipes dites faibles, comme la Biélorussie (0-0 et 2-1) ou le Luxembourg (3-1 et 0-0). Le progrès réside plus dans l’efficacité que dans la capacité à faire tourner les compteurs.
A la décharge des joueurs, on pourrait remarquer que l’intervalle de trois jours entre deux matchs, même à domicile, est vraiment très court, et qu’il aurait semblé plus judicieux de disputer celui contre Andorre dans un stade plus petit avec une ambiance plus porteuse : si le public du Stade de France (hormis le virage du club des supporters) s’est réveillé après la pause, la première mi-temps a plus rappelé Wimbledon qu’Anfield.
Quels sont les joueurs en vue ?
L’intérêt de ce France-Andorre qui se transformera vite en ligne statistique, c’était de confirmer les impressions du match précédent contre l’Albanie. Kingsley Coman a eu le mérite de débloquer la situation avant que celle-ci ne s’enlise, avec un but tout en accélération à la 18e minute, et il a été de loin l’attaquant le plus actif. Titularisé d’entrée, Jonathan Ikoné a moins eu l’occasion de briller que vendredi soir, avec il est vrai beaucoup moins d’espaces devant lui. Mais il a traversé la première ligne andorrane sur le but de Coman, et avec un but et une passe décisive pour ses deux premières sélections, il mérite d’être revu.
Même chose pour Clément Lenglet, qui enchaîne une troisième titularisation consécutive et commence à s’installer dans la défense française, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour Samuel Umtiti. Et comme il a marqué le deuxième but français d’une tête puissante à la 52e, il fait partie des trois grands gagnants de septembre.
Très quelconque en première période, Moussa Sissoko a été plus en vue en deuxième, où ses percussions et sa frappe de la tête à la 67e auraient mérité mieux.
Pour le reste, pas grand chose d’intéressant à relever, sinon la bonne deuxième mi-temps de Lucas Digne, qu’il a passé très haut dans le couloir gauche comme l’avait fait Lucas Hernandez contre l’Albanie. Ses centres n’ont pas toujours trouvé preneur, mais il a apporté des décalages alors que l’axe était très encombré.
Quels sont les joueurs en retrait ?
C’était sympa de la part d’Olivier Giroud d’offrir le pénalty à Antoine Griezmann, mais ce n’était pas l’idée du siècle : le Barcelonais a manqué sa deuxième tentative en deux matchs, ce qui ne va pas l’aider pour la prochaine fois. Disons au moins que le geste est caractéristique de l’ambiance qui règne dans le groupe.
Mais ce mois de septembre n’était pas celui de Griezmann, du moins pas le Griezmann buteur qui attendra encore pour marquer son trentième but en sélection. Son coup franc déposé sur la tête de Clément Lenglet est remarquable, et compense son manque de réussite sur ses frappes.
Corentin Tolisso avait une belle occasion de montrer ce qu’il savait faire au milieu face à deux équipes regroupées en défense. Il n’a pas été convaincant, et aura bien du mal à se faire une place une fois Kanté et Pogba revenus, alors que Guendouzi, qu’il aurait été intéressant de voir contre Andorre, pousse derrière.
Enfin, Léo Dubois a trop manqué de précision dans ses centres (gâchant notamment une jolie percée à la 9e) pour postuler à autre chose qu’un rôle de doublure de Benjamin Pavard.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Ceux d’octobre, à Reykjavik le 11 et contre la Turquie à Saint-Denis le 14, pourraient bien être décisifs pour la qualification, surtout après la défaite islandaise en Albanie (2-4). Une victoire des Bleus là-bas mettrait l’Islande à six points, alors que cette dernière devra se déplacer en Turquie en novembre. Dès lors, le France-Turquie à suivre pourrait être une sorte de finale pour la première place, même si le deuxième sera qualifié directement pour l’Euro. Ce sera aussi l’occasion pour les Bleus de prendre leur revanche du match aller à Konya où ils avaient pris l’eau en juin dernier.
L’objectif, outre de rendre amicales les deux dernières sorties en novembre (à domicile contre la Moldavie et en Albanie), pourrait être de monter en régime face à des adversaires du niveau d’un premier tour à l’Euro, de dégager les contours du groupe de juin et de s’imposer à l’extérieur pour chasser les doutes de Konya et Rotterdam.