Le résultat était-il prévisible ?
Même si les scores nuls entre la France et le Portugal sont rarissimes (un seul en 25 rencontres), c’était l’option la plus probable, compte tenu du très faible écart entre les deux sélections et du 0-0 à la fin du temps réglementaire de la finale de l’Euro 2016. La large victoire acquise face à l’Ukraine par une équipe bis ne pouvait évidemment pas donner beaucoup d’informations sur le profil de ce match-là.
Et finalement, il y a bien eu match nul, avec une physionomie assez proche de celle de 2016, à savoir une équipe de France dominatrice (en deuxième mi-temps surtout) mais trop lente dans le jeu et trop imprécise dans la dernière passe, et un Portugal très solide derrière, maître du jeu en première mi-temps et tenant le résultat après la pause.
L’équipe est-elle en progrès ?
Cette équipe-là était sur le papier bien supérieure à celle alignée face à l’Ukraine mercredi, avec les retours de Lloris, Varane, Kimpembe, Hernandez, Kanté, Rabiot, Pogba, Griezmann et Mbappé. La première mi-temps n’en a pas apporté la preuve. Dominés dans le jeu, privés de ballon, extrêmement peu mobiles avec, les Bleus pouvaient s’estimer heureux de retourner au vestiaire avec un score nul.
Ça a été mieux en deuxième mi-temps, d’abord grâce à la nette montée en puissance de Paul Pogba et par des combinaisons plus rapides entre Griezmann et Mbappé notamment, alors que Kanté et Kimpembe tentaient de proposer de la variété à partir de l’arrière. Mais l’équipe de France s’est procurée trop peu d’occasions nettes, et surtout de situations de tir, pour pouvoir espérer mieux que ce 0-0 préservé par Lloris en fin de match.
Quels sont les joueurs en vue ?
Hugo Lloris est de retour et ça s’est vu, surtout quand les Portugais ont voulu rejouer la prolongation 2016 dns les toutes dernières minutes de la partie. Dommage que son jeu au pied soit autant imprécis. Presnel Kimpembe a fait enfin un grand match en Bleu, car si on a finalement assez peu vu Ronaldo (qui n’a toujours pas marqué en 5 match contre la France), c’est beaucoup grâce à lui. Et aussi grâce à Lucas Hernandez, auteur d’un sauvetage impressionnant contre CR7 et quelques interventions judicieuses pour couper des attaques adverses.
Pas très inspiré en première mi-temps, où il a touché beaucoup de ballons, Paul Pogba a montré de quoi il était capable par la suite en déstabilisant le milieu portugais par sa puissance et sa couverture de balle. Dommage que sa frappe de la 76e minute ne soit pas allée au bout.
On a déjà vu un meilleur Kylian Mbappé, transparent en première période et bien pris par Pepe et Semedo. Mais son coup de reins dans la surface à la 47e, qui a déposé son nouveau coéquipier Danilo, a bien failli faire mouche.
Enfin, Adrien Rabiot a beaucoup travaillé, d’abord sans réussite comme tous les autres, puis de façon plus efficace au retour des vestiaires. Mais il lui a manqué un peu d’audace dans la dernière passe pour déstabiliser la défense adverse.
Quels sont les joueurs en retrait ?
La mauvaise période d’Antoine Griezmann n’est pas terminée, et pour une fois, il ne trouve pas chez les Bleus ce qui lui manque en club. Didier Deschamps a beau chercher un système de jeu qui lui donne le plus de liberté derrière deux attaquants, pour l’instant ça ne fonctionne pas. Plusieurs fois, il a ralenti des phases d’attaques, et a manqué d’inspiration à l’entrée de la surface adverses, avec des passes mal dosées ou des coups de pied arrêtés frappés trop courts.
Après une centième sélection brillante, Olivier Giroud est passé à côté de son match. Blessé à la tête d’entrée de jeu, il ne s’est jamais imposé dans son combat de rue avec Ruben Dias avant d’être remplacé par Anthony Martial.
Enfin, N’Golo Kanté a joué la première mi-temps sans inspiration, contribuant aux difficultés de l’entrejeu français. C’était un peu mieux en seconde période, mais il était loin de son meilleur niveau.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Pour garder une chance de finir en tête de leur groupe, les Bleus devront aller chercher une victoire à Zagreb mercredi contre la Croatie. Il est en effet très probable que le Portugal batte la Suède (qui compte trois défaites en autant de matchs) et conforte sa première place, qui devrait se jouer dans ce cas lors du match retour à Lisbonne le 14 novembre prochain.
Ils devront surtout faire beaucoup mieux devant, avec un jeu plus direct et une prise de risques plus grande, notamment sur des frappes de loin. Mais surtout, il devront accélérer sur les phases de transition au milieu. Et pour ça, le retour de Camavinga, que l’on aurait tellement aimé voir jouer contre le Portugal, pourrait être utile. Kingsley Coman en attaque apporterait aussi de la vitesse et de la percussion, ce qui mettrait probablement Giroud sur le banc.