Le résultat était-il prévisible ?
Entre une Croatie branchée sur courant alternatif (deux défaites en septembre, deux victoires en octobre) et une équipe de France sans autre alternative que la victoire pour ne pas être décrochée par le Portugal, il n’était pas simple d’anticiper sur le scénario de ce match. D’autant que Deschamps avait rebattu les cartes dans toutes les lignes en sortant les trois quarts de sa défense, deux tiers de son milieu et un tiers de son attaque.
Ce qui n’était pas prévisible, c’était de voir les Bleus aussi sereins en première mi-temps, puis complètement à la rue après la pause, et finalement vainqueurs à la fin. Mais on commence à s’habituer à des scénarios baroques lors des France-Croatie depuis 2018, surtout en compétition. Il y a quand même une constante : hormis en 2004 en Suisse (2-2), ce sont toujours les Bleus qui l’emportent à la fin.
L’équipe est-elle en progrès ?
La prestation des Bleus a été trop décousue pour pouvoir parler de réels progrès, même si l’efficacité a été évidemment bien meilleure que face au Portugal. Les multiples essais et changements de joueurs opérés par le sélectionneur sur les trois matchs d’octobre rendent l’ensemble peu lisible, mais lui donneront certainement l’occasion de revoir à tête reposée ce qui a marché et ce qui a coincé.
Dans le second cas, l’animation offensive de la deuxième mi-temps a été très insuffisante, comme contre le Portugal, et le bloc équipe a bien trop reculé, offrant de grands espaces aux Croates qui, heureusement, ont beaucoup pêché dans la finition. A tout le moins, ce match disputé dans une ambiance à la yougoslave à laquelle les joueurs n’étaient plus habitués depuis plus de sept mois a montré que l’équipe avait des ressources mentales à défaut d’une capacité à tuer le match sur son temps fort initial.
Quels sont les joueurs en vue ?
Si Hugo Lloris ne pouvait rien sur le but de Vlasic, qui a profité d’une défense passive, il a sauvé les Bleus à la 30e sur un tir de près de Pasalic, et a parfaitement capté les ballons qui retombaient dans la surface en fin de match.
Lucas Digne a marqué des points dans son duel de doublure avec Benjamin Mendy : son match a été très solide, et il est l’auteur d’une passe décisive pour Mbappé qui permet aux Bleus de remporter le match.
Adrien Rabiot a fait sans contestation son meilleur match en sélection, avec une première mi-temps impressionnante sur le côté gauche, même s’il a quelque peu cafouillé des dégagements sous pression. Il marque des points pour entrer dans la liste des 23 pour l’Euro, mais la concurrence sera rude, d’autant que le nombre de postes à pourvoir dans ce secteur de jeu est très restreint.
Steven Nzonzi a lui aussi joué calmement en première mi-temps, mais a souffert au plus fort de la domination croate, où il a beaucoup trop reculé en offrant des espaces aux milieux adverses.
Enfin, Clément Lenglet a fait quelques frayeurs aux spectateurs français en tentant des gestes techniques risqués près de sa surface, mais il ne les a pas manqués. Moins impressionnant toutefois que Kimpembe face au Portugal.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Très léger dans les contacts, Anthony Martial n’a pas fait de différences devant, une fois de plus, et sa relation avec Mbappé et Griezmann n’aura pas été convaincante.
S’il a ouvert le score d’une frappe autoritaire, Antoine Griezmann a progressivement disparu au fil du match, se signalant par quelques récupérations dans les pieds croates en fin de première mi-temps.
Même chose pour Kylian Mbappé qui sauve un match très médiocre par un but qui vaut de l’or. Le Parisien n’y est pas en ce moment, et il s’est compliqué la vie côté gauche de l’attaque en première mi-temps, perdant un grand nombre de ballons et ratant une occasion énorme de faire le break à la 14e, sur une bonne remise de Martial.
Enfin, Raphaël Varane est bien loin de son niveau de 2018, avec un placement flottant, un manque d’impact dans les duels et d’anticipation sur les tirs croates en deuxième mi-temps. Il lui reste du temps d’ici l’Euro pour remettre son jeu à l’endroit.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
L’amical contre la Finlande le 11 novembre ne servira à rien de plus que celui face à l’Ukraine, d’autant qu’il aura lieu trois jours avant la finale du groupe, à Lisbonne contre le Portugal. Le sélectionneur fera tourner son effectif et n’alignera sa meilleure équipe que lors du deuxième match. Ce sera donc l’occasion pour les remplaçants d’engranger du temps de jeu, comme l’ont fait Nzonzi, Tolisso, Rabiot, Digne, Mendy et Martial à Zagreb. Ce sera surtout le dernier match amical avant l’annonce de la liste de l’Euro, en mai prochain : le rassemblement de mars sera en effet consacré aux qualifications pour la Coupe du monde 2022. Autant dire que ceux qui ne seront pas là en novembre, sauf cas de blessure pour des cadres, pourront commencer à s’inquiéter.