Le résultat était-il prévisible ?
Même si les scores de la première journée étaient trompeurs tous les deux (un 1-0 pas cher payé pour les Bleus, un 0-3 sévère pour les Hongrois), on pouvait s’attendre à un match relativement abordable pour une équipe de France solide derrière, technique au milieu et imprévisible devant. Résultats, tout a tourné à l’envers au cours d’une première mi-temps comme les champions du monde doivent en vivre dans leurs pires cauchemars : des occasions où le ballon n’attrape jamais le cadre, des adversaires qui jouent dur et qui placent un contre assassin au pire moment, juste avant la pause. Nous reviennent alors les souvenirs du Pays-Bas-France en novembre 2018, avec un but de Goergino Wijnaldum à la 44e (et un deuxième de Depay sur pénalty à la 93e), ou du Turquie-France en juin 2019, où les locaux étaient rentrés au vestiaire avec deux buts d’avance (Ayhan et Under, 30e et 40e). Et plus le temps passe, plus on se dit que Budapest se trouve sûrement sur la route qui mène de Rotterdam à Konya… Jusqu’à l’égalisation d’Antoine Griezmann. Les Bleus étaient juste assez forts pour ne pas perdre, mais pas assez pour l’emporter.
L’équipe est-elle en progrès ?
D’évidence non. Alors qu’on sentait l’équipe de France monter en charge depuis les matchs de préparation, elle a calé dans les grandes largeurs à Budapest. Après, elle s’est mise en difficulté toute seule, en ne convertissant aucune de ses occasions de la première mi-temps et en se faisant cueillir en beauté sur une série d’erreurs défensives. C’est d’ailleurs le seul point commun avec le match de Munich : un manque criant de réalisme offensif qui peut passer une fois, mais pas deux. Sans doute, l’attaque est-elle plus technique et plus rapide avec Benzema plutôt que Giroud. Mais plus efficace ? Pour l’instant, on demande à voir.
Au moins les Bleus ont-ils su se rebeller pour éviter une défaite qui aurait fait tâche et surtout qui aurait entraîné un match très compliqué contre le Portugal mercredi. Une seule fois l’équipe de France s’est qualifiée en perdant le deuxième match du tournoi, et c’était en 1958 (Yougoslavie, 2-3). Mieux valait ne pas prendre le risque.
Quels sont les joueurs en vue ?
Devant, Kylian Mbappé a fait le job en première mi-temps, se créant plusieurs occasions nettes, mais malheureusement sur des ballons de la tête, qui n’est pas son point fort. Il offre une superbe balle de but à Benzema à la 30e, que l’avant-centre du Real vendange. Mais c’est encore lui qui sert en retrait Antoine Griezmann sur l’égalisation, même si ce n’est pas une passe décisive car le ballon est dévié par un défenseur hongrois.
Antoine Griezmann a été quasi invisible en première mi-temps malgré une belle passe pour Mbappé. Mais, une fois de plus c’est lui qui sauve la mise, prouvant qu’il est le joueur leader de l’équipe comme l’étaient auparavant Platini et Zidane.
Quels sont les joueurs en retrait ?
C’est le collectif qui a été défaillant à Budapest, plus que des individualités, même si Pavard et Varane ne sont pas clairs sur le but de Fiola, où Lloris manque de tranchant également. A la différence de Munich, le milieu a été en dessous de son niveau, clairement. Aussi bien Kanté, qui a essayé de se projeter sans être bien suivi, que Pogba, volontaire et accrocheur mais brouillon, et que Rabiot, en difficulté sur les contres hongrois.
La principale déception vient de Karim Benzema. L’avant-centre des Bleus a pourtant eu une énorme occasion sur le service de Mbappé, mais il a complètement manqué sa frappe qui aurait pu tout changer à la demi-heure de jeu. Pour le reste, il n’a pas pesé et semble en proie au doute. Pour l’instant, son apport n’est pas convaincant. Le sera-t-il contre le Portugal ?
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
Voilà les Bleus en configuration Mexique 1986 : une première victoire 1-0 (Canada) suivie d’un nul 1-1 (URSS). Sauf qu’à l’époque, le deuxième adversaire était autrement plus fort, et le niveau de l’équipe de France avait monté de deux ou trois crans entre les deux. La suite : une nette victoire lors du troisième match, 3-0 (contre la Hongrie, d’ailleurs), mais qui n’avait pas permis de faire tourner l’effectif. Et derrière, une deuxième place qui met les Bleus dans un tableau infernal bardé de champions du monde : Italie, Brésil, RFA. On ne sera pas de mauvais augure en rappelant qu’à chaque fois qu’elle a gagné une Coupe du monde ou un championnat d’Europe, la France a commencé son tournoi par deux victoires.
Avec quatre points, l’affaire est cependant plutôt bien engagée, et même une défaite face au Portugal pourrait permettre d’accrocher au moins la troisième place. Mais il va falloir se battre et s’appuyer sur les titulaires habituels, à une ou deux exceptions près. Comme en 2016 et en 2018, rien ne sera facile. On s’y attendait un peu.