[878] Espagne-France (1-2) : rira bien qui marquera le dernier

Publié le 11 octobre 2021 - Bruno Colombari

Ça devient une habitude : encore une fois, il a fallu attendre que les Bleus soient menés au score pour qu’ils se révoltent et emballent le match dans un final étourdissant. L’Espagne et sa possession de balle peuvent aller se rhabiller, la deuxième Ligue des Nations sera française.

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Le résultat était-il prévisible ?

Très convaincante à l’Euro (où elle ne s’est inclinée qu’aux tirs au but en quart de finale contre l’Italie) et brillante en demi-finale, l’Espagne faisait figure d’épouvantail avant d’affronter les Bleus. On se disait que si ces derniers faisaient la même entame que contre la Suisse ou la Belgique, l’affaire risquait d’être vite pliée. Mais s’ils haussaient leur niveau de jeu à la hauteur de la deuxième moitié de leur demi-finale turinoise, tous les espoirs étaient permis. En tout cas, l’écart entre les deux sélections semblait infime, ce qui laissait inaugurer un résultat très serré, voire un match nul allant aux tirs au but.

De fait, il a fallu plus d’une heure pour que le match bascule côté Espagnol, et ce juste après que Théo Hernandez ait fracassé un ballon sous la barre de Simon. Mais comme lors du match précédent, c’était le signe de l’emballement final : égalisation de Benzema deux minutes plus tard, deuxième but signé Mbappé à dix minutes de la fin et énorme pression espagnole sur un Lloris déchaîné. C’est donc un scénario digne de l’Euro 2000 (où les Bleus furent menés au score par le Portugal en demi et l’Italie en finale, pour l’emporter 2-1 à chaque fois) qui s’est joué en Italie lors de ce très beau carré final de Ligue des Nations.

L’équipe est-elle en progrès ?

En tout cas, elle sait toujours renverser un score. Contre l’Ukraine en mars, le Portugal et la Suisse en juin, la Bosnie et l’Ukraine en septembre, elle avait su arracher un match nul mais pas l’emporter. Face à la Belgique puis l’Espagne, elle a montré qu’elle pouvait retourner une situation compromise et aller jusqu’à la victoire, sans lâcher prise comme à Bucarest. Y parvenir face à des adversaires du calibre des Diables Rouges et de la Roja, c’est une sacrée performance, même s’il est très regrettable que l’équipe de France n’arrive toujours pas, ou si rarement, à ouvrir le score et à contrôler le déroulement de la partie.

On imagine le capital confiance accumulé dans des matchs pareils. Les Bleus savent qu’ils sont capables de tout, et qu’ils ont le mental pour renverser le cours des choses, ce qui n’était pas le cas à l’Euro. Et ce, même si des cadres leur font défaut, comme Varane ou Griezmann à Milan. Autrement dit, il y a de la marge, surtout quand on se souvient que Kanté n’était pas là.

Quels sont les joueurs en vue ?

L’avis sur Lloris est forcément mitigé. Le gardien des Bleus a sauvé le résultat final par plusieurs arrêts de grande classe au plus fort de la domination espagnole. Mais son jeu au pied défectueux, et désespérant à ce niveau, a rendu une bonne dizaine de ballons aux Espagnols au moment où il aurait été utile de les conserver. Au milieu, Aurélien Tchouaméni a fait une prestation XXL, pleine d’autorité, de puissance physique et d’intelligence de placement. Sur ce qu’il a montré à Milan, il n’est pas loin du tout d’un poste de titulaire, même lorsque Kanté sera à nouveau disponible.

Devant, Kylian Mbappé a été plutôt maladroit dans ses frappes souvent pas assez appuyées, mais il a le mérite d’avoir inscrit un but décisif, à la limite du hors-jeu, et où il mystifie Simon sur un passement de jambes. C’est aussi lui qui trouve Benzema pour le but de l’égalisation, et qui se crée une belle occasion dans la foulée, après que le ballon lui soit arrivé dans le dos.

Karim Benzema a commencé par manquer l’inmanquable sur une offrande de Pogba, mais son crochet pour éliminer Simon était mal dosé (6e). Puis il inscrit son 33e but d’une magnifique frappe enroulée dans la lucarne, après être monté en puissance tout au long de la deuxième période.

Théo Hernandez n’a pas tout bien fait, mais il place une frappe sous la barre qui rebondit devant la ligne juste avant le but espagnol, et il trouve Mbappé en profondeur pour le deuxième but français. Le Milanais, qui jouait à domicile, a marqué des points, surtout dans un système en 3-4-3.

Par sa combativité et sa grinta, Paul Pogba a semblé porter l’équipe de France quand elle flottait, et s’est battu avec acharnement devant sa défense pour dégager les ballons brûlants que les Espagnols ramenaient devant la surface dans les dernières minutes.

Quels sont les joueurs en retrait ?

On attendait tous Griezmann, évidemment, qui fêtait sa centième sélection. A vrai dire, on aurait trouvé élégant de la part de Didier Deschamps de lui confier le brassard de capitaine pour l’occasion, comme il l’avait fait pour Olivier Giroud en octobre 2020. Mais le Mâconnais est passé complètement à côté de sa finale, qu’il n’a d’ailleurs même pas terminée. A court de rythme et d’inspiration, il s’est contenté de quelques miettes et de nombreuses courses dans le vide au moment où les Espagnols confiscaient le ballon.

La prestation de Presnel Kimpembe, finalement préféré à Lucas Hernandez, est difficile à évaluer tant le Parisien a semblé sur courant alternatif. Le but espagnol signé Oyarzabal est consécutif à une défaillance défensive d’Upamecano, mais c’est bien lui qui couvre l’attaquant adverse, quelques minutes avant de se faire déposer littéralement par Pino sur le côté gauche.

Enfin, Benjamin Pavard aura été encore en difficulté côté droit dans un système qui ne lui convient visiblement pas. Sévèrement engueulé par Pogba qui lui reprochait de ne pas venir au soutien, il a été remplacé par Léo Dubois qui a fait une rentrée convaincante.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Face au Kazakhstan le 13 novembre, les Bleus nouvellement titrés reprendront le fil des qualifications de la Coupe du monde 2022. Avec une opportunité en or, celle de décrocher leur qualification directe pour le Qatar en cas de victoire. La Finlande et l’Ukraine ne peuvent plus obtenir 15 points, contrairement à la Bosnie qui y arrivera si elle remporte ses trois derniers matchs, mais comme la France a obtenu quatre points sur six contre elle (1-0, 1-1). Autrement dit, une victoire sur le Kazakhstan (qui compte actuellement trois nuls et trois défaites) assureraient aux Bleus la première place du groupe, quel que soit le résultat du tout dernier match à Helsinki le 16 novembre. Ce dernier pourrait donc servir à Deschamps à reposer ses cadres et à faire des essais en vue de la Coupe du monde.

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal