Bleu de presse #29

Publié le 21 avril 2021 - Bruno Colombari

La quasi totalité de la revue de presse est consacrée évidemment aux turbulences créées par l’annonce d’une Super Ligue européenne. Même si le projet semble mort-né, il pourrait coûter très cher aux sélections nationales.

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L’annonce, dimanche 18 avril, d’un projet de Superligue européenne fermée, a fait réagir la FFF et la LFP qui se sont fendues d’un communiqué commun (c’est rare) dans lequel les deux instances constatent :

« Les rêves hégémoniques d’une oligarchie auront pour conséquence la disparition d’un système européen qui a permis au football un développement sans précédent sur le continent européen. 
En rompant cet équilibre, le projet de Superligue mettra un terme à un système basé sur le mérite sportif et qui a su mettre en place des mécanismes de solidarité avec toutes les fédérations européennes. »

Communiqué FFF-LFP, sur le site de la FFF le 18 avril.


Et pour cause : les menaces brandies dans la foulée de cette annonce par l’UEFA : « Comme annoncé précédemment par la FIFA, les clubs concernés se verront interdire la participation dans toute compétition au niveau national, européen ou mondial, et leurs joueurs pourraient se voir refuser la possibilité de représenter leurs équipes nationales ».

Les frondeurs seront exclus, par Etienne Moatti dans L’Equipe du 19 avril.


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Dans le Parisien, Pierre Rondeau, économiste du sport, fait le constat suivant : « J’ai envie de croire que les clubs se tireraient une grosse balle dans le pied en tournant le dos à leur histoire et leur palmarès. Après, à la fin, ce qui fera la différence c’est l’intérêt sportif plus que la vision d’un ultralibéralisme. Regardez la prochaine Coupe du monde au Qatar : tout le monde a critiqué ce choix. Et tout le monde la regardera quand même. »

« Un immense coup de poker », propos recueillis par Christophe Bérard, dans Le Parisien du 19 avril.


Les journées de lundi et mardi ont vu déferler des réactions diverses et variées, dont on en retiendra deux, cueillies sur le site de L’Equipe : celle de Noël Le Graët : « Cela ne peut pas rester impuni » et celle de Zinédine Zidane (Real Madrid) : « J’ai mon avis mais je ne vais pas vous le donner »

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Pour avoir travaillé deux ans à l’UEFA, de 2016 à 2018, Nathalie Iannetta connaît bien Aleksander Ceferin, l’actuel président. Et elle est très colère, notamment contre Andrea Agnelli, le président de la Juve. Mais pour elle, c’est Gianni Infantino qui a les clés :
« Là, c’est la FIFA qui doit faire entendre sa voix. C’est drôle, mais Gianni Infantino, on ne l’entend pas, là. Il est où ? Il a pourtant participé à cette déstabilisation massive. Or, c’est bien la FIFA qui possède les clefs de la régulation. Si elle sort du bois et qu’elle dit fermement : « Vous ne pourrez plus participer à la Coupe du monde » , on est sûrs que les joueurs vont accepter sans broncher ? »

Nathalie Iannetta : « Nous, supporters, avons un pouvoir : celui de nous abonner, ou non » sur So Foot le 20 avril.


Depuis vingt ans qu’il documente sur les Cahiers du football les dérives ultralibérales qui dénaturent le sport roi, Jérôme Latta a acquis une sorte d’expertise dans ce domaine. Son appel sur Twitter a fini par être entendu :

Et c’est Mediapart qui lui a ouvert ses colonnes virtuelles, ce qui est plus raccord qu’un blog sur le site du Monde, on dira. Et il pose les bonnes questions : « comment une révolution aussi radicale a-t-elle pu s’accomplir sans aucune résistance – hormis celle, virulente mais marginale, des supporteurs « ultras » réfractaires au « foot-business » ? Comment expliquer que l’opposition unanime au projet de Super Ligue fasse suite а trois décennies d’apathie générale, sinon en pointant la passivité de toutes les parties ? » Avant de conclure avec justesse : « Toujours est-il que la démarche a provoqué un débat qui n’avait pas encore eu lieu, et dont tout le monde s’est emparé. Elle semble même avoir réveillé les pouvoirs publics. Miracle de la Super Ligue : la métamorphose oligarchique du football européen devient enfin un problème politique. »

Super Ligue de football : le hold-up tourne mal, par Jérôme Latta sur Mediapart


Sur Twitter, @Yoyo_Tal a essayé de voir ce que donnerait la dernière liste de Didier Deschamps, celle de mars, qui sera sûrement la même que celle de l’Euro, si les internationaux des 12 clubs frondeurs étaient privés de sélection nationale en juin prochain.

On termine avec un plus de légèreté, mais toujours une grande qualité de travail et de documentation de la part de Idriss qui continue sa série sur les maillots Nike des Bleus sur sa chaîne YouTube Amour du maillot. Le dernier en date est le blanc porté en 2012, bien plus sobre que la marinière 2011. On attend la suite avec impatience !


 

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal