C’est en 1961 qu’est lancée l’International football cup (IFC) qui préfigure la Coupe Intertoto. Il s’agit d’une nouvelle compétition européenne destinée aux clubs qui ne sont concernés ni par la Coupe d’Europe des clubs champions ni par la Coupe des villes de foire ni par la Coupe des coupes. Mais derrière l’initiative plutôt louable de faire profiter des clubs plus modestes à la joie des joutes européennes se cache surtout une volonté d’occuper la période estivale en ajoutant des matchs pour que les passionnés de football puissent continuer à jouer au « toto » (loto sportif) pendant l’été.
La Coupe des sans coupe
Ce n’est donc pas un hasard si l’on retrouve parmi les créateurs de cette « coupe des sans coupe » le suisse Ernst Thommsen. Déjà instigateur de la Coupe des villes de foire et futur vice-président de la FIFA, le Suisse est également le créateur du loto sportif suisse et a donc tout intérêt à faire fructifier son entreprise. Ce lien entre la compétition et l’argent est d’ailleurs ce qui pousse l’UEFA à ne pas s’y associer dans un premier temps.
Les premières éditions se composent donc d’une phase de poules ayant lieu entre mai et août puis d’une phase à élimination directe jouée entre septembre et mai quand les calendriers des clubs le permettent. Néanmoins, la faible dotation de la coupe, qui rembourse à peine les déplacements du vainqueur, a raison de l’IFC qui connait sa dernière finale au printemps 1967.
Des vainqueurs sans trophée
A l’été 1967 est officiellement lancée la Coupe Intertoto (littéralement « entre lotos sportifs ») qui reprend les mêmes bases mais laisse de côté la phase à élimination directe. Cette nouvelle compétition met donc aux prises des équipes, entre une vingtaine et une cinquantaine selon les éditions, réparties en poules de quatre avec matchs aller et retour. Les vainqueurs de ces poules obtiennent une rétribution financière mais il n’y a pas de vainqueur officiel puisque la compétition s’arrête à ce stade. Le champion officieux est le club qui a effectué le meilleur parcours sur l’ensemble des poules mais aucun trophée ne vient saluer cette « performance ».
En 1995 la compétition est finalement récupérée par l’UEFA qui en fait sa quatrième coupe d’Europe et décide d’octroyer aux vainqueurs une place en C3. L’instance européenne assume même désormais l’origine de la compétition puisque le logo de l’épreuve reprend les motifs des grilles de loto foot (1X2). La première année, deux équipes remportent la compétition puis, de 1996 à 2005, ce sont trois équipes qui inscrivent chaque année leur nom au palmarès de la C4. De 1995 à 2002, les équipes victorieuses reçoivent une coupe qui s’inspire du logo de l’épreuve. A partir de 2003, elles ne reçoivent plus qu’une plaque.
Un record pour Marc Keller
A partir de 2006, le format du tournoi est modifié. Ce sont désormais onze équipes qui accèdent à la Coupe de l’UEFA. Cependant, il n’y a plus qu’un seul vainqueur officiel, à savoir l’équipe qui, parmi les onze, réalise le plus beau parcours en C3. En 2007, l’UEFA décide de réformer la Coupe UEFA qui va devenir la Ligue Europa en 2009. La Coupe Intertoto fait les frais de cette refonte et disparait après l’édition 2008 remportée par le SC Braga.
Durant la période reconnue par l’UEFA, les Français vont particulièrement s’illustrer et ce dès la première édition avec les victoires de Strasbourg et surtout de Bordeaux. L’Intertoto sera en effet pour les Girondins le début d’une épopée qui les conduira jusqu’en finale de la Coupe UEFA face au Bayern Munich. Au total, ce sont douze équipes hexagonales différentes qui vont soulever le trophée. Et en ce qui concerne les Bleus, ils sont 48 à avoir accroché la moins prestigieuse des coupes d’Europe à leur palmarès.
Le recordman français de victoires est Marc Keller qui l’a remportée à trois reprises avec trois clubs différents (Strasbourg 1995, Karlsruhe 1996 et West Ham en 1999). Le natif de Colmar échoue à une longueur du gardien allemand Frank Rost, seul quadruple vainqueur du tournoi.
Six autres Bleus ont gagné l’Intertoto à deux reprises, et pas des moindres puisqu’on y retrouve notamment Zinedine Zidane (Bordeaux 1995, Juventus1999) qui prend d’ailleurs un carton rouge lors du dernier match des Girondins face à Karlsruhe. Franck Silvestre (Auxerre 1997, Montpellier 1999), Steve Marlet (Auxerre 1997, Fulham 2002), Alain Goma (Auxerre 1997, Fulham 2002), Sabri Lamouchi (Auxerre 1997, Marseille 2005) et Frédéric Déhu (Paris 2001, Marseille 2005) complètent la liste.
Côté buteurs, Franck Sauzée (Strasbourg 1995), Stéphane Guivarc’h (Auxerre 1997) et Louis Saha (Metz 1999) ont tous les trois fini meilleurs buteurs de la compétition. Guivarc’h est même le recordman absolu de l’histoire de la C4 avec 17 bus inscrits en 18 matchs. Le champion du monde est aussi le seul joueur à avoir inscrit un quintuplé dans l’épreuve. C’était avec Auxerre en 1997 sur le terrain des Chypriotes du Néa Salamis Famagouste.
Pour finir, trois anciens Bleus ont remporté la C4 en tant qu’entraineurs. Il s’agit de trois champions d’Europe 1984 : Bernard Lacombe avec Lyon en 1997, Luis Fernandez avec le PSG en 2001 et Jean Tigana avec Fulham en 2002
La liste des 48 vainqueurs
1995 Bordeaux : Prunier, Dogon, Lizarazu, Fournier*, Zidane, Dugarry
1995 Strasbourg : Leboeuf, Garde, Djétou, Dacourt, Sauzée, Keller
1996 Guingamp : Candela, Moreira
1996 Karlsruhe : Keller (2)
1997 Lyon : Coupet, Giuly, Cocard
1997 Auxerre : Charbonnier, F.Silvestre, Goma, Lamouchi, Diomède, Marlet, Guivarc’h
1997 Bastia : Jurietti
1998 Valence : Angloma, Roche
1999 Juventus : Zidane (2), Henry*
1999 West Ham : Keller (3)
1999 Montpellier** : Baills, F.Silvestre (2), Loko, Ouédec
2001 Aston Villa : Ginola
2001 Troyes** : Rothen
2001 PSG : Létizi, Déhu, B.Mendy, Anelka, L.Robert*
2002 Fulham : Goma (2), Marlet (2), Saha
2004 Lille : Debuchy
2005 Lens : Gillet, A.Diarra, Carrière
2005 Marseille** : Carrasso, Déhu (2), Lamouchi (2), Ribéry, Nasri, Luyindula*
2006 Newcastle : Nzogbia
*Laurent Fournier (Bordeaux 1995), Thierry Henry (Juventus 1999) Laurent Robert (PSG 2001) et Peguy Luyindula (Marseille 2005) ont tous pris part à au moins un match de la campagne victorieuse de leur club mais ont été transférés pendant l’été avant la fin de la compétition.
**Bien que présents respectivement dans l’effectif de Montpellier en 1999 et de Marseille en 2005, Reynald Pedros et Fabien Barthez ne prennent part à aucun match du parcours de leur club, c’est pourquoi nous ne les incluons pas au palmarès.
Quant à Patrice Loko, s’il joue bien à Troyes en 2001-02, il arrive après la campagne victorieuse du club de l’Aube.