Le résultat était-il prévisible ?
En grande difficulté pour leur match d’ouverture entre 2002 et 2012 (quatre nuls, une victoire pendant les arrêts de jeu et une défaite), les Bleus avaient fait la différence au Brésil contre le Honduras. On s’attendait à minima à une courte victoire contre des Roumains pas spécialement inquiétants. Et pendant longtemps, elle semblait inaccessible, tant l’équipe de France manquait de sérénité et de détermination face à des adversaires bien organisés et tout disposés à jouer les trouble-fête. Ecrasés par l’enjeu, asphyxiés par le pressing roumain, les Bleus ne s’en sont sortis que par un exploit individuel de Payet au bout du bout de la partie. On sort de là complètement essorés, mais on n’oublie pas que c’est parfois après des matches de ce genre qu’une équipe va au bout.
L’équipe est-elle en progrès ?
C’est difficile à dire, car il faut se rappeler que les Français viennent de disputer vingt matches amicaux en deux ans, des matches joués avec des niveaux de motivation et d’adversité très fluctuants. L’entrée en compétition a été compliquée, comme les précédentes fois où les Bleus ont entamé un tournoi final sans être passés par les qualifications : en 1984, le match contre le Danemark avait été extrêmement serré, et en 1998 la première mi-temps face à l’Afrique du Sud n’avait basculé que sur une tête de Christophe Dugarry. En 2002, l’échec avait été consommé contre le Sénégal. 2016 n’échappe pas à la règle. Dans le jeu et dans l’impact physique, il y a de quoi s’inquiéter. Dans la capacité de réaction et la diversité des solutions offensives, on se dit qu’il y a de la marge.
Quels sont les joueurs en vue ?
Il n’a pas tout réussi (notamment les coups de pied arrêtés), mais il a été décisif sur l’ouverture du score de Giroud et bien entendu sur une frappe fulgurante du gauche qui restera dans les mémoires. Dimitri Payet est donc logiquement l’homme du match, d’autant plus qu’on aurait du mal à trouver ne serait-ce qu’un seul autre joueur ayant évolué à son réel niveau contre les Roumains. N’Golo Kanté aura surnagé au milieu et Olivier Giroud se sera partagé les meilleures occasions avec Antoine Griezmann, mais leur rendement d’ensemble aura été insuffisant. Kingsley Coman et Anthony Martial sont entrés en jeu trop tard pour avoir vraiment pesé sur la défense adverse, mais on les reverra avec intérêt. Enfin, mention à Hugo Lloris qui n’aura pas eu grand chose à faire, mais sa parade réflexe à la sixième minute a certainement évité aux Bleus de boire la tasse au pire moment du match.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Généralement, quand une équipe déçoit, il faut se tourner vers ses cadres. Paul Pogba a manqué son entrée dans l’Euro dans les grandes largeurs, comme il l’avait fait face au Honduras il y a deux ans. Maladroit dans ses transmissions, inefficace dans ses relais, dominé dans l’impact, il a traversé ce match comme l’ombre du grand joueur qu’il tarde à devenir. On pourrait en dire autant d’Antoine Griezmann qui ne semble toujours pas remis de son échec à Milan contre le Real, et dont la place de titulaire va finir par être de plus en plus menacée. Blaise Matuidi a aussi connu un gros coup de mou au milieu qui n’est pas pour rien dans l’impuissance des Bleus pendant presque tout le match. Adil Rami a commencé plutôt mal mais s’est bien repris en deuxième période, alors que Patrice Evra est retombé dans ses travers en sélection. Le pénalty est pour lui.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
On l’a déjà dit et on le répète, en phase de poule le deuxième match est le plus important des trois. Il peut déjà être décisif dans les deux sens : ouvrir les portes des huitièmes ou accélérer le départ vers les grandes vacances. Comme les Bleus ont gagné d’entrée, c’est le premier objectif qui sera visé à Marseille contre des Albanais dont on se souvient à quels point ils avaient été difficiles à jouer en 2014 à Rennes (1-1) et en l’an dernier à Elbasan (0-1). Mais avec trois points en poche et dans une compétition à 24 qui n’éliminera que huit équipes au premier tour, on peut considérer que le plus dur est fait. Reste maintenant à assurer d’abord la qualification, puis la première place.