Faro : « Les sélectionneurs sont comme les pions qu’on avait au collège »

Publié le 28 septembre 2020 - Richard Coudrais

Le dessinateur de presse Faro a réalisé de nombreuses bandes dessinées dont trois qui ont pour héros les sélectionneurs de l’équipe de France. Après Domenech, Deschamps et Jacquet, y en aura-t-il un prochain ?

3 minutes de lecture

Les aficionados de l’émission « L’Équipe d’Estelle » sur La Chaine L’Équipe n’échappent pas à ses caricatures souvent caustiques. Les lecteurs de L’Équipe et de France-Football reconnaissent son trait entre mille. Christophe Faraud, alias Faro, est un dessinateur de presse qui travaille pour de nombreux titres, tant dans la presse sportive que généraliste ou économique.

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On lui doit également de nombreux albums de bande dessinée, dont certains consacrées au football. En 2008 paraît « Domenech, en bleu... et contre tous » chez Carabas. Huit ans plus tard sort « Deschamps 1er - Roi des Bleus » (Jungle / France Football) qui bénéficiera d’une version améliorée fin 2018. Entre temps, la même maison d’édition avait lancé « Bleus 98 : de l’Enfer au Paradis » qui raconte le parcours d’Aimé Jacquet, sur un scénario de Gérard Ejnès.

Vous avez transformé Raymond Domenech, Didier Deschamps et Aimé Jacquet en héros de bande dessinée. Le métier de sélectionneur est-il prédisposé à la BD ?

Pas forcément. Je n’ai pas vérifié mais je dois être un précurseur non ? En tout cas, pour moi qui évolue dans ce milieu depuis des années, ce sont des personnages qui m’ont toujours donné envie d’en savoir plus sur eux, puis de les mettre en scène. Ils sont en quelque sorte comme les pions qu’on avait au collège : ils gèrent des gamins, quoi.

« Domenech, c’était son côté perpétuellement dépassé par la situation »

Qu’est-ce qui vous a particulièrement amusé chez chacun des personnages ?

Chaque cas est différent. Domenech, c’était son côté perpétuellement dépassé par la situation tout en gardant la maîtrise face aux médias. En gros : « Je ne maîtrise plus rien mais je vais vous faire croire que c’est exprès, je vous donne l’impression d’être à côté, mais en vrai, je gère ». Deschamps lui, c’est au contraire le gars qui assure en toute circonstance et ce n’est pas feint, et puis surtout, il gagne toujours à la fin. Pour Jacquet, que je connaissais moins, j’ai travaillé avec son ennemi intime (Gérard Ejnès, rédacteur en chef de L’Équipe époque 98) qui m’a fait découvrir un personnage attachant, les deux pieds bien ancrés au sol. Comme dessinateur de presse, j’ai aussi bossé au quotidien sur Laurent Blanc par exemple et son petit côté imposteur.

Pour Domenech, vous aviez inventé une histoire de complot. Pour Deschamps, vous avez repris les faits tels quels, sans ajouter d’éléments. La réalité serait-elle plus drôle que la fiction ?

Oui en effet. Après la BD sur Domenech, j’ai plus centré mon travail sur la réalité, je me suis rendu compte qu’elle se suffisait largement à elle même. Même si mon boulot consiste à pointer du doigt les faiblesses et les accentuer, il y a toujours matière à raconter une histoire à partir de faits réels. Et on peut être drôle et caustique même quand on gagne, c’est fou non ?

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« Michel Hidalgo, ce serait un beau projet, mais plus dans un style roman graphique »

Après Domenech, Deschamps, Jacquet, il y a d’autres sélectionneurs que vous aimeriez croquer ?

Michel Hidalgo a bercé mon enfance et mon éveil au football. Un de mes plus anciens souvenirs c’est lui, portant un short improbable en train de palabrer avec le cheikh du Koweit lors de la Coupe du monde 1982. Ce serait un beau projet mais peut-être plus dans un style roman graphique. En revanche, malgré le cataclysme de 1993, je ne suis pas trop inspiré par Gérard Houllier par exemple, mais c’est subjectif. Peut-être qu’en me plongeant dans son histoire, j’y trouverais de la matière. N’oublions pas qu’on avait Papin, Cantona, Ginola à l’époque, de très beaux personnages de BD.

Vous n’êtes pas toujours tendre avec vos personnages. Savez-vous si les intéressés lisent vos BD ? Avec quels retours ?

Je me trouve plutôt soft pourtant. J’ai, bien sûr des retours des principaux intéressés. Avant de le connaître un peu mieux aujourd’hui (nous travaillons maintenant tous les deux sur la Chaîne L’Équipe), j’avais rencontré Raymond Domenech pour la BD et il avait été assez ouvert, extrêmement sympathique. Concernant Deschamps, il m’a envoyé un très gentil SMS à la sortie de l’album. Il n’y a qu’Aimé Jacquet dont je n’ai pas de nouvelles, c’est sans doute à cause de Gérard Ejnès (rires).

Vous avez publié de nombreux autres albums de BD liés au foot. Selon vous, foot et BD font-ils bon ménage ?

Je vais vous surprendre mais je ne connais pas bien ce qui se fait en la matière. J’aime bien la série Lucas par exemple, mais c’est très éloigné de ce que je fais. Sinon quand j’ai le temps de lire, je lis plutôt des livres sur l’histoire de France, ça me passionne.

Vos projets ?

Je travaille sur une BD en ce moment, c’est très prenant, vous devriez en entendre parler... mais pas tout de suite, il reste encore pas mal de boulot.

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pour finir...

Pour en savoir plus sur les BD de Faro, rendez-vous sur le site du Footichiste et les chroniques sur « Domenech en bleu et contre tous » et « Deschamps 1er roi des Bleus ».

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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