[913] France-Belgique (1-0) : l’art du minimalisme

Publié le 1er juillet 2024 - Bruno Colombari

Au terme d’un nouveau festival de tirs hors cadre (18 sur 20), des Bleus toujours aussi peu inspirés devant sont venus à bout de la Belgique pour la sixième fois en phase finale.

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Le résultat est-il prévisible ?

Battre la Belgique en Coupe du monde ou à l’Euro est devenu banal, même si à chaque fois on se dit que ça va être de plus en difficile. Et de fait, les deux précédents, en 2018 à Saint-Petersbourg et en 2021 à Turin, avaient été particulièrement délicats à gérer, dans des registres très différents. Mais les deux fois il y avait eu du jeu.

Compte tenu du jeu très peu spectaculaire développé par les deux sélections à l’Euro depuis deux semaines, il ne fallait pas s’attendre à un feu d’artifice offensif, mais plutôt ce genre de match verrouillé où le premier qui marque a gagné. C’est ce qui s’est passé, au terme d’une rencontre particulièrement soporifique avec un jeu presque toujours arrêté, aucun geste technique remarquable et des ballons impossibles à négocier devant. Et, comme souvent avec les Bleus, la délivrance est venue d’un but adverse contre son camp.

L’équipe est-elle en progrès ?

Ces Bleus-là, à défaut de produire un jeu attrayant (il s’en faut de beaucoup), sont toujours aussi difficiles à bouger. La paire axiale, qui n’était pourtant pas attendue, est très solide, devant un gardien qui fait preuve d’autorité sur ses rares interventions. Le milieu en revanche a été décevant avec un jeu très lent et trop statique, et une prise de risques minimaliste, contre un adversaire pourtant pas impressionnant. Et l’attaque n’a pas fait de différences, alors qu’on pensait que le point faible de la Belgique était sa ligne défensive.

Quels sont les joueurs en vue ?

On ne prendra pas de risque en citant toute la défense, mais quand les joueurs les plus en évidence sont le gardien, le latéral droit et un des défenseurs centraux, ça en dit long sur l’orientation d’ensemble de l’équipe. Jules Koundé a montré qu’il ne savait pas que défendre : il a aussi beaucoup attaqué, plus que Théo Hernandez, et plutôt bien. Mike Maignan a été rassurant derrière, en s’interposant sur trois tirs belges qui auraient pu mettre les Bleus en grande difficulté. Enfin, William Saliba a été impressionnant dans l’axe, où Lukaku n’a quasiment pas existé.

Hormis ces quatre-là (plus éventuellement Dayot Upamecano), Aurélien Tchouaméni a fait le job au milieu, signe qu’il approche de son état de forme otpimal. Dommage que ses frappes ont été pour la plupart hors cadre.

Quels sont les joueurs en retrait ?

N’Golo Kanté marque le pas après un début de tournoi impressionnant. Au point de le sortir ? Probablement pas, puisque Adrien Rabiot, très décevant, sera suspendu. Mais c’est surtout les trois de devant qui ont déçu contre la Belgique. Antoine Griezmann a tout raté ce qu’il a entrepris, que ce soit le jeu court, où il excelle habituellement, que les coups de pied arrêtés, avec des corners qui n’arrivaient pas à destination, pas plus que les coups francs. Sans doute n’apprécie-t-il pas de ne pas être titulaire, mais le mérite-t-il en ce moment ? La question se pose.

L’état de forme de Kylian Mbappé, qui se dit gêné par son masque et son nez cassé, pèse très lourd sur son rendement. En manque flagrant de lucidité et de précision sur ses frappes, il n’a fait aucune différence dans le jeu et a été plusieurs fois, en première mi-temps, oublié côté gauche, payant le peu d’implication offensive de Théo Hernandez et la prestation bien terne de Rabiot.

Enfin, le positionnement de Marcus Thuram en pointe n’a pas apporté grand chose, l’Interiste ne touchant que très peu de ballons dans la surface et n’en faisant pas grand chose. Le chantier de l’attaque est toujours ouvert, après quatre matchs, ce qui est beaucoup.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

Face au Portugal vendredi, les Bleus s’attaqueront à l’un des favoris de la compétition, même si ses deux derniers matchs contre la Géorgie (0-2) et la Slovénie en huitième (0-0, 3-0 aux tirs au but) ont laissé une impression mitigée sans aucun but marqué, après deux bonnes prestations initiales. Et si l’on soupçonne Didier Deschamps de vouloir reproduire son 4-4-2 losange qui a obtenu la victoire contre la Belgique, il devra toutefois faire avec l’absence d’Adrien Rabiot, suspendu après deux avertissements. S’il reste dans ce système, la logique serait un changement poste pour poste avec Eduardo Camavinga ou, pourquoi pas, avec Théo Hernandez au milieu et Ferland Mendy arrière gauche.

Une autre option, que je trouve plus attractive, serait de revenir à un 4-3-3 avec Griezmann plus bas (comme en 2022) et trois attaquants devant, mais avec Bradley Barcola dont le sens du déséquilibre et l’audace ont cruellement fait défaut lundi soir. Kingsley Coman apporterait aussi sa vitesse et sa qualité de centre, mais Mbappé n’a pas la présence d’un Giroud dans la surface à la réception des centres, encore moins avec ce masque qui le gêne.

Au-delà de ces considérations tactiques, l’attente principale porte sur le plaisir du jeu, celui pris par les joueurs et celui donné aux supporters pour lesquels on a une pensée fraternelle, tant ils donnent beaucoup et reçoivent si peu.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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