[848] France-Bolivie (2-0) : comme une odeur de vacances

Publié le 3 juin 2019 - Bruno Colombari

Les Bleus se sont imposés sans problème, et sans ampleur, face à une Bolivie en mode camouflage et sauvée par son gardien dans une Beaujoire qui a rendu hommage à Emiliano Sala et ovationné Léo Dubois pour ses débuts en sélection.

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Le résultat était-il prévisible ?

Si une victoire française ne faisait guère de doute contre des Boliviens annoncés comme très limités (et c’était le cas), on pouvait tabler sur un score plus large, dans la continuité de ceux de mars (4-1, 4-0). L’entame parfaite avec un but de Thomas Lemar dès la cinquième minute et une moitié de première mi-temps remplie d’occasions franches pouvait accréditer l’idée d’un festival, mais le syndrome des matchs amicaux a repris le dessus. D’ailleurs, on peut parier que dans dix ans, deviner contre qui les Bleus ont joué en amical la saison qui a suivi leur deuxième titre mondial ne sera pas facile, tant les matchs contre l’Islande en octobre, l’Uruguay en novembre et la Bolivie en juin ne laisseront que bien peu de souvenirs.

A la rigueur, on pourra se rappeler que Kylian Mbappé n’en aura pas joué un seul en entier : entré à l’heure de jeu contre l’Islande, sorti à la 36e sur blessure face à l’Uruguay et à la mi-temps contre la Bolivie après un coup à la cheville. Mais s’il joue et marque lors des deux prochains déplacements, ces péripéties seront vite oubliées.

L’équipe est-elle en progrès ?

Privé de cinq des finalistes de Moscou (Lloris, Hernandez, Kanté, Matuidi et Giroud), Didier Deschamps a bâti une équipe hybride avec les remplaçants. S’ils n’ont pas démérité, l’écart avec les titulaires reste conséquent, ce qui valide par défaut les choix du sélectionneur et sa préférence pour son équipe-type, qu’il n’a d’ailleurs jamais pu aligner depuis (forfaits de Lloris en septembre, Umtiti en octobre, Pogba en novembre, Hernandez depuis novembre).

On a surtout vu par défaut l’importance de Kanté au milieu ou de Giroud en pointe : si on s’est beaucoup focalisé sur l’efficacité de l’attaquant de Chelsea (qui a tout de même marqué trois buts lors de ses trois dernières sélections), son rôle de pivot, son jeu de tête et son sens du collectif ont beaucoup manqué à Nantes. La solution Mbappé n’a pas été plus convaincante qu’il y a un an face à l’Australie.

Au-delà, le collectif a joué par intermittence, avec de belles phases par moments mais un manque de vitesse dans les remontées de balle et d’efficacité dans les vingt derniers mètres, face à une défense qui n’aura valu que par la prestation du gardien Carlos Lampe, auteur de parades décisives face à Griezmann (39e), Ben Yedder (51e), Lemar (52e), Thauvin (65e) ou Coman (71e).

Quels sont les joueurs en vue ?

Antoine Griezmann, auteur de son 29e but en sélection et d’une 14e passe décisive, a été de loin le meilleur Bleu à la Beaujoire. Très bon techniquement, jouant bien dans les petits espaces avec Lemar surtout (moins avec Mbappé et Thauvin), il a surtout montré un état d’esprit irréprochable, se battant sur tous les ballons comme pour une finale de Coupe du monde.

Thomas Lemar, transparent en Russie et auteur d’une saison terne à l’Atlético, a saisi sa chance et réalisé un bon match sur le côté gauche, inscrivant son quatrième but en sélection et passant tout près du cinquième sur une tête consécutive à un centre de Thauvin.

Kingsley Coman, qui l’a remplacé, a montré en 25 minutes qu’il aurait mérité d’être titulaire. Très vif, il a percuté le flanc droit de la défense bolivienne, manquant un peu de lucidité ou de justesse au moment de conclure. Mais il a montré que Deschamps avait plusieurs solutions à gauche, ce qui est une excellente nouvelle.

Paul Pogba a joué un peu par intermittence, mais il a montré de belles choses, notamment dans le jeu long avec une superbe passe en profondeur mal négociée par Thauvin (15e). Enfin, Samuel Umtiti a passé une soirée très tranquille derrière, et il aurait pu marquer son cinquième but en sélection sur une tête sauvée sur la ligne (13e) ou sur l’occasion qui a amené le but de Griezmann (43e).

Quels sont les joueurs en retrait ?

Florian Thauvin, titulaire comme en octobre face à l’Islande, s’est beaucoup dépensé, a touché de nombreux ballons et a connu un déchet trop important à ce niveau. C’était pourtant l’occasion de briller face à une défense très faible et dans un contexte sans pression, mais le Marseillais s’est emmêlé les pinceaux en essayant de bien faire, même si sa deuxième mi-temps a été meilleure. A sa décharge, ni Mbappé ni Ben Yedder n’ont été fulgurants en pointe.

Le meilleur buteur du championnat devra montrer autre chose s’il revendique le poste de numéro 9. Il est sorti par précaution à la mi-temps, mais il s’était si peu mis en évidence jusque là qu’il n’est pas certain qu’on l’aurait vu au retour des vestiaires même sans son coup à la cheville. Isolé au milieu de la défense bolivienne, il n’a jamais trouvé d’espace ni fait de différence. La seule fois où il aurait pu être lancé, la passe de Ndombele n’était pas assez précise (11e).

Wissam Ben Yedder avait lui l’occasion de montrer au sélectionneur qu’il aurait pu aller en Russie l’an dernier. Mais sa deuxième mi-temps n’est pas franchement convaincante, et il perd un face à face qui semblait facile contre Lampe (52e), alors que ses deux frappes ont été déviées par des défenseurs.

Quelles sont les attentes pour le prochain match ?

On retrouvera avec plaisir la compétition samedi à Konya contre la Turquie, dans ce qui devrait être le déplacement le plus délicat de la phase qualificative. Si les Bleus le négocient bien (avec une victoire, ou éventuellement un nul), la voie sera dégagée vers l’Euro 2020. Sur ce qu’ils ont montré à Nantes, et avec le retour des titulaires habituels, il ne devrait pas y avoir de gros problèmes. Attention toutefois au syndrome du mois de juin : on se souvient qu’en 2017, le très plaisant 5-0 en amical contre le Paraguay avait été suivi par une défaite à Solna contre la Suède (1-2). On peut faire confiance au sélectionneur : il ne manquera certainement pas de rappeler à ses joueurs que la saison n’est pas finie.

Mots-clés

Entre 1904 et 1919, 128 internationaux ont porté au moins une fois le maillot de l’équipe de France. Si leur carrière internationale est la plupart du temps anecdotique, leur vie est souvent romanesque.

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Hommage à Pierre Cazal