Le résultat était-il prévisible ?
Depuis le 1-5 inaugural en 1924, les France-Uruguay ne sont pas vraiment des feux d’artifice offensifs. Sur les neuf heures de jeu depuis 2002, les Bleus ont marqué deux fois, les sud-américains une, et il y a eu quatre 0-0.
Autant dire que dans la démobilisation générale propre à la période et dans le cadre d’un match amical qui ne prépare rien, le plus probable était de faire perdurer la tradition. Il s’en est fallu de peu : sans un pénalty que l’on qualifiera de généreux sifflé par M. Skomina à la 52e, l’année se serait achevée par un nouveau 0-0.
Mais ce n’était pas la faute des Bleus, qui, s’ils n’ont cadré que très peu de tirs, ont au moins essayé de jouer, contrairement à des Uruguayens qui semblaient réfléchir à leurs courses de Noël tellement ils étaient peu concernés par ce qui se passait.
L’équipe est-elle en progrès ?
Après cinq matchs sans maîtrise depuis septembre, il était temps que les Bleus se souviennent de la manière de diriger un match. Ils l’ont fait et plutôt bien fait contre l’Uruguay, mais le manque total d’intensité et de détermination d’un adversaire certes largement diminué (notamment en défense) y est sans doute pour beaucoup. On a pu voir la différence avec le jeu néerlandais vendredi à Rotterdam, ce qui a priori plaide pour la Ligue des Nations, on y reviendra dans un prochain article.
Quels sont les joueurs en vue ?
On attendait avec curiosité de voir de quoi était capable Ferland Mendy. Le latéral gauche lyonnais a réussi ses débuts, avec du culot, de l’autorité et aussi une belle technique, même si sa roulette zidanesque en fin de match et dans une zone de jeu à risques aurait pu coûter cher. Il se pose comme un sérieux concurrent à Lucas Hernandez en tout cas, et il est certain qu’on le reverra en 2019.
Beaucoup se demandaient à juste titre ce qu’Adil Rami faisait là, quatre mois après avoir annoncé sa retraite internationale à Moscou. Le Marseillais a répondu sur le terrain en gagnant presque tous ses duels, en dominant Cavani dans le jeu de tête et en jaillissant plusieurs fois loin de la défense. Les supporters de l’OM attendent sûrement qu’il en fasse de même en club.
Après une prestation inquiétante à Rotterdam, le milieu français a nettement dominé son homologue uruguayen. La prestation de Tanguy Ndombele, dont c’était la première titularisation, a été très correcte, et Blaise Matuidi a montré des choses intéressantes dans un rôle plus offensif que d’habitude.
Devant, Kylian Mbappé a vendangé une occasion facile pour lui avant de sortir sur blessure, alors qu’il avait bien débuté son match, cherchant à combiner avec Benjamin Pavard côté droit.
On saluera enfin l’altruisme rafraîchissant d’Antoine Griezmann. Le Madrilène n’a pas fait le match de sa vie, mais il a laissé Olivier Giroud transformer le pénalty plutôt que d’en marquer un huitième lui-même et de rejoindre Karim Benzema au classement des buteurs. Un beau geste qui mérite d’être signalé.
Quels sont les joueurs en retrait ?
Mamadou Sakho n’a pas particulièrement brillé derrière pendant les 45 minutes qu’il a jouées, et Benjamin Pavard, qui avait bien débuté le match, a offert aux Uruguayens leur seule occasion franche en couvrant Rodriguez à la 84e. N’Golo Kanté a été meilleur qu’à Rotterdam mais sans retrouver son niveau de jeu de la Coupe du monde. L’année a été très longue pour lui, comme pour d’autres. Enfin, s’il a marqué son premier pénalty en sélection, Olivier Giroud n’a pas montré grand chose d’autre que sa combativité et sa présence dans le domaine aérien. En 2019, ça risque d’être insuffisant.
Quelles sont les attentes pour le prochain match ?
D’abord de savoir contre quel adversaire les Bleus le joueront, dans la deuxième quinzaine du mois de mars 2019. Pour ça, il faut patienter jusqu’au 2 décembre, date du tirage au sort de la phase qualificative pour l’Euro 2020.
Avec un groupe a priori facile et deux places qualificatives directes, Didier Deschamps aura une dizaine de matchs devant lui pour faire de l’équipe défensive et adepte du jeu de transition quelque chose de plus ambitieux, capable de s’appuyer sur la richesse de ses attaquants. On pourrait ainsi espérer que France 2020 s’inspire de France 2000 comme France 2018 l’a fait avec France 1998. Sur le papier, ça semble largement faisable. Rendez-vous fin mars.