Commençons tout d’abord par définir ce qu’on entend par modeste sélection européenne. Il s’agit de la sélection d’un pays de très petite taille (environ un département français) et n’ayant jamais participé à une phase finale internationale (hors JO). Même si le football n’obéit pas à des critères géographiques ou démographiques (sinon la Russie, le Canada, la Chine et l’Inde se partageraient les titres mondiaux), il n’en demeure pas moins qu’Andorre, les Féroé, Malte, le Luxembourg et à la rigueur Chypre sont de toutes petites nations de football, habituées à collectionner les raclées lors des phases qualificatives continentales.
Depuis 1904, l’équipe de France a joué 35 fois contre ces cinq-là, et globalement ça s’est toujours bien passé, ou presque. 33 victoires, 134 buts marqués contre 13 encaissés, pas grand chose de marquant à signaler. Pourtant, à y regarder de plus près, ces matches-là qui ressemblent le plus souvent à des 32e de finale de coupe de France, réservent parfois des surprises.
Les nombres entre crochets indiquent le classement mondial du pays en terme de démographie ou de superficie. En dessous, figurent les rangs FIFA et UEFA en février 2017.
Luxembourg : comment marquer quatre buts et perdre quand même
C’est l’adversaire le plus souvent rencontré parmi les cinq, avec 16 confrontations avant les deux de 2017. Et pour cause : c’est aussi, après Bruxelles, la capitale la plus proche de Paris (287 kilomètres). Si la quasi-totalité des confrontations se sont passées sans problème pour les Bleus, avec deux 8-0 (en 1913 et 1953) qui ont longtemps été des records, il y en a quand même une qui fait tache. Le 8 février 1914, l’équipe de France se rend au Grand Duché sans la plupart de ses joueurs habituels, 14 d’entre eux ayant déclaré forfait. C’est suite à cette défaite piteuse (4-5) que la présence en sélection d’un joueur convoqué a été rendue obligatoire sous peine de sanctions.
Andorre : et un, et deux... et puis c’est tout
Pendant les années 80, Andorre, qui n’était pas encore une sélection reconnue par la FIFA, a servi de sparring partner aux Bleus (en 1982 et 1984 à Font Romeu). Le premier match officiel, en octobre 1998, était sans doute le plus déséquilibré de l’histoire de l’équipe de France, puisqu’il opposait les Bleus tout nouveaux champions du monde à l’une des plus petites nations européennes, grande comme le Territoire de Belfort et d’une population équivalente à celle de Versailles. On s’attend à un carton en règle, mais à la mi-temps le score est toujours de 0-0. Les Bleus marqueront deux fois après la pause, le public du stade de France réclamera un troisième but qui ne viendra jamais. Ce soir-là, Andorre, battu 2-0, a donc fait mieux que le Brésil de Ronaldo. Huit mois plus tard à Barcelone, l’équipe de France se fera très peur en arrachant une minuscule victoire (1-0) grâce à un pénalty de Franck Lebœuf à quatre minutes de la fin.
Iles Féroé : atterrissage sur l’aile et dans le brouillard
Province autonome du Danemark, les Iles Féroé sont un archipel à mi-chemin entre la Norvège et l’Islande, autant dire au milieu de nulle part. Le 13 octobre 2007, les Bleus atterrissent en catastrophe sur l’aéroport de Torshavn quelques heures avant le match, l’avion penchant sur une aile en abordant la piste et se redressant au dernier moment. Le vent, le brouillard et la pluie givrante avaient déjà contraint l’avion de se dérouter sur la Norvège la veille. Cette grosse frayeur, et les onze heures de vol au total, vont donner des ailes aux Bleus qui l’emportent 6-0, avec deux buts d’Anelka et Henry dans les huit premières minutes.
Malte : comme les doigts des deux mains
C’est le Petit Poucet le plus furtif. L’équipe de France n’a rencontré Malte que deux fois, en 2002 et 2003, et il n’y a pas grand chose d’intéressant à raconter. Cette double confrontation a eu le mérite de faire tourner le compteur de buts de Thierry Henry (deux doublés), Sylvain Wiltord et Zinédine Zidane (deux buts chacun). Dix-zéro, circulez, il n’y a rien à voir.
Chypre : le show et l’effroi
C’est contre la sélection de la grande île méditerranéenne que les Bleus ont signé leur plus large succès à l’extérieur, en octobre 1980 (7-0, deux buts de Larios sur pénalty), sur le terrain de Limassol truffé d’arroseurs métalliques. C’est aussi là-bas que, huit ans plus tard, ils allaient réaliser une des plus faibles prestations de l’histoire contemporaine, en concédant un nul improbable (1-1) qui allait entraîner l’éviction du sélectionneur Henri Michel lors du putsch de la Toussaint.
Il en reste trois autres à croquer
En Europe, il reste trois Petits Poucets squattant les tréfonds du classement UEFA et que les Bleus n’ont toujours pas croisés : le Lichtenstein (160 km2, 37 000 habitants, 188e FIFA, 52e UEFA), Saint-Marin (61 km2, 33 000 habitants, 202e FIFA, 53e UEFA) et Gibraltar (6,5 km2, 30 000 habitants, 205e FIFA, 55e UEFA).